De l’autre côté de l’Atlantique, au cour des Tropiques, une chaude brise d’été berce l’archipel français de la Guadeloupe. Ici, la langue de Voltaire se décline en un savoureux créole.

La Guadeloupe est l’une des terres les plus étendues des Petites Antilles, entourée de quelques satellites, appelés là-bas les  » dépendances  » : la Désirade, les Saintes ou encore Marie-Galante, l’île si bien évoquée dans une chanson de Laurent Voulzy. Plus au nord, Saint-Martin (mi-française, mi-néerlandaise) et Saint-Barthélemy semblent bien perdus au large.

L’archipel offre aux amoureux d’exotisme tous les ingrédients dont ils rêvent : de vastes plages de sable blond généreusement ombragées de cocotiers, du soleil à volonté, une eau limpide et chaude, une brise légère apportée par des alizés, le tout saupoudré du bruit éternel des vagues et de la mer.

Vue du ciel, l’île de la Guadeloupe s’identifie à un magnifique papillon tropical aux larges ailes déployées. Ce qui attire immédiatement le regard, c’est l’épaisse forêt tropicale d’où émerge l’immense volcan de la Soufrière. Emplissant le ciel de sa masse et élément fondamental du paysage de l’archipel, il occupe toute la surface de Basse-Terre. Tour à tour craint et adulé, le plus haut volcan des petites Antilles (1 467 mètres) constitue un savant mélange de pierres, de cendres, de geysers de gaz sulfureux, de végétation tropicale luxuriante et de rochers de lave noire. De son sommet, le panorama s’ouvre sur l’immense océan d’où émerge, en majesté, tout un chapelet d’îles perdues au loin.

Le beau territoire de Basse-Terre est un vaste plateau qui se donne par endroits de faux airs de Bretagne. Ainsi à la Pointe des Châteaux, par forte tempête, les vagues furieuses viennent se fracasser contre la côte déchiquetée. Si la moiteur du climat venait rappeler que l’île se situe au sud du Tropique du Cancer, on aurait l’impression de se promener à deux pas de Quiberon, le long de la Côte sauvage. Non loin d’un sentier de randonnée, deux plantureuses mamas, splendides dans leurs robes bariolées, proposent aux promeneurs assoiffés des boissons fraîches et de succulentes glaces au rhum préparées dans de vieilles barattes en bois.

Au sud de Grande-Terre, trois centres balnéaires se partagent la faveur des touristes : Le Gosier, Sainte-Anne et Saint-François. Ces anciens ports de pêche se sont peu à peu transformés en villages de vacances, au risque parfois d’y perdre leur âme. La route du bord de mer, qui relie sur 40 km ces trois villes, permet de découvrir quelques-unes des plus belles plages de l’archipel où cette côte splendide a gardé par endroits sa beauté originelle. Ainsi en est-il des plages de Saint-Félix, des Salines ou du Petit Havre qui sont baignées d’une mer d’azur. A l’abri de sa barrière de corail, l’anse de Sainte-Anne est réputée pour la transparence de ses eaux aigue-marine. Malgré le charme évident de l’endroit, mieux vaut, les jours d’affluence, choisir l’anse de Bois Jolan, plage tout aussi charmante mais point de chute beaucoup plus calme.

A proximité du littoral, d’indispensables gargotes proposent  » la  » boisson guadeloupéenne par excellence : le rhum. Servi en cocktail ou agrémenté d’une simple tranche de citron vert, cet alcool se consomme dès midi tapant, alors que le soleil, bien haut dans le ciel, frappe dur.

Situé sur la côte Atlantique, Le Moule est un charmant petit village qui est parvenu, en dépit d’un tourisme en pleine croissance, à préserver son charme et son authenticité. Comme partout ailleurs en Guadeloupe, le marché du Moule est l’occasion rêvée de découvrir les senteurs et les couleurs des Tropiques. On s’y balade pour y faire le plein d’épices, de fruits, de légumes mais aussi de bonne humeur. Derrière leurs montagnes d’ananas, d’oranges et de bananes, de plantureuses Guadeloupéennes s’animent pour vous convaincre de goûter leurs plus beaux fruits. Quelques échoppes plus loin, des assiettes cuisinées vous sont proposées avec, au menu du jour, le colombo, véritable plat national de la Guadeloupe (une sauce épaisse au curry dans laquelle on fait mijoter différentes viandes, comme le cabri, petite chèvre des Antilles). Toujours accompagné de riz blanc, ce plat délicieux a été introduit au siècle dernier par les Hindous.

A partir du Moule jusqu’à l’extrémité nord de Grande-Terre, d’impressionnantes falaises se dessinent le long de la route. Les plus majestueuses d’entre elles portent les beaux noms de Pointe de la Grande Vigie ou Porte d’Enfer. Fouettées par une mer houleuse, ces murailles de pierre découpées comme des dentelles atteignent par endroits 80 mètres de hauteur. Plus loin, le Trou du Souffleur, un gouffre de 20 mètres de diamètre, plonge droit dans la mer, 40 mètres plus bas, où d’énormes vagues se déchaînent avec fracas.

A quelques encablures de Basse-Terre, l’archipel des Saintes présente l’une des plus belles baies au monde, celle du Bourg. Son fameux Pain de sucre et la Colline du Chameau donnent à ce paysage enchanté l’allure d’une baie de Rio en miniature. Archipel de pêcheurs aux lointaines origines bretonnes, Les Saintes ont pour  » capitale  » Terre-de-Haut, joli village de poupées où s’agglutinent minuscules maisons colorées et étroites rues avenantes. Une église et une mairie, dignes de Lilliput, semblent sorties des aventures d’un Gulliver exotique. Sur les hauteurs, le fort Napoléon, ancien édifice militaire élevé au milieu du xixe siècle, offre un point de vue unique sur la baie.

Stéphane Disière

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