A deux heures de Bruxelles, cette région allemande verdoyante offre une kyrielle d’itinéraires pour les deux-roues. A découvrir en s’arrêtant au pittoresque village de Montjoie, tout en s’adonnant à quelques activités originales. Visite guidée, en quatre temps.

À L’ASSAUT DES HAUTES FAGNES

Il n’y a pas qu’à la mer qu’on prend plaisir à grimper sur une bicyclette. Les alentours du signal de Botrange sont aussi un beau terrain de jeu et d’exploration. A cheval sur la Belgique et l’Allemagne, le parc naturel Hautes Fagnes-Eifel livre ses paysages de toute beauté. De la nature bien de chez nous, visible à l’état brut, et qui se dévoile au fil de nombreuses promenades, parfaitement balisées. Il y en a pour tous les goûts : cyclistes amateurs ou professionnels, sportifs ou familles, ambitieux… ou paresseux.

Depuis 2012, les cantons de l’Est ont développé leur réseau e-Bike. Soit 220 kilomètres de sentiers aménagés sur d’anciennes lignes ferroviaires – dont la Vennbahn qui relie le nord et le sud de la région – et 850 kilomètres de chemins fléchés selon l’ingénieux système des points-noeuds permettant de circuler sans carte, pour autant qu’on ait préalablement établi son itinéraire et retenu les numéros qui composent son parcours. Le tout agrémenté de vingt stations de location de vélos électriques, histoire de ne pas suer à grosses gouttes.

La balade du jour débute à la Maison forestière Ternell, entre Eupen et la frontière allemande. Les restes d’une pluie matinale s’évaporent peu à peu, pour laisser percevoir les parfums des bois traversés. Magie, on se sent pousser des ailes dès le premier coup de pédale ; une simple pression sur un bouton, et l’assistance électrique du deux-roues multiplie nos forces, sans pour autant ôter le plaisir de la conduite. Rangés au garde-à-vous, les conifères se battent progressivement en duel avec les hêtres. Peu à peu, la végétation se rabougrit face aux herbes hautes, signe que la Fagne est toute proche. Surprenante, cette réserve protégée offre soudain un panorama de steppes, avec ses zones humides, ses tourbières et ses landes. Le regard ne se lasse pas de la vue, tandis qu’on avale les kilomètres. Encore un peu d’effort, et le lac d’Eupen apparaîtra à l’horizon…

Pour plus d’infos sur le réseau e-Bike dans les cantons de l’Est : www.eastbelgium.com/fr/loisirs/velo/e-bike/home

ODE À MONTJOIE

A 20 kilomètres et des poussières d’Eupen, le village allemand de Montjoie (Monschau, dans la langue du cru) est bien connu des amateurs de marchés de Noël. Pourtant, cette petite bourgade pittoresque mérite une visite en toute saison, tant ses ruelles tortueuses et ses maisons à colombages, étroites et hautes, se révèlent charmantes. Avec ses boutiques typiques, son centre historique préservé des affres de la Seconde Guerre mondiale et ses façades rehaussées de teintes rouges, vertes ou gris clair, l’endroit a tout d’une carte postale. De quoi séduire de nombreux touristes… mais décourager les habitants attirés par davantage de confort moderne et fatigués par les contraintes urbanistiques imposant de garder les demeures dans le style de l’époque…

La découverte des lieux se fait au hasard, sans avoir peur de se perdre, d’enjamber les ponts, d’user le pavé. En tout début ou fin de journée, on évite la foule. Dans les oreilles, résonne le doux clapotis de l’eau. Encaissée dans le creux d’une vallée, cette localité s’est construite le long de la Rur, une petite rivière qui cascade depuis les Hautes Fagnes – sa couleur brunâtre traduit d’ailleurs sa forte teneur en tourbe. Cette eau sans calcaire a contribué, au XVIIIe siècle, au commerce florissant de draps colorés dans la région, initié par quelques familles protestantes venues d’Aix-la-Chapelle. En témoignent de riches bâtisses, dont le haut des portes en bois est frappé d’un bélier, symbolisant l’origine de la réussite des propriétaires de jadis.

On pose nos valises dans un appartement spacieux, situé dans l’ancien palais de justice de la cité. Une construction de vieilles pierres datant de 1890, parfaite pour sillonner les alentours… Dans les hauteurs, justement, la tour de guet et le château, transformé désormais en auberge de jeunesse, surveillent les toits d’ardoises des maisonnettes. Le Duc du Limbourg les a fait construire au XIIIe siècle, à l’époque où ce territoire appartenait encore à l’ancêtre de la Belgique. Les références à notre pays ne manquent pas, que ce soit par la présence de vieux drapeaux ornés du lion des Flandres ou de noms d’estaminets aux consonances bien de chez nous.

www.monschau.de

LA FRAÎCHEUR DES LACS

Au deuxième jour du périple, direction les lacs de retenue de la Rur, de l’Ober et de l’Urft, à 30 minutes environ de Montjoie. Une fois encore, tout est fait pour permettre aux vélos électriques d’entreprendre aisément le tour de ces étendues d’eaux. Les sentiers mènent tantôt dans la forêt, tantôt près des berges. Soit des teintes bleu et vert, de temps à autre réchauffées par le jaune éclatant des buissons de genêts. Nous sommes ici en plein coeur du Parc national de l’Eifel, qui s’étend sur 110 km2 et abrite plus de 1 000 espèces végétales et animales menacées. Le chat sauvage, presque disparu au XIXe siècle, y élève notamment ses petits, non loin du cerf élaphe, du castor, de la cigogne noire, du grand-duc d’Europe et du lézard des murailles, rares en Rhénanie-du-Nord-Westphalie.

Chaleur oblige, une pause fraîcheur dans les eaux du Rursee sera la bienvenue. De nombreux Allemands viennent d’ailleurs y passer l’après-midi, sur la plage aménagée de Rurberg. L’expédition se termine en observant les flots d’une autre perspective : sur l’un des gros bateaux, appréciés des enfants et des pensionnés, qui relient régulièrement différents ports. Petite suggestion : mieux vaut privilégier le dernier trajet de la journée, calme et agréable, pour éviter de se retrouver en croisière avec une bonne centaine d’autres touristes.

www.nationalpark-eifel.de

www.rurseeschifffahrt.de

SENSATIONS FORTES

Pour ceux et celles qui ont les mollets en compote, la région propose des activités aussi dépaysantes qu’étonnantes. Ainsi, la famille Steffens invite, depuis 2013, à découvrir les environs de Montjoie… en tracteur. Des engins vintage, fabriqués entre 1957 et 1964, griffés Porsche, Fendt ou Deutz, et bichonnés par leurs propriétaires. On a ici affaire à des passionnés, qui n’ont fait que répondre à la demande de curieux, en organisant des promenades de 2, 3 ou 4 heures, indiquées via GPS. Avis aux conducteurs pressés : la vitesse maximum ne dépasse pas les 20 km/h, et mieux vaut réussir le petit test préalable de conduite avant de pouvoir prendre la route ! Bonne nouvelle, des parcours avec géocaching seront lancés prochainement. Et pour les vraies sensations, les férus de vitesse préféreront sans doute tenter leur chance sur la piste de bobsleigh d’été de 750 mètres, installée à Rohren, à quelques kilomètres à l’ouest de Montjoie. Frissons en vue !

www.eifeltrecker.de

www.sommerbobbahn.de

PAR CATHERINE PLEECK

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