Soutenir la création, c’est dans l’ADN du Vif Weekend depuis toujours. Cette année encore, la rédaction a repéré les jeunes talents, au sortir des écoles ou déjà pros. Photographes de mode, mannequins, stylistes et créateurs de bijoux ou d’accessoires, nous les mettons à l’honneur dans nos pages et lors d’un événement à Bozar. Ce soir-là, les meilleurs d’entre eux se verront récompensés par un jury de professionnels… et par nos lecteurs. Votez pour vos candidats préférés sur notre site (*) !

Créateurs DELPHINE BAVEREL

23 ans, Française, diplômée de La Cambre mode(s) (ENSAV).

Durant ses études, elle effectue un stage chez le gantier Causse, et tombe en amour  » pour les savoir-faire et le milieu du luxe « . Elle passera ensuite chez Fyodor Golan, Gaspard Yurkievich et Giles Deacon. Sa collection, Occupy : Another world is possible, s’inspire de l’univers des parachutistes et du  » caractère déterminé des premières aviatrices « . Ses vêtements agissent comme des protections : contre les intempéries ou psychologiques.  » Mon travail est teinté de mystique. Ma notion du vêtement comme protection magique me vient de mes lectures de récit de voyages de Jean Rouch, Lévi-Strauss… Je suis fascinée par la vision du monde des peuples primitifs, leur rapport à la nature.  » A.-F.M.

NAOMI COURAU

26 ans, Française, diplômée de La Cambre mode(s) (ENSAV).

Après son bac et un an de prépa à l’Atelier de Sèvres, elle débarque à La Cambre et se reconnaît  » dans les aspirations de l’atelier de stylisme « .  » J’y ai développé durant les trois dernières années un style street qui me tenait à coeur. Mon inspiration première est la rue. La mode que j’aime est celle qui se porte au quotidien.  » Durant son cursus, elle effectue des stages chez Moon Young Hee, Maison Martin Margiela et Jean Paul Gaultier. Sa collection de fin d’études s’appelle Home street Home.  » C’est tout ce que j’aime : les années 60, un vestiaire militaire féminisé. Entre mes 14 et mes 18 ans, j’étais une teufeuse. Je me suis servie des codes de cette tribu et des mods, pour concevoir des pièces qui me ressemblent.  » Le résultat : une collection  » qui aurait pu être créée pour ses potes « . A.-F.M.

LAURE SEVERAC

29 ans, Française, bachelière en architecture (Ensam, France) et diplômée en mode à l’Académie royale des beaux-arts d’Anvers.

Ce n’est pas exagéré de dire que les créations présentées par Laure Severac, en juin dernier, ont séduit l’assemblée. La jeune femme a raflé non seulement le prix BVBA 32 – la société d’Anne Chapelle, qui abrite des labels comme Ann Demeulemeester ou Haider Ackermann -, mais aussi celui du Flanders Fashion Institute.

Baptisée Elso, My Life, My Wife, la collection de cette Française installée à Anvers est une réflexion autour de sa passion pour le tricot, qu’elle aimerait d’ailleurs approfondir à l’avenir.  » Je manie les aiguilles depuis l’enfance, et c’est au contact de la spécialiste belge Hilde Frunt que j’ai développé une approche créative et professionnelle de cet artisanat.  » En résulte un vestiaire masculin et graphique, composé de pièces colorées, douces et puissantes à la fois.

Son point de départ ? Une peinture de David Hockney intitulée The First Marriage (A Marriage of Styles I), datant de 1962.  » J’aimais les couleurs et les textures, le mélange des styles. Et j’avais envie de travailler cette atmosphère particulière. Mixer le figuratif et l’abstrait, le moderne et l’ancien, et ce dans des formes primitives et des lignes enfantines.  » Autant d’associations qui ont servi de fil rouge à l’élaboration de sa collection. Dans ce tableau qui met en scène des noces, la femme occupe une place particulière par rapport à la figure masculine.  » Cette perspective est devenue le centre de mon histoire. Mon fiancé Elso a incarné ce personnage ; fort, androgyne et intemporel.  » C.PL.

MIRIAM LAUBSCHER

32 ans, Suissesse, diplômée en mode à la Haute école d’arts appliqués de Zurich et à l’Académie royale des beaux-arts d’Anvers.

Miriam Laubscher multiplie les apprentissages : trois formations dans les beaux-arts et la mode, un diplôme d’opticien, des cours de design de chaussures et de lingerie, une spécialisation dans le patronage expérimental, au Central Saint Martins College de Londres… Au niveau professionnel, elle a réalisé un stage chez Vivienne Westwood et travaillé pour Alexander McQueen, où elle officie encore en tant que free-lance. Pour construire sa collection Yellow, Red and Blue, elle s’est inspirée de l’expérience multisensorielle de l’artiste brésilienne Lygia Clark. Décédée en 1988, elle invitait le spectateur à manipuler ses oeuvres, et non pas à rester neutre. Une thèse qui peut être transposée aux robes, qui agissent comme des toiles sur lesquelles chacune invente sa propre histoire. Les créations de Miriam Laubscher se composent de fragments de tissus qui se superposent dans un jeu de textures et de teintes.  » Cela fait penser aux couches de papiers peints, qui se décollent du mur, ou à ce dégradé de couleurs qui transparaît sur un rideau, sous la lumière. Les émotions sont traduites dans les formes géométriques de mes silhouettes… Une collection qui révèle une femme dotée d’une présence réelle, qui conteste les définitions conventionnelles de la beauté.  » C.PL.

Accessoires FLORENCE COENRAETS

35 ans, Belge, diplômée en architecture à l’Institut Victor Horta, à Ixelles, et formée au métier de modiste à l’école Syntra, à Uccle.

