Un an après Divinidylle, l’album coréalisé avec Matthieu Chedid, la chanteuse à la voix sucrée publie le live de sa tournée triomphale (*). L’occasion de revenir sur les dix moments heureux, et moins heureux, de sa vie et de ses déjà plus de vingt ans de carrière.

Son attachée de presse chez Barclay nous avait prévenus :  » Vanessa « , tout juste débarquée des Etats-Unis, s’est couchée très tard la veille en raison de l’enregistrement du Grand Journal de Canal +, enchaîne les interviews aujourd’hui avant de s’envoler de nouveau pour Los Angeles. Bref, employant cette formule tant redoutée du journaliste stressé par sa copie, la star serait  » fatiguée « . C’est pourtant une jeune femme très souriante qui nous reçoit dans son hôtel de Saint-Germain-des-Prés, à Paris. Au look discret mais chic, et d’une humeur très bavarde.

1985 MA DÉCOUVERTE DE LA MUSIQUE.

Un choc. Grâce à mon oncle, Didier Pain, j’avais eu la chance de visiter le studio d’enregistrement où travaillaient Franck Langolff et Etienne Roda-Gil. J’avais 12 ans (photo ci-contre). Petite, je ne rêvais absolument pas d’être chanteuse, mais j’étais folle furieuse des comédies musicales de la MGM. Je m’attendais à des installations grandioses et très compliquées, et voilà que l’on m’introduit dans une petite salle simplement équipée d’une cabine et d’une console. Ça m’a tout de suite plu. J’étais épatée qu’on puisse créer de la musique dans une structure aussi humaine, derrière cette grosse porte qui vous coupait du monde extérieur. J’avais l’impression d’être dans une cabine de sous-marin, mais sans la sensation de claustrophobie. J’étais au c£ur de la musique.

1987 JOE LE TAXI, BIEN SÛR.

L’un des moments les plus irréels de ma vie. Après avoir enregistré les ch£urs sur deux chansons de l’album de Franck, lui et Etienne m’avaient proposé un single. Joe le Taxi est sorti fin avril… et doit beaucoup à Renaud, qui l’avait aimé et en avait donné un exemplaire à la programmatrice de RTL. Du coup, toutes les radios avaient suivi. Deux mois plus tard, il était n° 1 des ventes. C’était complètement fou. Je me souviens que j’étais en vacances avec mes parents dans le sud de la France. C’était la grande époque du Top 50. Le téléphone n’arrêtait pas de sonner pour nous annoncer que le disque cartonnait. Je n’en revenais pas.

1989 MES PREMIERS PAS AU CINÉMA.

J’étais évidemment morte de trouille, mais comme on peut l’être à cet âge-là : de manière un peu crâne et inconsciente. J’étais beaucoup plus arrogante qu’aujourd’hui, peut-être par réflexe d’autodéfense. Comme pour un concert, on angoisse à mort et puis la concentration prend le pas sur le reste. Le moins que l’on puisse dire, c’est que Noce blanche ne fut pas un tournage heureux. Le metteur en scène (Jean-Claude Brisseau) était très autoritaire, très pénible. Je pense qu’au fond, le choix de me confier le premier rôle n’était pas artistique mais plutôt stratégique, et cela pesait sur l’ambiance. Ce fut une mauvaise expérience, beaucoup moins épanouissante que mon baptême musical, et qui m’a un peu effrayée sur le milieu du cinéma. Mais je me doutais que tous les metteurs en scène n’étaient pas comme lui.

1990 MA RENCONTRE AVEC SERGE GAINSBOURG.

Un rêve qui devenait réalité. J’ai été élevée avec la musique de Gainsbourg, qui reste, selon moi, le plus grand. Savoir qu’il aimait bien ce que je faisais m’avait donné des ailes et le courage de lui demander d’écrire une chanson pour moi dans l’album qui deviendra Variations sur le même t’aime. Avec Franck et mon oncle, nous nous étions donc rendus chez lui, dans cet appartement incroyable de la rue de Verneuil, pour lui faire choisir la musique qu’il préférait. Je ne bougeais pas, tétanisée à l’idée de faire tomber quelque chose. Je restais assise sur le canapé en fixant le bout de mes chaussures, ultra-impressionnée. Pour nous détendre, Serge Gainsbourg nous avait donné une feuille de papier en nous demandant de mettre une note à chacune des musiques. Cela avait marché, on avait même fini par rigoler. Lui les a écoutées en silence, puis nous a dit qu’il les voulait bien toutes. Je croyais qu’il plaisantait. Mais non !

1991 MON ESCAPADE AUX ÉTATS-UNIS.

J’étais partie afin d’y enregistrer mon album en anglais avec Lenny Kravitz (photo). Une collaboration parfois dans la douleur, car Lenny tenait à gommer une grande partie de mes intentions naturelles, mais un souvenir humain très fort. Passer du tourbillon de Joe le Taxi à l’anonymat complet de New York fut une expérience énorme et très bénéfique. J’avais une impression de liberté intense. Je réapprenais à marcher le menton relevé.

1994 MON PREMIER TOURNAGE HEUREUX : ELISA.

Un moment magnifique, mon meilleur souvenir d’actrice avec La Fille sur le pont, de Patrice Leconte, quatre ans plus tard. Grâce à Elisa, j’ai connu des amis que j’ai gardés. Jean Becker était à la fois très précis et empreint d’une bonne humeur qui déteignait sur toute l’équipe. Et puis il y avait Gérard (Depardieu), bien sûr, le meilleur et le plus drôle des partenaires. Face à lui, j’avais l’impression de jouer juste sans effort.

1998 LA RENCONTRE.

Avec l’amour de ma vie, Johnny Depp. Que dire de plus ?

1999 NAISSANCE DE LILY ROSE, MA FILLE.

Je rêvais d’être mère depuis que j’étais toute petite. Autant dire que le jour où j’ai rencontré le futur père de mes enfants, ça n’a pas traîné ! Mon fils, Jack, naîtra en avril 2002. Avant lui, j’étais persuadée que les petites filles étaient plus mignonnes que les garçons. Je parlais sans savoir…

2000 BLISS, UNE DEUXIÈME NAISSANCE.

Pour la première fois, j’ai écrit des textes et composé une partie des musiques de mon album. Jusque-là, j’avais bien essayé d’écrire, mais sans aimer le résultat et sans beaucoup de confiance. Le jour où j’ai vu dans le regard de mon amoureux qu’il appréciait ce que je faisais, cela m’a donné des ailes. C’est la première fois que je m’investissais autant dans l’un de mes albums.

2007 DIVINIDYLLE, L’ALBUM QUI PORTE BIEN SON NOM.

Ce fut une expérience en effet idyllique, riche de créativité et d’éclats de rire. Avec M, on se connaît depuis dix ans. Il a fait venir ses amis, qui sont devenus les miens. Jamais je ne me suis sentie aussi libre d’expérimenter de nouvelles choses. L’aventure, qui a duré un an, était si belle qu’elle s’est prolongée par une tournée. Divinidylle n’est plus mon histoire, mais notre histoire.

(*) Divinidylle Tour (Barclay).

Propos recueillis par Géraldine Catalano

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