Barbara Witkowska Journaliste

Monica Bellucci, Jean Reno, Inès de la Fressange, Estelle et Arthur… sans oublier Weekend. Tous étaient au rendez-vous de Cartier qui fêtait glamoureusement, ce 13 décembre, la rénovation de sa boutique historique, au n°13, rue de la Paix, au cour de Paris. Entièrement restructuré, plus spacieux et superbement décoré, cet écrin géant révèle davantage encore l’âme et la mémoire de la prestigieuse maison joaillière.

Ce 13 décembre, toute la rue de la Paix, au c£ur de Paris, s’est mise sur son 31. Que de merveilles dans cette présentation, au n° 13, du vaisseau joaillier, somptueusement relifté. Les invités foulent sous la  » neige  » un interminable tapis rouge, dégustent un vin chaud, s’arrêtent, fascinés devant d’immenses écrins rouges siglés Cartier, transformés en scènes de théâtre. A l’intérieur, danseurs et danseuses évoluent gracieusement dans des décors d’autrefois : la Chine impériale, la Russie des tsars, l’Inde des maharadjahs… Histoire de rappeler les liens privilégiés qui unissent le joaillier avec ces contrées lointaines. Le spectacle est aussi… dans la rue où rarement autant de pierres célèbres ont été rassemblées. L’opulence se lit dans chaque regard. Les clientes les plus importantes, venues expressément d’Amérique et des pays asiatiques, rivalisent d’éclats. Cheveux, doigts, décolletés, accueillent les plus somptueuses pierres précieuses.

Dans les vitrines écrins on admire d’autres joyaux sensuels et prestigieux. Exposés tels des présents, période de fin d’année oblige, treize parures exclusives y ont pris place. Emblématiques car synonymes de la légende de Cartier, elles représentent les styles marquants du joaillier : guirlande, tutti frutti, Art déco, perles… Sans oublier le célèbre  » diamond of the South « , l’un des plus gros (261,24 carats) et des plus beaux au monde, monté en bracelet…

Stars, people et croqueuses de diams célèbres apparaissent à la soirée. Dans la foule glamoureuse, on reconnaît, entre autres, Monica Bellucci, Jean Reno, Inès de la Fressange, Estelle et Arthur… Une soirée fabuleuse qui est aussi le coup d’envoi pour un nouveau chapitre de l’histoire brillantissime de Cartier.

Un écrin somptueux

Dix-sept mois de travaux ! Au terme d’un chantier gigantesque, la sélecte maison réinvestit tout l’immeuble du n° 13 rue de la Paix. Tout a été cependant repensé pour épouser les exigences actuelles.  » Cette rénovation ne s’inscrit pas dans la vision confite du passé, insiste d’emblée Pierre Rainero, directeur Patrimoine-Stratégie de Cartier. D’où une implication totale dans la création contemporaine. L’histoire de Cartier est moderne.  » La façade d’origine, en marbre portor noir, a été soigneusement rafraîchie. Tous les volumes ont retrouvé leur structure originelle. Les architectes Sylvain et François Dubuisson ont créé un nouvel axe en profondeur, long de 25 mètres. En franchissant la porte d’entrée, le regard file très loin, flatté par une perspective magnifique. Le rez-de-chaussée et le premier étage, dédiés désormais à la vente, communiquent par un nouveau et spectaculaire escalier à double révolution. Rapatriés, les ateliers occupent les trois étages supérieurs et donnent sur l’atrium, les deux derniers niveaux abritant les archives. L’espace vente, grandiose, se déploie sous une impressionnante verrière.

