La danse de salon s’inscrit-elle dans le mouvement citoyen ? Tentative de réponse avec deux initiatives aussi originales que complémentaires.

J oue contre joue. Main dans la main. L’espace d’une après-midi dédiée à la danse de salon. Aussi anecdotique qu’elle puisse paraître, l’initiative mérite d’être soulignée car elle est tout simplement révélatrice de l’air du temps. Lancé à Bruxelles il y a trois semaines à peine,  » Leretour du vrai thé dansant  » invite en effet les couples, mixtes ou non, jeunes et vieux, de tout style et de tout milieu, à retrouver les sensations frétillantes de nos (arrière)-grands-parents. En clair : point de gesticulation techno en solitaire à du 140 bpm (beats par minute pour les non-initiés), ici, tout n’est que douceur, altruisme et volupté aux rythmes du tango, de la valse et du cha-cha-cha. Bien sûr, l’exploit chorégraphique ne se déguste pas le samedi après minuit mais bien le dimanche à l’heure du thé, histoire de profiter pleinement de toute l’énergie disponible en journée. Fraîcheur avant tout ! Renouant avec une certaine convivialité disparue, cet ode au vrai thé dansant ne s’effectue, pour l’instant, que chaque dernier dimanche du mois dans le décor feutré des  » Salons de l’Atalaïde  » à Bruxelles ( www.lessalonsatalaide.be), mais la formule pourrait bien se répandre, à terme, dans plusieurs villes de Belgique. Le succès est d’autant plus prévisible qu’il s’inscrit dans une tendance de fond issue du mouvement citoyen : la restauration d’un lien social méchamment usé au fil des années. Depuis quelque temps déjà, les envies de convivialité urbaine se font plus pressantes à travers des initiatives loufoques et généreuses telles que les flash-mobs ou le Grand Don ( lire respectivement Weekend Le Vif/L’Express du 29 août 2003 et du 15 octobre 2004), ou encore des actions moins confidentielles dont le but est de rendre modestement le sourire aux villes. Dernier exemple en date : cette autre bonne idée bruxelloise inaugurée il y a un mois à peine et dont la philosophie est résumée sur www.smily.be. Imaginée par une bande de joyeux optimistes citadins, ce mouvement utopiste ne revendique rien d’autre qu’une attitude 100 % positive avec soi-même, les autres et la nature.  » Car au fond de chacun d’entre nous sommeille une part formidable de bienveillance et de générosité « , comme le souligne clairement le site Internet. D’où l’appellation smily tirée de l’anglais smile (sourire) et de la fameuse petite bouille jaune souriante connue sous le nom de Smiley. D’où cette initiative audacieuse qui consiste à créer un club de gentils citoyens bien décidés à augmenter la qualité de vie urbaine à coups d’actions positives et de convivialité exacerbée ( voir tous les détails sur www.smily.be). La devise du mouvement ?  » Ça fait plaisir de faire plaisir « . Altruiste ? Sans doute. Gratuit ? Certainement. Naïf ? Et alors ? C’est toujours mieux que la méfiance ambiante et le tirage de tronche généralisé. A l’heure où le voisin est devenu tristement un inconnu, autant favoriser les échanges et les rencontres entre les gens motivés. Que ce soit sur la toile d’un Web citoyen ou, tout simplement, sur la piste patinée d’un bon vieux thé dansant.

Frédéric Brébant

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