« Demain, avec ma génération, on va devoir gérer les conséquences des décisions qui sont prises aujourd’hui »: rencontre avec Adélaïde Charlier, activiste

© PHOTO ALEXANDER D'HIET

Elle a 20 ans et est la preuve que jeunesse peut rimer avec engagement. Notre Greta à nous, Adélaïde Charlier, vit une vie à mille à l’heure et jongle entre ses casquettes de student, de conseillère et d’activiste avec un dynamisme et une simplicité propres à cette génération Z qui fait bouger les lignes. Rencontre sous le signe de l’urgence climatique, à l’aube de la COP26.

Beaucoup d’évènements m’ont transformée au cours de mon parcours. A l’âge de 12 ans, ma famille a déménagé au Vietnam. Je me suis retrouvée catapultée dans un monde totalement différent, avec une autre langue et une autre culture, c’était désarçonnant au début. Et puis, je pense que mon passage à l’école des Nations unies de Hanoi m’a clairement formée et façonnée. Je veux dire par là que nous avions énormément de débats autour des questions climatiques, des enjeux concernant le développement durable, la protection de la biodiversité. Et forcément, ces débats ou ouvertures que j’avais à l’école, je les ramenais à la maison et les poursuivais. Au-delà de ça, je pense aussi que j’ai pris conscience de l’urgence climatique car je voyais réellement les conséquences de cette crise. Que ce soit la première migration climatique, la montée des eaux du Mékong qui ne permettait plus la culture du riz, tout ça se passait sous mes yeux. C’était réel.

Tout change, et le changement peut être positif. Je suis devenue végétarienne et ma mère m’a suivie dans cette transition, on a considérablement réduit nos déchets, on achète en vrac en soutenant les agriculteurs du coin, ainsi que l’économie locale. Après, c’est sûr que cette transition reste un privilège, acheter bio et/ou en vrac coûte plus cher et donc n’est pas accessible à tous mais c’est un autre débat… Chez moi, nous sommes six. C’est clair que ma famille me suit dans mon engagement mais ça me prend beaucoup de temps. Je ne suis jamais là ou alors je cours partout. Quand j’organise une manifestation, je demande à toute la Belgique de me rejoindre donc évidemment que mes soeurs et mes parents viennent. Je dirais que mes parents m’ont toujours sensibilisée à la crise climatique, ils ne m’ont cependant pas assez parlé de son urgence.

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On doit absolument aujourd’hui questionner les habitudes mises en place dans notre société. Pour la COP25 qui devait se dérouler au Chili en 2019, j’ai eu la chance de faire partie de l’équipage de « Sail to the COP ». C’était très important pour moi de rester cohérente. On était dans les rues depuis des mois et je me voyais mal rejoindre la conférence par avion. Derrière l’idée de rejoindre la COP par bateau, on voulait surtout envoyer un message symbolique fort et puissant et ouvrir le débat sur nos manières d’envisager le transport. Pendant un mois nous avons traversé l’Atlantique, ce qui a été compliqué pour moi car j’ai découvert que je n’avais pas du tout le pied marin. Mais pendant la traversée, on a travaillé sur des rapports concernant la transition écologique, la question des transports, les solutions que l’on peut mettre en place, des changements dans l’éducation aussi. C’était vraiment l’occasion pour plein de jeunes de pouvoir faire entendre leurs voix et de travailler tous ensemble

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Etre jeune aujourd’hui, c’est avoir les yeux ouverts sur le monde et le questionner. Je n’ai pas l’impression de passer à côté de ma jeunesse, justement j’ai l’impression de la vivre à fond. Face à mes interrogations sur la société, les gens ont tendance à toujours me dire « mais c’est normal, on a toujours fait ça comme ça » et je me dis juste que peut-être il y a une autre manière de faire. Et il faut prendre conscience que demain, avec ma génération, on sera aux rênes de cette société, et on va devoir gérer les conséquences des décisions qui sont prises aujourd’hui. J’ai la chance de passer mon temps entourée de plein d’autres personnes qui font bouger les lignes, j’apprends tous les jours, en allant dans les rues ou à l’école. Je vis ça à mille à l’heure et c’est extrêmement enrichissant.

On doit agir. C’est clair qu’avec la COP26, qui débute le 1er novembre à Glasgow, on y sera et on continuera de faire entendre notre voix. On ne peut demander au politique que d’être ambitieux, d’écouter la science et de prendre des décisions alignées avec les accords de Paris pour réussir ses objectifs et éviter la catastrophe. Cette convention est de la plus haute importance parce que les décisions qui seront prises, ou non, auront un impact sur nous, sur ma génération.

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