Les architectes ont réalisé un véritable tour de force, en préservant une ambiance feutrée et intimiste qui procure un sentiment de bien-être. Des salons (tels le salon Edouard VII, le salon Saint-Pétersbourg, ou encore le salon des reines où l’on voit, notamment, une photo de la reine Elisabeth de Belgique avec son diadème), des alcôves, une enfilade de galeries et douze colonnes dans le hall d’entrée, rythment agréablement l’espace et procurent les indispensables moments de confidentialité. Les éléments initiaux, les lambris historiques ou le parquet Versailles, par exemple, présents à 70 %, se complètent judicieusement par des détails contemporains, magistralement mis en scène. Ce décor authentique et historique, conçu dans l’esprit  » dust of  » où l’on a l’impression qu’on vient à l’instant de retirer la poussière, cache ainsi une technologie digne du IIIe millénaire. Au premier étage, on retrouve trois salons dédiés à l’histoire, le salon des maharadjahs, le salon Jeanne Toussaint, la muse de Louis Cartier qui, à partir des années 1930 et jusqu’en 1960, a dirigé la joaillerie, en assurant durant cette même période les commandes les plus prestigieuses et, enfin, le salon des parfums,  » royaume  » de Mathilde Laurent, spécialement engagée pour créer des parfums sur mesure.

Un peu d’histoire

Louis-François, Alfred, puis Louis, Pierre et Jacques, les trois frères, et enfin Claude : le nom le plus prestigieux et le plus célèbre de la joaillerie, univers féminin par excellence, se conjugue au masculin pluriel. Louis-François Cartier, fonde la  » dynastie  » en 1847, lorsqu’il reprend l’atelier de son maître, le bijoutier Picard. La chance sourit à Louis-François Cartier. Dès 1856, la princesse Mathilde, nièce de Napoléon Ier et cousine de l’empereur Napoléon III, la femme la plus puissante de Paris choisit sa parure chez Cartier.

Dans le top ten des quartiers de luxe de l’époque, la rue de la Paix occupe incontestablement le sommet de la hiérarchie. Les joailliers, mais aussi les couturiers, dont le célèbre Worth, attirent les élégantes. Louis Cartier, petit-fils de Louis-François, dirige désormais la maison et décide, en 1899, de s’installer rue de la Paix. Il se surpasse pour que sa boutique devienne un  » place to be  » incontournable. On ne lésine pas sur les moyens. Boiseries sculptées en chêne naturel, non peint, de style Louis XVI au rez-de-chaussée, boiseries de style Louis XV au premier, lustres à pampilles et marbres rares, confèrent à l’endroit un cachet inouï.

L’installation des nouveaux lieux marque également un nouveau départ dans la philosophie de la maison. Louis Cartier lui imprime un style novateur et inédit. Féru de classicisme, Louis Cartier puise son inspiration dans le XVIIIe siècle et y redécouvre le platine.

Au cours des vingt années qui suivent, la maison se voit octroyer quinze brevets de cours différentes. Le succès devient planétaire. Louis Cartier signe d’autres inventions géniales. Ses premières réalisations horlogères rivalisent avec celles de Breguet. C’est encore lui qui ose les associations rubis-émeraudes, crée le système du clip et fait triompher le bracelet-montre. A l’aube du XXe siècle, la référence néo-classique ne le satisfait plus. Dès 1904, il introduit la géométrie et l’abstraction et annonce, avant tout le monde, les prémices de l’Art déco ! L’engouement pour ce style culmine dans les années 1928-1930 avec la période blanche et ses associations de platine, de cristal de roche et de diamants taille baguette, dont le dessin moderne et sobre est attribué à Louis Cartier dès 1912. Le début des années 1930 coïncide avec l’arrivée de Jeanne Toussaint dont s’est épris Louis. A la tête de la joaillerie, elle s’inspire de la flore et de la faune et instaure un style naturaliste qui fera le succès des années 1930-1950 et consacre la panthère, bijoux fétiche de Cartier. La maison intègre le groupe de luxe Richemont en 1993. A temps nouveaux, bijoux nouveaux. Ils ne cessent pourtant de perpétuer ce nom qui fait rêver sans lui faire perdre son aura. Cartier demeure, selon le mot d’Edouard VII,  » le roi des joailliers parce que joaillier des rois « .

Barbara Witkowska

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