Dans la logique capitaliste, la foi est un marché juteux où tout est désormais permis. Plus gonflé, tu meurs !

Retrouvez Frédéric Brébant chaque lundi matin, vers 9 h 45,

dans l’émission  » Bonjour quand même « , de Jean-Pierre Hautier,

sur la Première (RTBf radio).

S i tu ne vas pas à l’église, l’église ira à toi. Devant l’actuelle désertion des lieux de culte par les jeunes générations, un homme d’affaires britannique a peut-être trouvé la solution : la chapelle gonflable et donc transportable ( www.inflatablechurch.com). L’édifice plié tient dans une petite remorque mais une fois la vie insufflée, les murs de plastique s’étirent sur une quinzaine de mètres et propulsent le clocher vers une altitude digne du Créateur. A l’intérieur, tout se gonfle : l’autel, les vitraux, l’orgue, la chaire, les bougies, les anges et même le crucifix. Délicieusement kitsch ! Dieu merci, le curé gonflable n’est pas prévu dans les accessoires. Car l’objectif consiste, précisément, à accueillir un vrai prêtre et une centaine de personnes dans cette église inédite, qu’elle soit plantée au sommet d’une colline ou sur le sable fin d’une plage polynésienne. Etonnant ? Pas vraiment. L’air du temps est au nomadisme de luxe et après les ordinateurs et autres téléphones portables, on pouvait légitimement s’attendre à ce genre d’invention saugrenue. Désormais, les voies du Seigneur ne sont plus seulement impénétrables ; elles sont aussi pliables et même transportables. Les fidèles, toutefois, ne sont pas dupes. A vrai dire, le businessman Michael Gill, grand architecte de ce projet gonflé, n’agit pas vraiment au secours de la foi. Sa démarche est un peu plus vénale et s’intéresse principalement au marché juteux des cérémonies de mariage. Vous voulez épouser votre belle dans votre jardin ou au milieu des bois ? Pas de problème. Pour quelques milliers d’euros (entre 2 000 et 5 000 euros selon l’emplacement en territoire britannique), vous pouvez vous marier pour le meilleur et pour le rire. Et ne craignez surtout pas d’être taxé d’impie. Car si vous avez des états d’âme, d’autres petits malins ont trouvé la parade : un  » bon pour le Paradis  » avec certificat d’authenticité à l’appui ! Sur le site Internet de ces illuminés ( www.ticket2heaven.com), les surfeurs se voient en effet proposer, le plus sérieusement du monde, un passe-droit pour le royaume des cieux. Le ticket coûte environ 15 euros (auxquels il faut ajouter les frais d’envoi) et se présente sous la forme d’un joli bout de papier où un escalier de pierre monte lentement vers la Lumière. Le mauvais goût dans toute sa splendeur ! Rusés, les auteurs de ce plan démoniaque précisent toutefois qu’ils ne garantissent aucune place chez saint Pierre et que ce  » bon pour  » ne doit nullement exclure la pratique de la religion. Bref, cette indulgence d’un genre nouveau sert tout bonnement à rappeler qu’il faut être gentil pour aller au paradis. Grosse arnaque ? Bien sûr ! Mais bizarrement, si l’on en croit les responsables du site, près de 500 fidèles (dont deux Belges !) ont d’ores et déjà acheté leur billet pour le Ciel. Il est grand le mystère de la foi…

Frédéric Brébant

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