Florence Coenraets débute sa vie professionnelle comme architecte. Puis s’essaie à la découverte d’autres horizons artistiques, via quelques formations. C’est un autoportrait d’elle, avec des branches de glycine posées sur la tête, qui lui fait prendre conscience d’un nouveau champ des possibles. Dans ses mains, n’importe quel matériau naturel (re)prend vie sous forme de coiffe. Elle expose ses portraits chapeautés à la Maison des Cultures, à Saint-Gilles. Avant de se lancer dans le métier de modiste, en 2014. Dans son atelier bruxellois, elle conçoit trois lignes par saison, produites à la main, en édition limitée. Sa collection automne-hiver 2015 joue sur un subtil équilibre de contrastes, entre force et douceur, mat et brillance, accents futuristes et beauté sauvage.  » Je m’inspire des coiffes et parures ethniques, du monde végétal et animal, des parures des rois et des dieux, du pouvoir des parades nuptiales et autres rituels. L’accessoire de tête a un pouvoir particulier : il établit un dialogue avec celui qui le porte. Il relie l’être à lui-même et au monde, en célébrant la beauté humaine.  » C.PL.

NIELS PEERAER

26 ans, Belge, diplômé de l’Académie royale des beaux-arts d’Anvers.

Son travail de fin d’études a été gratifié pas moins de cinq fois. Et une des récompenses consistait en la réalisation d’un sac en édition limitée pour la maison Delvaux, en 2011. Depuis, Niels Peeraer a poursuivi son chemin. Installé à Paris, il présente, chaque saison, une ligne de sacs et d’accessoires graphiques. A chaque fois, son travail estompe les frontières entre univers masculin et féminin, oppose la rigidité du matériau à la légèreté de ses dessins, tout en répétant à l’infini ce noeud désormais si caractéristique de la marque. Avec, pour résultat, une vision unique de l’accessoire.

Fait marquant, ses pièces en cuir au tannage végétal sont assemblées grâce à l’usage de petites vis en laiton, créant une esthétique personnelle.  » Ce procédé nous permet d’obtenir des lignes beaucoup plus nettes, ce qui améliore l’architecture de l’ensemble. Par ailleurs, au lieu de doubler la face intérieure du cuir, tellement belle, nous préférons l’enduire d’un produit, qui assure une surface lisse et propre.  » De quoi souligner la philosophie du jeune créateur :  » Ne pas choquer, mais apporter des bonheurs simples à l’existence.  » C.PL.

ESPÈCES

Marie Artamonoff (32 ans) et Sébastien Lacomblez (31 ans). Elle a un diplôme de bijouterie-joaillerie de l’IATA à Namur. Il a étudié les arts visuels et de l’espace, à l’école ARTS2, à Mons.

Le duo d’Espèces ? Un couple, Marie Artamonoff, formée à la bijouterie-joaillerie, et Sébastien Lacomblez, plasticien spécialisé en arts numériques. L’origine ? Un cadeau d’elle à lui, un crâne de chat dont la mâchoire servira de moule à un bijou puissant en argent massif. Leur label était né, c’était en 2013. Il puise depuis toujours dans la zoologie, source d’inspiration et de réflexion pour son travail de plasticien, elle crée des bijoux en travaillant le moulage. A deux, ils oeuvrent de façon organique :  » L’intérêt porté aux sciences du vivant apparaît comme un leitmotiv du processus créatif. Les os obligent à un dépassement en dehors de soi, devenus des objets de l’étrangeté, qui défient les notions de temps et de mortalité. Désacralisées, les pièces s’apprivoisent par la proximité entre le métal et la peau.  » La collection ne cesse de s’enrichir, sans renier les premiers bijoux – le pendentif mâchoire de chat ou le collier de vertèbres. L’inspiration de cette saison ? Le Conus textile, un coquillage que le tandem a traduit, grâce à un programme informatique, en  » motifs fous qui évoquent les automates cellulaires « . A.-F.M.

KIM MEE HYE

Kimy Gringoire, Belge née en Corée, 29 ans, formée à l’Institut des arts et métiers, à Bruxelles.

Il a fallu qu’un jour, sur une plage d’Ibiza, elle rencontre un artiste/tatoueur/joaillier pour qu’elle ose se lancer et entrer fougueusement dans le monde du bijou. La même année, c’était en 2008 mais un peu plus tard, elle se marie – son alliance sera sa première oeuvre, son vocabulaire précieux a trouvé ses racines, avec délicat mécanisme d’ouverture et message gravé mais secret. En 2012, Kimy Gringoire crée officiellement sa marque, lui offrant son nom coréen en guise de griffe, Kim Mee Hye. Elle signe une collection serrée de pièces coup de poing – un pendentif croix  » plus pour le symbole cosmique que pour des raisons religieuses « , des manchettes menottes, une bague swing-swing qui joue les doubles faces. Et dès ses débuts, les plus belles boutiques lui font une place d’honneur, de Colette à Paris à Opening Ceremony à New York ou 10 Corso Como à Séoul. En 2015, elle publie un livre qui dit beaucoup d’elle et de son travail, In Memory of Things to Come, réalisé avec le photographe Quentin de Briey et le mannequin Estefania Argelich, le carnet de bord d’une journée new-yorkaise qui se clôt avec Leonard Cohen :  » We are so lightly here. It is in love that we are made. In love we disappear.  » En écho, son mantra :  » Luxury is not only about gold, it’s about moments of life. Jewelry can be part of it.  » A.-F.M.

PAR ANNE-FRANÇOISE MOYSON ET CATHERINE PLEECK

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