Coeur avec les mains, mamans absentes et selfies: à quoi ressemblent nos photos souvenirs en 2024?

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© Getty images
Amélie Micoud Journaliste

A l’ère numérique, notre rapport à l’image a changé. On ne photographie, diffuse et conserve ses clichés personnels plus de la même manière qu’il y a quelques décennies. A quoi ressemblent nos photos aujourd’hui? Comment les montre-t-on et comment documenteront-elles, un jour, l’histoire?

JO de Paris2024, Léon Marchand remporte une énième médaille d’or. Après l’hymne français et les coucous au public, un bras anonyme tend un smartphone au champion français. Celui-ci s’exécute à la seconde, ses comparses de podium aussi, dans un selfie un tantinet forcé par cette demande extérieure.

Cette scène se reproduira pour chaque podium, enjoignant la Terre entière à se demander à quoi et à qui étaient destinés ces clichés et surtout, si on pourrait les voir. Il s’agissait en fait des « selfies de la victoire », une opération publicitaire orchestrée par Samsung pour que les sportifs puissent immortaliser leur médaille et partager la photo avec leur famille ou sur les réseaux sociaux. #samsung, évidemment.

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Les Jeux Olympiques de Paris 2024 ont mis en évidence une autre façon de poser 2.0, qui court depuis l’avénement du smartphone et des réseaux sociaux: la tendance à faire des coeurs avec les mains, qu’il s’agisse des sportifs ou des gens du public, quand, il y a quelques années encore, l’athlète se contentait d’un coucou, d’un V de la victoire avec les doigts, ou à la rigueur, d’un bisou envoyé à la main.

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Les photos souvenir, en 2024, c’est en partie ça: des selfies et des coeurs avec les doigts. L’ère du smartphone a évidemment transformé notre rapport à la prise de vue photographique. Habituation à prendre la pause, cadrage, temporalité, choix des sujets, multiplication des prises de vue… Tout, absolument tout a évolué, jusqu’à la façon de les regarder et de les conserver, ces photos. Les albums de famille aux feuilles jaunissantes qui prennent de la place semblent bien loin. On scrolle un feed insta ou on fait défiler les stories là où, il n’y a pas si longtemps encore, on organisait des séances diapo. La bonne époque!

Où sont les femmes?

« Auparavant, dans les familles, on avait un seul appareil et un photographe unique, producteur privilégié de cette mémoire, en charge de l’entretien et de sa conservation. Cette personne organisait l’album, les soirées diapos, etc. Maintenant, autour d’une table, il y a autant de sources et de points de vue que de personnes », explique André Gunthert, maître de conférences en histoire visuelle à l’Ecole des hautes études en sciences sociales (EHESS) à Paris, dans un entretien accordé à Libération en 2022.

Auparavant, entendez par là: à l’époque de la photographie argentique, il y a seulement quelques décennies. Avant la démocratisation du numérique d’abord et des smartphones ensuite, c’était bien souvent papa qui prenait les photos de famille avec son Canon pendant que maman se chargeait de la suite, à savoir le passage (x 2) chez le photographe, et des albums photo (ou entassement des pochettes dans un coin de placard).

Sauf exception, si elle voulait prendre des photos, celle-ci se contentait bien souvent d’un appareil photo compact. Clic clac Kodak. La partie technique qu’impliquait la maîtrise d’un Reflex incombant, forcément, à la gent masculine. Un peu comme les voitures ou le barbecue… De là à parler de charge mentale féminine de l’archivage des souvenirs familiaux, il n’y a qu’un cliché.

Autre fait notable pour les femmes, les mères en l’occurence, leur quasi absence des photos de famille. Aujourd’hui, pour reprendre les propos d’André Gunthert, les photographes sont multiples, et cette multiplicité de prises de vues, pour ne pas dire de points de vue, a mis en évidence une différence dans la façon de photographier et documenter les souvenirs familiaux selon qu’on est le père ou la mère.

