Le DVD jetable débarque sur le marché cet été, renforçant un peu plus le règne des produits éphémères dans notre société.

Retrouvez Frédéric Brébant chaque lundi matin, vers 9 h 45, dans l’émission  » Bonjour quand même « , de Jean-Pierre Hautier, sur la Première (RTBF radio).

 » A ttention, ce message s’autodétruira dans les cinq secondes.  » Solennel, cet avertissement tiré de la série culte  » Mission Impossible  » est probablement l’une des phrases les plus mythiques de l’histoire de la télévision. Souvenez-vous : elle précédait l’embrasement d’une cassette anodine dans un magnétophone  » première génération  » avec fumée et  » pschhhhhht  » au programme. Reprise dans le film du même nom avec Tom Cruise en guise de fringuant agent secret ( photo), cette mise en garde emphatique pourrait bien figurer à l’avenir sur les boîtiers de nos chers DVD. La firme américaine Buena Vista Home Entertainment (filiale de Walt Disney Company) vient en effet d’annoncer la mise imminente sur le marché de DVD autodestructeurs et donc jetables. Concrètement, il s’agit de films enregistrés sur support numérique, mais qui auraient cette fois une durée de vie limitée à 48 heures. Dans sa présentation, le DVD éphémère ressemble à un DVD classique, à la seule différence qu’il est emballé sous vide. Une fois sorti de son enveloppe protectrice, le disque s’oxyde petit à petit grâce à un procédé chimique tenu secret par le concepteur ( www.flexplay.com) et qui rend, in fine, le film complètement illisible. Aucun risque pour le lecteur. Aucune chance pour les hackers. Clairement affiché, l’objectif est double : il s’agit, d’une part, de contrer le piratage en limitant la circulation des DVD entre particuliers (le disque peut toutefois être copié pendant les premières 48 heures) et d’instaurer, d’autre part, une nouvelle logique dans la location de films à long terme. Imaginez un peu le scénario : avec un DVD jetable, terminée la corvée  » retour  » ! Le suspense et la comédie peuvent valser directement à la poubelle. Dans cette optique idéale, le  » loueur  » de DVD (qui deviendrait plutôt un vendeur de films à prix réduits) ne devrait plus gérer un fichier clients encombrant et pourrait donc se contenter d’un approvisionnement massif en nouveautés. Mieux, l’option de vente par Internet avec envoi postal du DVD directement chez le consommateur serait même une piste franchement prometteuse. Pratique et séduisante, l’invention du DVD qui s’autodétruit en 48 heures est aussi révélatrice d’une tendance comportementale de fond : le jetable généralisé. Après avoir gagné chez nous les stylos, les rasoirs, les appareils photo et les lentilles, mais aussi les téléphones portables aux Etats-Unis, l’éphémère se love à présent dans le monde du cinéma à domicile, glorifiant un peu plus la toute-puissance de la société de consommation. Le c£ur des ménages est également touché : jadis, on s’évertuait à éliminer la saleté à l’aide d’outils sophistiqués que l’on devait ensuite nettoyer ; aujourd’hui, on jette carrément l’attrape-saleté provisoire ! Il y a des lingettes pour tout : les murs, les sols, les plafonds, les sanitaires, les écrans, les lunettes, etc. Dans cette logique, on ne sera donc pas étonné si les DVD empruntent aussi ce passage obligé de l’éphémère triomphant. Avant d’autres produits plus inattendus, bien évidemment…

Frédéric Brébant

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