Jusque dans la présentation de la collection à la presse internationale, le 23 octobre dernier à New York, la philosophie de Maison Martin Margiela a été respectée. Jugez plutôt : dans l’immeuble décati juste comme il faut réquisitionné ce soir-là, pas de défilé mais un show sous forme de performances chorégraphiées par Anne Teresa De Keersmaeker, où onze danseurs évoluaient sur du sable blanc tout en se déshabillant. Au premier rang d’un public trié sur le volet, des pointures – Olivier Theyskens et Alexander Wang, notamment – admiratives de celui qui, dès le lancement de son label en 1988, a apporté une autre vision du vêtement. Et un magnifique contre-pied aux usages en vigueur dans l’univers modeux : pas de starification du créateur mais une valorisation du travail collectif, de l’intemporel plutôt qu’une course folle rythmée par les saisons, la démocratisation en réponse à l’élitisme du luxe… Ces prérequis assimilés, il n’aurait pu être question, pour H&M, de reprendre la mécanique de com bien rodée lors de précédentes collaborations avec de grands noms de la mode comme Karl Lagerfeld, Viktor & Rolf, Alber Elbaz pour Lanvin ou Donatella Versace. Ici, pas de sourire télégénique à mettre en avant : personne, ou presque, ne connaît le visage de celui qu’on a parfois appelé  » le septième des Six d’Anvers  » au vu de sa proximité avec cette bande de potes-créateurs issus de la promotion 86 de l’Académie. A fortiori, pas d’interview en face à face à proposer à la presse – depuis toujours, MMM ne s’exprime qu’au nous et par fax ou par mail. Et, si l’on pousse le raisonnement jusqu’au bout, pas de collection capsule conçue tout spécialement pour le géant suédois de la distribution dans le respect des codes de la griffe invitée, mais des rééditions de modèles-cultes, comme les bottes en cuir à talon Plexi, le pull oversize, le top à imprimé tatouage, la robe du soir taillée dans une housse de siège de voiture ou le body trompe-l’£il. Au total, 45 pièces et 20 accessoires pour la Femme, 30 pièces et 15 accessoires pour l’Homme réalisés à partir des patrons originaux puisés dans les archives de la maison. En exclu pour Le Vif Weekend, la topissime Elise Crombez a pu porter ces objets de toutes les convoitises, avec à la clé des images à haute valeur attractive ajoutée. Pour tous les autres, il faudra encore attendre quelques jours, et l’arrivée de la collection en boutiques. La démocratie a ses limites.

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DELPHINE KINDERMANS RÉDACTRICE EN CHEF

PAS DE STARIFICATION DU CRÉATEUR MAIS UNE VALORISATION DU TRAVAIL COLLECTIF.

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