Il y a quelques années, un article du blog de maternité Motherly avait fait le buzz dans le monde de la parentalité: Dear dads: Take the picture. Dans cette lettre, son autrice, Cyndy Gatewood, faisait le constat amer qu’elle n’apparaissait pas ou très peu – trop peu en tout cas – avec ses enfants en photo. Et que, lorsque ces photos existaient, elles n’étaient pas à l’avantage de maman. « Take the picture » enjoignait-elle aux papas du monde dans son billet, pour que les enfants aient un – joli, tant qu’à faire – souvenir de leur maman. « J’ai regardé dans mon téléphone, écrit Cyndy Gatewood, et j’ai réalisé que j’avais des tonnes de photos de mon mari jouant avec nos enfants, mais très peu de photos de MOI avec les enfants. Et c’est totalement de ma faute. Soit je suis derrière l’objectif, soit je n’ai pas envie qu’il prenne une photo de moi sur le vif car je ne suis pas maquillée ou que c’est pas le bon angle, parce que j’ai une mentalité réseaux sociaux. J’ai toujours cette impression que le cliché sera posté et que tout le monde le verra ».

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Une « mentalité réseaux sociaux » résume Cyndy Gatewood dans son billet, je pose donc je suis. Et les mères ne sont bien évidemment pas les seules concernées par cette volonté d’être à son avantage. Si l’ère des duck faces et des filtres semble, si ce n’est résolue du moins remise en question – on veut un retour au naturel! – aujourd’hui, même l’anonyme veut maîtriser son image. On ne sait jamais, après tout. Car autrefois, les photos de famille restaient dans la sphère privée. En dehors des techniciens tirant vos photos, personne d’autre que vous n’était amené à les voir. Il vous était loisible de décider de les montrer à l’entourage ou de les garder secrètement dans une boîte à chaussures planquée sous le lit.

Bébémojis et fausse spontanéité

En 2024, même si vous ne postez pas de photos de vous et de votre descendance sur Instagram, il est fort probable que vous ayez intégré des réflexes de protection de vos clichés personnels. Difficile de contrôler et faire valoir son droit à l’image quand on peut se retrouver, à l’insu de son plein gré, sur la photo de vacances d’un touriste aux 30k followers sur TikTok.

« En passant de l’album aux réseaux sociaux, l’image privée d’autrefois a accédé à l’exposition publique, multipliant son impact social dans des proportions inédites », écrit André Gunthert dans l’article La visibilité des anonymes publié sur son blog. On a glissé de l’image vernaculaire – l’image produite par l’amateur soucieux de documenter son quotidien sans intention artistique – à une photographie dont on sait, plus ou moins consciemment, qu’elle pourrait nous échapper. On se souvient tous de cette pauvre Jennifer Lawrence qui avait vu l’une de ses photos intimes, destinée à son petit ami, exposée au monde entier, instillant l’idée dans l’inconscient collectif qu’à l’ère d’internet, nos photos privées ne sont pas à l’abri d’être hackées… et diffusées.

Et sans aller jusqu’au hacking, le formulaire d’autorisation de droit à l’image que doivent dorénavant signer les parents à chaque rentrée scolaire, afin d’autoriser l’école à prendre des photos des enfants à des buts pédagogiques et de diffusion, suffit à entretenir la méfiance parentale contemporaine à l’égard du numérique.

André Gunthert donne une parfaire démonstration de cette précaution – pour ne pas dire peur – des parents en évoquant les stickers posés (virtuellement) sur les visages des enfants sur les réseaux sociaux. Ce qu’on appelle en 2024 les « bébémojis ». « Ce comportement peut paraître contradictoire: à quoi bon publier une photo sur Facebook si l’on souhaite protéger son sujet? Ne serait-il pas préférable de réserver sa diffusion au cercle des intimes? », s’interroge le chercheur. Car si ces émojis sont séduisants: ils permettent de cacher un visage tout en exprimant une émotion et ainsi, de continuer à incarner les photos, ils ne suffisent pas à protéger les enfants de façon absolue. En donnant un semblant de sécurité, certains parents seraient alors tentés de montrer, malgré tout, leur enfant dans des situations intimes, tout nus dans leur bain ou sur la plage, par exemple.

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Mais au-delà de la peur de voir nos photos nous échapper, le passage à une exposition publique a profondément modifié nos façons de poser et donc, nos rendus photographiques. On pense, dès la prise de vue, à ce qu’on pourrait mettre sur Instagram… Même quand, finalement, on ne poste pas. Plus question de montrer ses photos de vacances à un cercle restreint, commentaires in real life à l’appui « Là c’est tonton devant l’église Saint-Trucmuche, en juillet dernier, il faisait super chaud ». On diffuse nos photos de vacances dans des stories, sachant, selon son nombre de followers, que des gens qu’on connait à peine les verront, et espérant, même inconsciemment, être validé par des likes.

