A 22 ans, Walter Baseggio est déjà l’une des valeurs sûres du football belge convoitées par les grands clubs étrangers. Pour Weekend Le Vif/L’Express, l’Anderlechtois a accepté de jouer au mannequin d’un jour et de se confier en toute simplicité.

Walter Baseggio a 7 ans à peine lorsque les émissaires du prestigieux Royal Sporting Club d’Anderlecht le repèrent à Clabecq. A cette époque, il tape le ballon dans l’équipe locale des préminimes et, déjà, son talent ne passe pas inaperçu. Avec la bénédiction de son père ouvrier aux Forges, le gamin est donc intégré dans l’équipe mythique des mauves et blancs. La voie est tracée et l’investissement se révèle rapidement rentable. A 18 ans, Walter Baseggio inaugure son tout premier match en première division et commence doucement à faire parler de lui. Son sens du jeu est loué; sa technicité, encensée.

Aujourd’hui, le footballeur reconnu porte le symbolique numéro 10 au sein d’Anderlecht (le maillot du meneur de jeu de l’équipe jadis arboré par Paul Van Himst, Enzo Scifo ou encore Pär Zetterberg) et affiche une noble assurance dans les compétitions de haut niveau comme la Champion’s League ou les matchs de l’équipe nationale. Reconnue à l’étranger, son aura est telle que le club italien de l’AC Milan a récemment proposé la somme de 800 millions pour son transfert, mais Anderlecht et Walter résistent, momentanément, à l’appel des sirènes de l’argent. Serein et beau joueur, Baseggio a toutefois accepté, pour Weekend Le Vif/L’Express, de mettre sa carrière de footballeur entre parenthèses l’espace d’une journée, histoire de poser gracieusement sous les feux de la mode ( voir pages 34 à 39) et de laisser simplement parler l’homme qui se cache derrière le sportif.

Weekend Le Vif/L’Express : Pourquoi avez-vous accepté notre défi de jouer au mannequin?

Walter Baseggio : Pour vous faire plaisir! Et aussi par amusement. Ce n’était certainement pas pour la frime. L’expérience m’a beaucoup plu. Je suis très content. Cela m’a amusé, l’équipe était très chouette, les photos sont réussies et j’ai surtout découvert un autre monde qui n’a rien à voir avec le football.

Mais entre la mode et le sport, il y a quelques similitudes tout de même. Il y a notamment beaucoup d’argent en jeu…

Oui, c’est vrai, il y a beaucoup d’argent en jeu et, aussi, les carrières sont très courtes pour les footballeurs comme pour les mannequins. On pourrait aussi dire qu’il y a le même culte du corps dans ces deux univers. Le corps est notre outil de travail. On l’entretient. Mais c’est quand même très différent…

La mode et le football font-ils, en définitive, bon ménage?

Dans le milieu de la mode, il faut toujours être très classe. Dans le monde du football, on peut se permettre d’être beaucoup plus décontracté. D’ailleurs, je me vois mal venir tous les jours au stade en costume! Cela dit, quand je sors, j’essaie de bien m’habiller. Je trouve cela important. Ce n’est pas parce qu’on est un joueur de football qu’on ne peut pas s’intéresser à la mode. Personnellement, je préfère l’élégance italienne. J’aime bien le style col long, chemise ouverte sans cravate, chaussures noires brillantes… Le style italien, quoi! D’ailleurs, je vais souvent en vacances en Italie et j’aime bien acheter mes costumes là-bas. Ils ont un style dont on ne se lasse jamais, surtout les costumes Emporio Armani.

Pour cette séance de photos de mode, on vous a invité à jouer la carte du play-boy qui est très en vogue cet été. Vous sentez-vous à l’aise dans ce rôle de séducteur?

Je dois avouer que les costumes étaient magnifiques et que vous avez fait un bon choix. Mais je ne suis pas un séducteur. Je suis plutôt un garçon effacé et timide. Pour vous, j’ai accepté de jouer un rôle. C’était amusant. Mais, vous savez, je vais me marier au mois de juin. Je me sens très bien avec ma future épouse et je n’ai donc pas besoin de séduire quelqu’un d’autre ( sourire). Il faut dire aussi que les footballeurs se marient assez vite parce qu’ils mènent une vie particulière et qu’ils recherchent une espèce d’équilibre familial.

Enzo Scifo dit de vous que vous êtes le meilleur joueur de football actuel en Belgique. Partagez-vous son avis?

( Sourire.) Cela me fait plaisir parce que c’est un super-gars et un très grand footballeur. J’ai eu la chance de jouer avec lui pendant trois ans et il m’a beaucoup appris. Mais, bon, je ne veux pas me prendre la tête. J’essaie d’être le meilleur mais il y en a beaucoup d’autres!

On estime votre valeur financière à 800 millions de francs dans le cas d’un éventuel transfert. Comment gérez-vous cette pression en tant qu’être humain?

C’est vrai que cela peut faire tourner la tête mais, pour moi, ce n’est pas important. J’essaie plutôt de me limiter à l’aspect strictement sportif, rencontre après rencontre. Et puis, je me sens très bien à Anderlecht. Cela fait quinze ans que j’y suis et j’ai renouvelé mon contrat jusqu’en 2005. Je suis vraiment attaché sentimentalement à ce club. Anderlecht m’a tout donné et j’espère pouvoir lui rendre la monnaie de sa pièce le jour d’un éventuel transfert. C’est normal que les dirigeants exigent beaucoup d’argent lorsque d’autres clubs s’intéressent à moi.

Mais votre vie a radicalement changé en très peu de temps, tant sur le plan financier qu’au niveau de la célébrité. Quel est votre secret pour ne pas péter les plombs?

Cela ne sert à rien de jouer à la star. Il faut garder les pieds sur terre. C’est le plus important. Et franchement, pour moi, ce n’est pas un problème. J’essaie de rester simple. C’est dans mon tempérament.

Mais vous n’êtes pas insensible à l’appel des grands clubs italiens…

Non, puisque mon rêve, c’est d’aller un jour jouer en Italie. Je pourrais également accepter des propositions de clubs anglais ou espagnols. Mais mon rêve de gamin a toujours été le Calcio. Cela viendra bien un jour.

Croyez-vous à une certaine  » mission sociale  » du football?

Je pense que c’est un sport qui peut rendre les gens heureux. Le plus important pour moi, dans ce métier, c’est de pouvoir donner du bonheur aux autres. On l’a encore vu quand on a gagné 10-1 avec l’équipe nationale contre Saint-Marin ou à l’occasion d’autres matchs de la Champion’s League. Il y a une espèce d’euphorie. Moi, je suis content quand les gens sont contents et me le disent. Cette joie du public est beaucoup plus importante que ma célébrité personnelle ou l’argent que je peux gagner.

Propos recueillis par Frédéric Brébant

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