Zimbabwe – Afrique mythique

Voyage au cour d’une Afrique indomptable et inattendue, là où la nature et la faune, merveilleusement préservées, offrent un spectacle fascinant.

Le grondement est assourdissant. Et le spectacle, fascinant. Imaginez quelque 550 000 m3 d’eau s’engouffrant, chaque minute, dans une faille de 107 mètres de profondeur et libérant une brume irisée, visible à plus de 20 kilomètres de distance…  » C’est le spectacle le plus saisissant que j’ai contemplé en Afrique !  » s’écria l’explorateur britannique David Livingstone, lorsqu’il découvrit pour la première fois, il y a cent cinquante ans, cette  » Mosi-oa-tunya  » (fumée qui gronde) qu’il baptisa Victoria Falls, en hommage à sa reine. A peine prononcé le nom des célébrissimes cataractes, qu’il nous semble avoir déjà conquis le Zimbabwe, cette pépite verdoyante d’Afrique australe lovée entre la Zambie, le Botswana et le Mozambique. Bien sûr, les chutes sont le joyau du pays, son point d’ancrage, son épicentre touristique. Mais cette contrée de 390 000 km2 ne se limite pas aux seules chutes.

Brute, sauvage et préservée, l’ancienne Rhodésie est telle qu’on l’espérait. Un territoire fait de crocs, de griffes, de pistes poussiéreuses, de sable rouge et de couchers de soleil d’une indicible beauté. Une Afrique gorgée d’espaces vierges où l’on se perd au c£ur d’immenses savanes, tour à tour effrayé par le rugissement d’un lion ou captivé par la démarche gracieuse d’une girafe. Car, ici, les animaux abondent. Il y a des hippopotames, des rhinocéros, des crocodiles. Il y a aussi des antilopes, des gnous et des babouins. On se prend alors à rêver d’aventures, tel un nouvel Indiana Jones partant sur les traces des pionniers qui posèrent pour la première fois les pieds sur cette terre mythique qu’ils n’ont eu de cesse de conquérir… Et de respecter.

A quelques encablures du village de Vic Falls,  » Elephant Camp  » est un îlot douillet perdu en pleine forêt et peuplé d’une quinzaine d’éléphants domestiqués. De véritables colosses de 3 à 6,5 tonnes qui se promènent en totale liberté. En s’approchant, il est facile de les caresser. Leur peau est craquelée comme un sol desséché. Et leurs oreilles ressemblent à des feuilles de choux.  » Rien que dans leur trompe, on dénombre plus de 800 muscles !  » s’étonne encore Wellington, l’un des guides. Une fois les participants installés derrière le cornac, perchés à plus de 2 mètres de hauteur, le safari à dos d’éléphant peut enfin commencer. L’expérience est épique. Jack, un jeune pachyderme de 25 ans, évolue doucement et marque des pauses impromptues devant les acacias dont il dévore goulûment les feuilles. La savane n’a jamais semblé si accessible…

Il ne faut rouler qu’une petite heure pour rejoindre les rives du fleuve Zambèze, ce géant des eaux long de 3 500 kilomètres et bordé de vastes plaines inondables. Nous sommes au centre de la  » Matetsi Safari Aera « , à la frontière du Zimbabwe, du Botswana, de la Zambie et de la Namibie. La faune qui s’ébat ici est exceptionnelle. Tel ce troupeau d’éléphants sauvages venu s’abreuver et s’enduire de terre en guise d’insecticide. Ou ce calao à bec jaune juché au sommet d’un arbre mort. Mais c’est au petit jour, lorsque l’on embarque sur un bateau plat, les yeux encore embués de sommeil, que le spectacle atteint son apogée. Là, une aigrette. Plus loin, un héron. Et puis, soudain, deux petits yeux ronds qui émergent des eaux… Un hippopotame ! En fait, ils sont des dizaines ! Des géants de 650 kilos à 3 tonnes qui, sous leurs airs débonnaires, sont parmi les plus rapides et les plus dangereux pour l’homme. Surtout lorsqu’ils refont surface sous les canots… Telle est l’Afrique. Indomptable et inattendue.

