Merveille parmi les merveilles du lac de Côme, la Villa DEL Balbianello symbolise tout le raffinement italien. Découvrez cette superbe propriété, dont le charme singulier est rehaussé par son écrin AQUATIQUE.

Carnet d’adresses en page 84.

Plus que d’autres lacs du nord de l’Italie, celui de Côme reflète l’amour que les générations passées lui ont porté. La douceur du paysage qui l’entoure û moins abrupt qu’à Lugano tout proche, par exemple û lui a donné les allures d’un petit monde privilégié. Lorsqu’on emprunte la route qui le longe, à tout le moins dans sa partie septentrionale, on ne peut que s’émouvoir devant la beauté des bâtisses qui se succèdent. Pour le plus grand bonheur des touristes, certaines sont devenues des hôtels. D’autres, comme la Villa Carlotta de Tremezzo, sont accessibles à la visite. Nichée à l’écart de la route à l’abri des regards, la Villa del Balbianello, elle, fait heureusement partie des jardins ouverts au public.

 » Balbianello est sans doute le plus bel endroit du lac de Côme. La propriété s’avance dans l’eau telle une péninsule. Vous y êtes partout entourés d’eau.  » Giulia Maria Mozzoni Crespi, l’auteur de ce commentaire, connaît à merveille l’Italie des belles choses. Fondatrice et présidente du FAI, la Fondation italienne pour l’environnement, elle a identifié les endroits les plus remarquables de son pays. Dont la Villa del Balbianello, une propriété d’exception, entrée dans le patrimoine du FAI, après sa donation par le comte Guido Monzino, à sa mort, en 1988.

Guido Monzino avait acquis les lieux en 1954. Sa vie durant, il a entretenu et maintenu le bâtiment et ses jardins. Il a également enrichi l’intérieur de la belle demeure de manière à pouvoir y rassembler et présenter ses collections de mobilier et d’art ainsi que les souvenirs de ses expéditions. L’aristocrate s’était, en effet, forgé un nom pour avoir atteint le pôle Nord en 1971 et avoir été le premier Italien à vaincre l’Everest, en 1973. De son vivant, il avait d’ailleurs établi à Balbianello un centre pour l’étude des explorations.

Pour appréhender toute la beauté de Balbianello, il faut d’abord s’intéresser à ce point sur la carte du lac de Côme… La Villa est bâtie à l’extrême pointe d’un rocher boisé, appelé le Dos d’Avedo, et située peu avant Lenno et en face de Ballagio. Cette position lui a valu un temps le nom de Gibraltar du lac. Les lieux furent maintes fois occupés au fil de l’histoire. Avec ses deux campaniles parallèles, l’église, quant à elle, rappelle la présence d’un monastère franciscain et l’architecture religieuse du XVIe siècle.

C’est un homme d’Eglise, le cardinal Angelo Maria Durini, qui, en 1787, fit bâtir la villa telle qu’on la connaît aujourd’hui. Le prélat était arrivé sur le lac de Côme après une belle carrière diplomatique. Il y avait d’abord acquis une autre propriété, située légèrement plus au sud, en face de l’île Comacina. Sans doute d’un naturel ostentatoire, il voulait s’implanter davantage encore sur le lac, et essaya ensuite d’acquérir cette île, la seule du lac. Faute d’arriver à ses fins, il jeta donc son dévolu sur cette pointe de rocher, devenue Balbianello.

C’est en l’abordant aujourd’hui par le lac qu’on peut au mieux mesurer la manière dont l’ensemble bâti plonge ses fondations dans l’eau. Mais c’est en son faîte que Durini a placé l’élément le plus remarquable, une sorte de signe de reconnaissance pour ceux qui se trouvent sur les eaux : une loggia à double corps, placée dans l’axe du promontoire. Le soleil se lève d’un côté de la loggia et se couche de l’autre. Et par temps clair, on peut apercevoir les deux extrémités du lac.

Balbianello exhale un charme singulier, mélange de grandeur et d’extrême délicatesse. Les jardins peuvent difficilement être rattachés à un style, qu’il soit de la Renaissance toscane, ou des XVIe et XVIIe siècles de la Vénétie. A l’image de demeures construites à la même époque chez nous, Balbianello est une résidence de charme. Tout y est fait pour que la vue soit plaisante. Le dessin des sentiers est habile, et organise des points de vues à des hauteurs diverses. L’Italie est évoquée par ces incrustations de petits galets dans le sol ou par les lauriers et les buis. Les plantations, effectuées par les propriétaires successifs, sont multiples mais contenues : quelques arbres et arbustes soigneusement taillés, comme des platanes, des azalées, un camphrier et les indispensables cyprès. La plante la plus remarquable est le Ficus repens, une grimpante conduite avec maestria sur les différentes façades de la loggia. L’effet est si parfait qu’on croirait qu’elle a été sculptée sur place.

On l’aura compris, Balbianello n’est pas un simple but d’excursion botanique, mais bien un endroit de rêve où il faut prendre le temps de se laisser porter par le génie des hommes qui l’ont créé.

Texte et photos : Jean-Pierre Gabriel

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