S oyons clairs : nous n’en sommes pas peu fiers. Convaincre un artiste britannique qui a, à son actif, plus d’un million et demi d’albums vendus de venir expressément à Bruxelles pour un shooting de mode n’est pas une mince affaire. Mais voilà, Chris Corner est beau joueur et, de surcroît, fan de mode à ses heures. Conciliant, le chanteur de Sneaker Pimps et maître d’£uvre du nouveau projet musical I AM X a donc accepté le défi lancé par notre magazine : jouer tout simplement au mannequin d’un jour pour fêter en fanfare l’avènement de la saison masculine du printemps-été 2005. Coqueluche improvisée de notre Spécial Homme, l’énigmatique Chris Corner a donc posé sous les feux de la mode estivale dans une atmosphère aussi détendue qu’envoûtante. Sans broncher. Pendant huit heures. Soyons modestes : le résultat est superbe ; le pari, réussi ( voir pages 38 à 49). Certes, le choix stylistique de ce shooting exclusif n’épouse pas LA grande tendance de cet été qui invite le mâle à hisser les couleurs sans peur et sans reproche ( voir page 12), mais il suggère, à sa façon, que l’homme dispose désormais d’une palette de styles infinis qu’il adopte ou non selon son bon vouloir.

Comme le souligne d’ailleurs Ozwald Boateng, l’un des créateurs phares de la mode masculine actuelle,  » les hommes ont la chance d’avoir aujourd’hui les mêmes options vestimentaires que les femmes  » ( lire son interview en pages 26 à 30). Un zeste provocatrice, cette remarque a priori amusante ne doit pas être prise comme un simple bon mot. Car elle signifie en clair que le mâle du xxie siècle ne se résume plus à l’éternelle caricature du bon employé en costard-cravate guindé. Libéré de ce carcan moralisateur, l’homme actuel peut û s’il le veut vraiment û s’habiller différemment en faisant preuve d’audace et d’originalité. Les opportunités sont énormes et ne demandent qu’à être cueillies. D’ailleurs, pour aller jusqu’au bout de la pensée d’Ozwald Boateng, on pourrait même l’inviter à revêtir robes et jupes comme son alter ego féminin. Pourquoi pas après tout ? Les mâles en portaient bien à Rome il y a deux mille ans, les arboraient chez nous au Moyen Age et continuent d’ailleurs à les chérir aujourd’hui dans certaines parties du globe. C’est sûr, nous y reviendrons un jour. Tout n’est qu’une question de cycles. Mais soyons aussi coupables : nous n’y avons pas pensé pour l’aimable Chris Corner. Je suis sûr qu’il aurait accepté. Ouvert et moderne comme il est.

Frédéric Brébant

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