Le parc national de Hwange, situé à l’ouest du Zimbabwe, en est sans conteste la plus belle illustration. Une occasion unique de s’offrir le grand frisson de la vie sauvage sur près de 14 650 km2, plantés de savanes, d’acacias, de termitières, et tapissés de sable du Kalahari, jaune et poussiéreux. Ici, on y découvre les animaux comme nulle part ailleurs. Pas de pistes goudronnées, ni de hordes de touristes. Seuls des guides de brousse érudits et quelques lodges luxueux dispersés ici et là. Bref, les conditions idéales pour entrevoir les mythiques  » Big Five « , les cinq rois d’Afrique : lion, léopard, éléphant, buffle et rhinocéros. Pour cela, une seule solution : la traque. A l’aube, en fin d’après-midi ou pendant la nuit. Le cri d’une pie grièche, le rire d’une hyène ou le barrissement d’un éléphant… Chaque manifestation, rompant avec la quiétude environnante, est la pièce d’un puzzle conduisant, virage après virage, kilomètre après kilomètre, à la  » bête « . A bord du véhicule, l’ivresse est à son comble. Et pour cause : pas moins de 180 espèces de mammifères ont été recensés à Hwange. On y croise impalas, zèbres, girafes, phacochères, gnous, chacals, caracals, vervets, élans, koudous, cobes à croissant ainsi que bon nombre d’oiseaux épatants. Témoin le superbe guêpier écarlate qui émet, au sol, une sorte de  » clouc-clouc  » amusant. Ou encore, l’étonnante outarde qui, pour faire sa cour, s’envole très haut dans le ciel, se laisse choir en tourbillonnant et retombe impeccablement sur ses pattes…

Passé Bulawayo, deuxième ville du pays, on parvient aux collines de Matopos, inscrites au Patrimoine mondial de l’humanité et riches d’innombrables peintures rupestres dissimulées dans les cavités. Une fois pénétré, c’est un monde de granite aux formes diverses et étonnantes qui s’ouvre alors aux visiteurs. A chaque seconde, les milliers de blocs empilés les uns sur les autres et façonnés par l’érosion, donnent l’illusion de se détacher. Et pourtant, pas un bruit, pas un éboulement. La rocaille tient bon. L’atmosphère est étrange, spirituelle, magnétique ; le site, célèbre pour alimenter mille superstitions et cacher nombre de lieux sacrés. Pas étonnant qu’il ensorcela, autrefois, chefs Ndebele (tribu locale) et colons anglais parmi lesquels, le fondateur de la compagnie minière De Beers, Cecil Rhodes. Un rien mégalo, l’homme qui rêvait de relier Le Cap au Caire en train fit creuser sa tombe au sommet d’une colline qu’il surnomma  » The View of the World « , la vue du monde… On y découvre, frôlant le sol, une simple plaque de métal gravée à son nom et bordée de gros rochers arrondis, la vue portant à l’infini… Une de ces nombreuses histoires légendaires dont l’Afrique se délecte, et dont regorge, à l’extrême nord, le gigantesque lac Kariba, s’étirant sur plus de 5 000 km2 et comptant parmi les plus vastes lagunes artificielles de la planète.

Plus qu’un réservoir, ce plan d’eau est une véritable mer intérieure semée d’îlots et bordée de montagnes. Sa création, en 1959, se confond avec celle du barrage éponyme sur le fleuve Zambèze. Un chantier titanesque qui faillit bien tourner court : les Batonkas – les autochtones – ayant invoqué le Nyaminyami, dieu du fleuve à tête de poisson et au corps de serpent, pour protéger leur environnement et leurs intérêts. Dès lors, les éléments se déchaînèrent : élévation brutale du niveau des eaux, canicule inaccoutumée, pluies torrentielles… Mais rien n’y fit : 50 000 personnes et près de 5 000 animaux furent finalement déplacés lors de l’opération Noé, afin de les préserver des vallées inondées… Depuis, éléphants, buffles et rhinocéros prospèrent en toute tranquillité. Pour les découvrir, il suffit de sillonner le parc national de Matusadona. Sur terre comme sur les eaux, les paysages de forêt sont à couper le souffle. Tels ces milliers de tectonas, à moitié submergés par les flots, qui ne pointent plus vers le ciel que leurs branches squelettiques. Sorte de statues aquatiques autour desquelles gravitent hippopotames, crocodiles ou poissons tigres, spécimens locaux réservés aux pêcheurs entêtés et talentueux. Il faut se laisser ensorceler par ces paysages énigmatiques et mystérieux, s’adonner sur cette immense mer d’huile aux joies du canoë et du bateau… Mais gare aux visiteurs trop intrépides, le Nyaminyami n’aurait toujours pas déserté les lieux…

Zimbabwe en pratique

n Renseignements.

