Il recèle tout l’art des jardins

d’Extrême-Orient. Peuplé de milliers d’azalées

ainsi que de nombreux arbres et arbustes taillés avec

le sens de la perfection des maîtres du bonsaï,

ce bijou de la nature se révèle sous la neige tout simplement fabuleux.

Amatrice d’art, férue d’architecture et de mobilier contemporain, Robbie Mourmans déploie dans tout ce qu’elle entreprend l’énergie de la passion. La preuve aussi dans sa propriété, en Campine. Son jardin ? Une £uvre magnifique, qu’elle a conçue et dessinée de toutes pièces. Pour l’apprécier à sa juste valeur, le découvrir sans cesse renouvelé au fil des saisons.

En avril, un grand cerisier couvre de ses fleurs la structure en bambou qui le supporte. Un mois plus tard, ce sont les myriades d’azalées qui génèrent d’immenses vagues de couleurs vives, tandis que, çà et là, fleurissent quelques Cornus ou Magnolia. L’été, lui, permet d’admirer les silhouettes arrondies et manucurées des innombrables conifères et des grands buissons d’azalées japonaises. L’automne, pour sa part, offre une gamme de teintes pastel, variant du jaune au rouge, en passant par des orangés qu’animent en premier lieu les érables du Japon.

Un groupe de moutons immobiles du sculpteur français François-Xavier Lalanne (1927-2008) accueille les visiteurs. Au c£ur même de l’hiver aussi. La neige posée en couche généreuse souligne la chorégraphie des végétaux. Chut ! La nature fait silence : une impression amplifiée par le gel des eaux.

Une sélection très poussée

Voici moins de vingt-cinq ans, il n’y avait ici qu’un banal terrain plat, planté de pins venus à maturité. Un déboisement partiel ayant été effectué, les terres nécessaires pour créer les ondulations du relief ont été obtenues en creusant le grand étang dans lequel se reflète habituellement la façade sud du bâtiment. Sur un des côtés de la demeure, l’étendue d’eau rejoint la maison de thé ceinte d’une clôture en bambou. A l’intérieur, ce petit pavillon offre une vision féerique sur l’étang. Une invitation à la méditation aussi.

Une des autres composantes architecturales majeures du jardin est le pont rouge qui enjambe les eaux, à la manière du célèbre Shinkyo franchissant la rivière Daiya-Gawa à Nikko, un des sites les plus visités du Japon. Une passerelle plus discrète, conduit, elle, à la maison de thé.

Arbres et arbustes ont fait l’objet d’une sélection très poussée. Comme au Japon, la recherche n’a pas porté sur la richesse botanique, mais bien sur la qualité des formes. Certains conifères taillés dans l’esprit des bonsaïs ont été choisis dans les catalogues de pépinières nipponnes. Quant aux érables, ils proviennent de la région de Pistoia, en Toscane, La Mecque pour les amateurs d’arbres et arbustes de taille XXL

Les plus belles azalées – des buissons de 1 à 2 mètres de diamètre – ont été dénichées non loin de Berlin, dans une ancienne pépinière retournée à l’état de massif forestier, ce qui a permis d’acquérir des plantes dont la croissance paraît spontanée. Quant aux vastes tapis d’azalées japonaises, ils sont composés de milliers de plants, qui habillent les mouvements du terrain.

Un jardin japonais ne serait pas complet sans ses éléments de décor, comme les lanternes ou les ponts de pierre ou, plus simplement, les pierres géantes apportées par camions entiers. Robbie Mourmans les a examinées une à une pour tirer parti de leur meilleur profil et les disposer à l’emplacement idéal.

Un talent inné

La maîtresse des lieux a agrémenté son domaine du chant de l’eau qui roule en lames minces sur le lit de galets des rivières en faisant creuser des ruisseaux, dont la profondeur varie pour offrir aussi un mimétisme saisissant avec la nature. Ayant eu l’occasion d’agrandir son terrain en acquérant la parcelle jumelle, elle a pu doubler la superficie du jardin. Si la partie ancienne est surtout intimiste, la nouvelle aire ménage des  » vides  » plus grands, comme cette pelouse sur laquelle paissent les moutons de François-Xavier Lalanne.

Tout comme le froid hivernal qui le magnifie aujourd’hui, le temps apportera sa patine à ce magnifique jardin. Face à la maîtrise de cette discipline pour rendre naturelle une £uvre humaine, on pourrait penser que Robbie Mourmans a visité le Japon à de nombreuses reprises. Il n’en est rien ! Un seul voyage lui a suffi. Le reste est le fruit de lectures et d’un talent inné pour l’art du paysage et de la botanique.

Par Jean-Pierre Gabriel

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