Un été portugais
Au nord-ouest du pays, les villes médiévales du Minho disposent d’un patrimoine d’exception : ce berceau du Portugal comble l’amateur de broderies et de céramiques avide d’authenticité.
» C’est une nouvelle construction et non pas une restauration « , déclare l’architecte Eduardo Souto de Moura à propos de son travail de réhabilitation de la Pousada Santa Maria do Bouro, un monastère cistercien du XIIe siècle à Amares. » Pendant sept ans, nous nous sommes acharnés à défendre un design et une architecture totalement de notre temps. Au lieu de consolider les ruines, nous leur avons associé des matériaux actuels qui correspondent à une nouvelle finalité du lieu « . Exemplaire, cette intégration apporte un début de réponse à méditer pour une région en plein essor. » Ici est né le Portugal « , est inscrit sur les remparts de Guimaraes. C’était il y a neuf siècles. Aujourd’hui, dopé par l’entrée dans l’Europe, Porto est un immense chantier d’où sortira une ville nouvelle en 2003. Une vague de fond s’étend à toutes les villes du nord, les acteurs de la vie publique et sociale ayant à résoudre la délicate équation de valoriser un patrimoine d’exception tout en l’intégrant à l’esthétique et aux modes de vie du XXIe siècle.
Mais les coeurs historiques des villes de Braga, Viana do Castelo, Ponte de Lima et Guimaraes ont été préservés. Leur charme se trouve, à présent, augmenté par le ravalement des façades qui a révélé des blasons, des ornements de fenêtres ou de toitures. A Guimaraes, l’utilisation du verre, la redéfinition des volumes intérieurs, l’ouverture de perspectives apportent aussi à certains édifices un éclairage plus compatible avec la vie moderne. Les vitrines épurées des boutiques de mode, comme celle du créateur Toni Miranda, ne déparent pas le décor du Moyen Age. Il est vrai que la tradition textile y est séculaire. Les ateliers de tisserands ont fait place à des usines qui se multiplient dans les faubourgs. On y fabrique, à la machine, le linge autrefois brodé à la main. Draps, nappes, serviettes de toilette… s’exportent dans le pays, mais surtout à l’étranger. Pour découvrir, sur place, le luxe de dormir dans des draps de lin fin, filé et tissé ici, il faut passer au moins une nuit dans les chambres d’hôte du Paço de Sao Cipriano. Le linge a été brodé par la maîtrese de maison. Quand il n’est pas plus ancien, puisque cette demeure du XVe siècle, qui accueillait les pèlerins sur la route de Saint-Jacques-de-Compostelle, appartient à la même famille depuis l’origine.
Dans la petite ville de Caldas das Taipas, le showroom de Cutipol est digne d’une métropole. Tout ce qui touche aux arts de la table y est représenté. Le plus intéressant, ce sont les couverts, dessinés par le fils de la maison, comme la ligne » Atlantique » sélectionnée par le plus grand restaurant de l’Exposition universelle de 1998, à Lisbonne.
A une trentaine de kilomètres au nord-ouest, Barcelos est sans conteste la capitale de la céramique et de la traditionnelle vaisselle en terre cuite rouge – car chargée d’ocre – et ornée de motifs piquetés de petits pois blancs. Pour qui veut trouver son bonheur, les ateliers sont à touche-touche au Lugar do Rio Lama, et plus loin à Areias de São Vicente. Car, ville de foire, Barcelos a de tout temps attiré les artisans. Le marché du jeudi est une institution. Objets de bois, vanneries, tapis, ustensiles en fer blanc… les commerçants se fournissent dans les villages alentours.
Ouverte sur l’océan, Viana do Castelo a déjà franchi le pas vers le futur. Nouvelles boutiques et aménagement urbain : il est parfois difficile de dénicher les bonnes adresses dans ces quartiers en transformation. C’est la rançon d’un monde qui bouge mais qui reste fidèle, profondément, à ses traditions.
Françoise Aveline Photos : Christian Sarramon
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