L’architecte anversois Nico Heysse aime jouer avec l’espace. C’est ainsi qu’il a métamorphosé le dernier niveau d’un ancien moulin en une habitation à la fois sophistiquée, calme et confortable. Pour se retrouver en harmonie avec soi-même et avec la nature.

Carnet d’adresses en page 107.

« J’habite au quatrième, à la campagne « . Voici une adresse qui ne manque certes pas d’originalité. Nous sommes en pleine campagne, aux confins du Brabant flamand. Les maisons se font de plus en plus rares, pour céder la place, finalement, aux prairies s’étalant à l’infini, ponctuées, çà et là, par des rangées d’arbres, ruisseaux et petites rivières. Nous voici devant un  » immeuble  » de quatre étages. On monte à pied, il n’y a pas d’ascenseur. Il s’agit, en réalité, d’un important moulin hors fonction, même si la turbine existe toujours. Réhabilité par un promoteur, il a été divisé, dans un premier temps, en quatre niveaux, accessibles par une cage d’escalier flambant neuve. Puis tous les appartements ont été revendus en état brut.  » Lorsqu’il a acquis le dernier étage, raconte Nico Heysse, le propriétaire m’a demandé d’y aménager un loft, un espace complètement ouvert, sans aucune porte, adapté à la vie d’un célibataire. En principe, c’est un travail pour un architecte d’intérieur, mais de plus en plus de personnes sollicitent les architectes pour le travail d’aménagement intérieur et de finitions. Cela dit, j’ai accepté le défi avec enthousiasme, car dans ce volume cubique, surmonté d’un volume pyramidal, je pressentais la possibilité d’exploiter l’espace d’une manière intéressante et originale.  »

Le résultat ne manque ni d’envergure, ni d’allure. Dès la porte d’entrée, la vision de cette boîte blanche, suspendue dans les airs, à la fois imposante et aérienne, produit un effet très impressionnant. La surface au sol n’est pas énorme : 9 mètres sur 9 mètres. La hauteur, au centre, est de 7 mètres, puis, suivant la pente du toit, elle diminue progressivement. La hauteur réelle est de 2 mètres 30, soulignée par deux poutres en acier, épaisses de 25 centimètres, qui traversent horizontalement toute la pièce. Les fenêtres sont peu nombreuses et relativement petites par rapport aux dimensions du volume, mais il n’était pas question d’y apporter une modification quelconque.

Pour commencer, l’architecte a fait nettoyer tous les murs en briques. L’un d’entre eux a toutefois été recouvert de Gyproc et peint en blanc pour apporter de la luminosité, rythmer l’espace et servir de toile de fond à des objets de décoration et à des peintures. Le toit, rénové, a été bien isolé, plafonné et peint en blanc, lui aussi. Pour le sol, le maître des lieux a choisi un plancher en sapin, huilé avec du pigment blanc. Le chauffage est classique, au gaz.

 » Personnellement, j’ai une préférence pour le chauffage dans le sol, note l’architecte. Ici, ce n’était pas possible, car il aurait fallu relever le sol de quelques centimètres. La hauteur n’étant que de 2 mètres 30, cette solution aurait cassé le volume et les proportions.  »

La chambre et la salle de bains, installées comme dans une nacelle, semblent flotter au centre de l’espace. Le jeu de pleins et de vides est d’un esthétisme aigu.  » Le propriétaire voulait tout fermer, pour avoir plus de surface au niveau supérieur, poursuit Nico Heysse. J’ai été obligé de réaliser une maquette pour lui prouver que mon idée comportait plus de légèreté et offrait de belles perspectives. De toute façon la fermeture complète n’aurait pas créé plus de place. Le toit est en forte pente et les possibilités de placer des meubles ou des objets contre les murs sont quasi nulles.  »

L’aménagement a été effectué en fonction des goûts et du style de vie du maître des lieux. Sur les deux niveaux, l’esthétique prime. Tous les rangements, la partie technique et la cuisine ont été regroupés et réunis sur un seul mur, à côté de la porte d’entrée. Même la garde-robe y a pris sa place ! L’architecte a créé une armoire ad hoc, large de 1 mètre. Elle voisine avec un placard où se trouvent les appareils et ustensiles de cuisine. Celle-ci, vraiment minimaliste, va à l’essentiel pour satisfaire les besoins d’un homme célibataire.

Pris en sandwich entre deux parois de verre, un escalier en tôle larmée conduit vers la chambre. Un grand lit et une télé design, l’ambiance est très zen.  » Le propriétaire ne voulait aucune séparation entre la chambre et la salle de bains, explique l’architecte. J’ai résisté, car il faut être réaliste. La salle de bains est donc isolée par une baie vitrée et une porte coulissante, également en verre transparent. J’ai choisi cette solution de transparence pour mettre en valeur les sanitaires de Philippe Starck, dont le maître des lieux est un grand admirateur. » Effectivement, toute la décoration est un hommage à la créativité du designer français. Pour le salon, le propriétaire a choisi la ligne Neoz, canapés et tables basses sur roulettes, qui permettent de modifier le décor en un clin d’£il. L’imposant lampadaire Archi Moon Soft s’inscrit admirablement dans ce vaste volume. Même la télé, modèle Oz, a été dessinée par Starck pour Telefunken ! Les deux tableaux, très colorés, sont signés, en revanche, d’Erro, un artiste islandais. De quoi nourrir l’esprit dans cette ambiance sophistiquée qui fait un pied de nez à tous les conformismes.

Barbara Witkowska

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