Après avoir établi un lien spectaculaire entre les internautes du monde entier, la Grande Toile mondiale part désormais au secours des voisins de quartier qui s’ignorent.

Retrouvez Frédéric Brébant chaque lundi matin, vers 9 h 45, dans l’émission  » Bonjour quand même « , de Jean-Pierre Hautier, sur La Première (RTBF radio).

S oudainement, l’impensable était devenu réalité. Avec cette invention bizarre baptisée Internet, l’homme du XXe siècle finissant pouvait enfin traverser virtuellement les frontières et correspondre, à prix démocratique, avec un inconnu situé à l’autre bout de la planète. Tout-puissants, sa souris anodine et son ordinateur complice le plaçaient enfin dans une autre dimension de l’espace-temps où l’étranger lointain se transformait curieusement en un cyber-voisin. Grâce à ces nouveaux liens de proximité informatique, le monde était finalement devenu ce que chacun espérait depuis longtemps déjà : un village ; un village virtuel certes, mais un village quand même. A l’aube de l’année 2005, les choses n’ont pas beaucoup changé. La Grande Toile mondiale fourmille, plus que jamais, d’échanges inédits entre des personnes qui ne se connaissent pas et qui partagent les mêmes passions par écran interposé. Toutefois, cette augmentation de rapports mondiaux entre internautes techniquement rapprochés a, paradoxalement, déshumanisé la société. Le village û le vrai û est devenu un monde aux frontières presque infranchissables où les habitants se croisent sans même se dire bonjour. Pis, le voisin de palier û un être pourtant bien palpable û est désormais un inconnu, une victime innocente de ces nouveaux voisins virtuels qui ne lui veulent pourtant aucun mal. Face à ce constat déplorable, une poigné d’internautes bien intentionnés a heureusement décidé de renverser la vapeur. Pourquoi ne pas utiliser justement l’arme Internet à des fins plus modestes ou, plus exactement, s’en servir intelligemment pour redynamiser une vie de quartier ? Cette idée simplissime et pourtant inexploitée jusqu’à présent est précisément le moteur d’un site audacieux baptisé www.wholivesnearyou.com (traduisez  » qui habite près de chez vous ? ») Imaginé par quelques personnes de Singapour qui en avaient assez de s’ignorer malgré elles, cette adresse Internet affiche les visages des habitants (consentants) d’un même quartier que l’on peut allègrement  » cliquer « . Du genre :  » Vous avez déjà vu cette personne au pied de votre immeuble, mais vous n’osez pas entamer la conversation ? » ou  » Vous souhaitez connaître quelqu’un de votre pâté de maisons pour prendre le thé, jouer au tennis ou faire du covoiturage ? » Cliquez, cliquez, cliquez ! Bref, c’est Internet au service de la vie de quartier, le Web mondial en sauveur de la vraie proximité ! Pas bête. Il ne reste plus qu’à importer le concept dans chaque grande ville occidentale, histoire de briser le tirage de tronche généralisé. Dans le même ordre d’idées altruistes, il convient de saluer également cette autre initiative française qui entend rétablir un certain lien social effiloché. Sur www.leparisolidaire.com, les organisateurs tentent en effet de créer un réseau de solidarité intergénérationnelle dans les villes. En clair : il s’agit de mettre en relation des étudiants à la recherche d’un logement et des personnes âgées qui pourraient leur offrir un toit en échange de quelques menus services (comme, par exemple, faire leurs courses, effectuer des petits travaux dans la maison ou, tout simplement, leur tenir compagnie l’espace d’un ou deux repas par semaine). Idéal pour lutter contre la flambée des loyers, le conflit des générations et, surtout, la solitude urbaine. Libre à vous d’appliquer aujourd’hui le concept à Liège, Mons, Namur ou Bruxelles. A bon entendeur…

Frédéric Brébant

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