Fanny Bouvry
Rien ne se perd…
C’était il y a une quinzaine d’années. Jeune architecte reconvertie au journalisme, je rencontrais pour la première fois le collectif Rotor, alors fraîchement créé et pas encore connu à l’international. Dans son repaire bruxellois, s’amoncelaient des matériaux hétéroclites récupérés sur des chantiers et formant un joyeux bazar. L’objectif d’alors de la team : fournir des matières premières aux associations du coin pour imaginer la Zinneke Parade qui animerait les rues de la capitale cette année-là.
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Depuis, cette bande de penseurs décontractés, avant-gardistes sans vraiment s’autoproclamer comme cela à l’époque, a fait un chemin énorme et largement professionnalisé la récolte et la redistribution des rebuts de chantier. Et l’un des fers de lance de ce groupe, Lionel Devlieger, rend aujourd’hui hommage, dans ces pages, et au travers d’un livre, à celui qui, bien avant lui et ses acolytes encore, a eu cette idée un peu folle de glaner vieux châssis, pierres anciennes et tuiles inutiles pour bâtir de nouveaux châteaux…
Son nom est certes inconnu du grand public : Marcel Raymaekers. Mais alors que se succèdent, en nos temps de crise, les pénuries de matériaux et que le secteur de la construction se positionne parmi les plus polluants, avec celui de la mode, les mots de Rotor, comme ceux de ce créateur iconoclaste, résonnent comme des prophéties. A quand une brique de récup’ dans le ventre des Belges ?
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