Faute d’Office de tourisme attitré, s’adresser à l’ambassade du Zimbabwe, 11, square Joséphine Charlotte, à 1200 Bruxelles. Tél. : 02 762 58 08. Fax : 02 769 96 05.

n Formalités.

Visa obligatoire pour les ressortissants belges. Le passeport doit être valable six mois après la date de retour et avoir au moins deux pages vierges face à face. Le visa peut s’acheter sur place, en euros ou en dollars américains. Compter 25 euros l’entrée simple.

n Langues.

L’anglais est la langue officielle suivie par le shona et le ndebele.

n Monnaies.

La monnaie locale est le dollar zimbabwéen (1 euro = 77 455 dollars zimbabwéens). Tous les moyens de paiement sont acceptés (cartes de crédit, chèques de voyages, cash euro et dollars américains), bien que l’utilisation de la carte de crédit soit vivement déconseillé. Le taux de change imposé par le président en exercice se révélant très fluctuant, la meilleure monnaie reste le dollar américain.

n Vaccins.

Aucune vaccination n’est requise, sauf si vous arrivez d’une zone contaminée par la fièvre jaune. Dans ce cas, vous devrez présenter un certificat de vaccination contre cette maladie. Prévoyez également un traitement antipaludéen dans les zones chaudes et humides du pays.

n Téléphoner.

Depuis la Belgique, composer : + 263.

n Décalage horaire.

+ 1 heure par rapport à Bruxelles, en hiver comme en été.

n Saison idéale.

Lors de la saison sèche qui va de début avril à fin novembre. En mai, suite aux grosses chaleurs, la végétation est luxuriante et abrite une vaste palette d’oiseaux. Le début de la saison des pluies est également recommandé. C’est à cette période que les antilopes mettent bas et que les fauves décident de s’attaquer à ces proies.

n Y aller.

Swiss International Airlines assure 6 vols hebdomadaires entre Bruxelles et Johannesburg, via Zurich. A partir de 768 euros en classe économique et 2 908 euros en classe affaires, taxes d’aéroport comprises. Le tout en airbus A340, dernier fleuron de la compagnie. Tél. : 078 15 53 19. Internet : www.swiss.fr

Liaisons quotidiennes Johannesburg-Harare avec British Airways (Comair), South African Airways ou Air Zimbabwe. Contacter votre agence de voyages pour toute réservation.

n Se loger.

Royal Livingstone. Superbe complexe au style victorien bordé par le fleuve Zambèze, à la frontière du Zimbabwe. Sun International, tél. : +33 1 58 71 40 53. A partir de 167 euros/personne en chambre double et petit déjeuner.

The Hide. 10 lodges luxueux au c£ur du parc national de Hwange.

Tél. : + 263 4 25 27 10. Internet : www.thehide.com. A partir de 240 euros la nuit en pension complète.

Camp Amalinda. 9 chambres grand standing taillées à même la roche dans les collines de Matopos. Tél. : + 263 9 24 39 54. A partir de 180 euros la nuit en pension complète.

n Se restaurer.

Bien que très occidentalisée, la gastronomie décline quelques plats locaux tel le  » satza and niama  » (porridge accompagné de viande). La viande est cuite pendant des heures jusqu’à ce qu’elle en devienne filandreuse et s’effiloche façon  » pot au feu « . Egalement très appréciée des adeptes du barbecue : la traditionnelle Boereworst (la saucisse du fermier) venue d’Afrique du Sud.

n Voyagiste.

L’agence Akitsi Safaris invite à une découverte intimiste, personnalisée et sur mesure du Zimbabwe, du Botswana ou de la Namibie. A partir 3 500 euros/personne pour dix jours (pension complète et safari inclus). Tél. : +33 1 44 30 04 44.

Internet : www.akitsi.com

n A rapporter.

Sculpture, peinture, céramique, argenterie, tapisserie, confection ou vannerie… Pas un art dans lequel les Zimbabwéens n’excellent ! Ces artistes hors pair transforment tout ce qui leur passe entre les mains : bois, pierre de savon ou matériaux de récupération.

n A voir.

Great Zimbabwe, au sud-est d’Harare, est la plus grande cité médiévale de l’Afrique subsaharienne, avec ses murs de 11 mètres de hauteur et sa fascinante enceinte atteignant 250 mètres de diamètre.

n A lire.

 » Botswana « , Lonely Planet (2002) ;  » Africa Trek « , par Alexandre et Sonia Poussin, Robert Laffont (2004) ;  » Dernier Journal « , par David Livingstone, Arlea Poche (1999).

Reportage : Marion Tours

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