A New York, Paris, Londres et Milan, les défilés ont tracé les contours d’une saison contrastée, où les styles se marient et s’opposent pour esquisser une femme à la personnalité multiple. La saison prochaine, serez-vous…

…seventies ou années 1950 ?

L’été sera flower power, et pas seulement dans les imprimés (lire en page 20). Matières fluides, robes longues à volants, imprimés batik ou tye and die, patchworks de motifs ultracolorés, sandales plates… les podiums ont souvent pris des allures de Woodstock, la boue en moins, la touche glam’ en plus. Ici, la mousseline transparente se fait précieuse, comme chez Stella McCartney, et les petites robes sont rebrodées de sequins, notamment chez Kenzo. Quant aux pantalons pattes d’ef, ils se déclinent en damas, brocart ou toile irisée chez Prada, Balmain ou Dolce & Gabbana. La seconde ligne des duettistes italiens les propose également en jeans, dans une collection qui va plus loin encore dans le revival seventies, dont tous les codes sont exploités avec efficacité.

A côté de ces formes qui prennent de l’ampleur pour se faire flottantes et confortables, on note aussi le grand retour de l’élégance d’après-guerre, façon Marlene Dietrich ou Grace Kelly. Jupes au genou, bibis et vestes de tailleur structurées chez Alexander McQueen, petits chemisiers à manches ballons sagement boutonnés chez Christian Dior : la silhouette se fait féminine et racée, rappelant ainsi que même la hippie chic a parfois envie de jouer les femmes fatales.

… sobre ou shocking ?

Rouge, vert, bleu, orange, parme, corail… la palette de l’été se veut très large, mais toujours acidulée et festive. Deux favoris parmi ces couleurs hypertoniques ? Le jaune or et le rose. Le premier est plébiscité par Sonia Rykiel, Jean-Charles de Castelbajac, Christian Lacroix, Lanvin et Kris Van Assche, qui en fait une des teintes phares de sa première collection pour la femme, inspirée par le Mexique de Frida Kahlo. Quant au rose, on le retrouve dans ses déclinaisons les plus shocking – le fuchsia, rescapé de l’hiver, trouve une belle place chez Marni, tandis que le bubble gum s’impose chez Gucci – ou les plus tendres : poudré, pétale, dragée ou même… saumoné, une nuance qu’on croyait définitivement disparue avec les années 1980.

Contre-pied de cette débauche de couleurs : le noir, le blanc et le beige, en version monochrome ou associés en duos sobres et chics, font une percée estivale remarquée. C’est le cas chez Givenchy, qui propose un vestiaire décliné uniquement dans ces trois couleurs ou chez Martin Margiela, dont la collection, plus emblématique encore, combine les bandes de tissus unis pour former des bustiers, des minishorts et des jupes, longues ou courtes.

… dandy ou lady ?

Ce sont sans doute les créateurs new-yorkais, Ralph Lauren, Calvin Klein et Tommy Hilfiger en tête, qui représentent le mieux la mouvance dandy qui traverse l’été 08. Tous réinterprètent les pièces essentielles d’un vestiaire masculin rétro, n’hésitant pas à forcer le trait pour un résultat… féminissime. Mais la tendance se décline aussi de ce côté-ci de l’Atlantique, lorsque John Galliano, pour Dior, ou Ann Demeulemeester semblent puiser leur inspiration dans les gravures de mode masculine des années 1930. Alors que le Britannique détourne le gilet à rayures tennis, dont il échancre le dos, la Belge propose des vestons déstructurés, des pantalons cigarette et des manches de chemise évoquant les manchettes de lustrine des greffiers d’antan.

A côté de ces silhouettes androgynes, le printemps renoue aussi avec les codes de la féminité pour proposer des ladies pleines de grâce. Douceur et sensualité ont envahi les catwalks milanais et parisiens, avec les créations fluides et aériennes de Missoni, Moschino, Lanvin, Celine, Elie Saab ou Loewe. Partout, les couleurs se font poudrées et les décolletés s’approfondissent. Les sous-vêtements, élevés au rang de pièces maîtresses de la garde-robe de l’été par Marc Jacobs, Alessandro Dell’Acqua ou Anna Sui, magnifient encore la femme.

… rock ou romantique ?

Pourtant plus habitués à hanter les dressings de l’hiver, le blouson noir – remarqué aussi dans sa déclinaison croco – et les boots se taillent une place au soleil et teintent de notes rock les pantalons cigarette de Gucci, les jupes en cuir de Karl Lagerfeld ou de Gareth Pugh et même, chez Luella, les fraîches mousselines parsemées de fleurettes, incontournables cette saison. Car l’imprimé fleuri, en total look, par touches impressionniste ou mixé avec d’autres motifs, comme chez Dries Van Noten – le Belge en a dessiné pas moins de quarante, sublimes -, est le must absolu de l’été 08. De New York à Milan en passant par Paris, on l’a vu sur tous les podiums, où le sage liberty a éclot à la même allure frénétique que les maximarguerites, pivoines ou anémones stylisées. La silhouette se fait alors presque toujours romantique, parfois ingénue lorsque Roberto Cavalli esquisse une fraîche Belle des Champs ou même futuriste quand Nicolas Ghesquière réinterprète les robes cocons de Cristobal Balanciaga pour en faire de petits bijoux taillés au laser dans le radzimir ou le gazard orné de motifs floraux.

… ethnique ou high-tech ?

Influences multiculturelles, altermondialistes ou écologiques, la mode de la prochaine saison répercute les grands débats de société comme autant d’ondes de choc. Ainsi, Giorgio Armani a intitulé sa collection Sud, un choix lexical qui traduit bien l’inspiration orientale qui l’a nourrie. Avec ses bermudas bouffants, ses saris portés sur d’élégants pantalons fluides et ses djellabas en batik, le créateur nous invite à explorer l’ ethnique. Un voyage auquel prennent également part les imprimés  » boubous  » de Diane von Furstenberg. Mais c’est surtout le sarouel ( lire en page 22), décliné également par Barbara Bui, Veronique Branquinho, Trussardi ou Estrella Archs, nouvelle directrice de la création chez Cacharel, qui se fait incontournable la saison prochaine. Jean Paul Gaultier, lui, le découpe dans un imprimé camouflage et lui associe corsage de macramé, chapeau de pirate ou foulard frangé, pour une allure entre départ au front et retour de guérilla.

Dans la même veine, Marithé + François Girbaud ne se contentent pas cette saison de décliner les codes tribaux qui leur sont chers. Dans un décor où l’on retrouve des mappemondes et un slogan interpellant –  » water ?  » -, leur défilé met en scène une collection écolo, délavée au laser plutôt qu’à l’eau. Côté tissus, on note aussi la brillante présence du high-tech. Néoprène, vinyle, Lurex et autres cotons recouverts d’une coat métallisée, qui avaient déjà fait leur apparition sur les catwalks de l’hiver, découpent ce printemps des silhouettes futuristes chez A.F. Vandevorst, Burburry Prorsum ou Undercover. Preuve qu’en mode tout est dans tout, Yohji Yamamoto et Hermès taillent dans ces matériaux techniques… de sublimes sarouels !

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Partner Content