Dans ce cadre, c’est quand même mieux d’être à son avantage… On en revient au souci de la mère d’être à la fois spontanée et présentable sur les photos de famille: je lis une histoire à mon enfant et je suis photographiée sans en avoir (prétendument) conscience… mais je suis jolie. Quant au devenir des photos considérées comme ratées, seront-elles le souvenir photographique maternel qui restera aux digital natives quand ces derniers seront vieux? Quelle photo de leur mère choisiront-ils d’imprimer, d’encadrer ou de garder précieusement?

Dématérialisée

« En tant que conservatrices dans un musée de la photographie, les archives familiales du futur nous questionnent. Quelles seront les archives photographiques des générations actuelles? Est-ce qu’elles nous parviendront? », s’interrogent Adeline Rossion et Charlotte Doyen, responsables du service collection au Musée de la Photographie de Charleroi.

La question de l’archivage des photos préoccupe autant qu’elle est, peut-être plus que jamais, négligée. Comment s’assurer que nos images personnelles conservées sur des supports numériques seront pérennes et surtout, tranmises à notre descendance?

« Il est plus facile de sortir les albums que de chercher dans les milliers de photos stockées dans le smartphone. »

Même les (vieilles) photos imprimées ont de grandes chances de finir, après trois ou quatre générations, sur les étals des marchés aux puces. Elles sont, dans le meilleur des cas, achetées par le quidam qui n’a aucune idée de qui se trouve sur la photo. Dans le pire des cas, elles finissent pas disparaître, et avec elles ces visages devenus anonymes, pour toujours. « Dans le fond, il n’y a pas tant de différence entre l’état numérique et papier de la mémoire photographique. La plupart des albums conservés sont mal documentés, les photos dorment en vrac dans des pochettes ou des boîtes. Les personnes prennent rarement la peine de tout légender. Quand l’agent de cette mémoire n’est plus là, on ne peut plus identifier les personnages, les lieux ou les événements. Cette mémoire finit par être abandonnée, et le sens de ces images perdu. », rappelle André Gunthert à Libération, remettant en perspective cette problématique de l’archivage pas si contemporaine, finalement.

Alors qu’adviendra-t-il des photos que nous prenons aujourd’hui? « Si de très rares personnes constituent encore des albums à partir de photographies imprimées ou que d’autres (peut-être un peu plus nombreuses) réalisent des albums en ligne qu’ils font imprimer comme des livres, bien souvent ces photographies finissent sur un Cloud, un disque dur, un ordinateur ou restent dans le téléphone. Nous pressentons aussi que les photographies sont aujourd’hui davantage montrées de façon éphémère, en story ou sur Snapchat, et qu’alors il n’y a plus vraiment de trace. », constate Adeline Rossion, avant d’évoquer le problème du tri des photographies, « dans le meilleur des cas, ces photos sont alors rangées dans un dossier précis où elles ne seront que très peu revues car trop nombreuses. »

Imprimez vos photos!

Photographe des familles dans la région de Mons, Emilie Valet exprime un besoin de sa clientèle – des mamans surtout! – de pouvoir garder et montrer ses photos sur des supports plus « vivants » qu’un écran. Sur du papier, pour les exposer chez soi, dans un album, « car il est plus facile de sortir les albums que de chercher dans les milliers de photos stockées dans le smartphone ou le PC… » On en revient au problème de tri et sélection des photos.

Cela étant, malgré ce besoin d’une matérialité physique, la photographe n’envisage pas de ne pas livrer ses photographies au format numérique, « pour pouvoir les mettre dans son smartphone, sur les réseaux sociaux, les montrer à des gens qui sont loin. Même si j’insiste toujours sur l’importance de l’impression des photos… L’un ne va pas sans l’autre. »

Et côté prise de vue alors? « Souvent, les gens trouvent que les photos qu’ils font avec leur smartphone sont toujours un peu les mêmes », explique Emilie Valet. « Je vais apporter un regard neuf sur leur vie, leur famille, leurs échanges. Ils ont des photos différentes, qu’ils ont envie de montrer, où l’on perçoit la personnalité du sujet. »

Pour Adeline Rossion, le sujet entre les photos plus anciennes et actuelles demeure le même, depuis que la photographie s’est démocratisée, c’est à dire depuis qu’elle est sortie du studio professionnel, après les années 30. « On photographie ce qui nous plait, les paysages, les moments partagés, on se photographie ou on se fait photographier devant un monument, un décor, un œuvre d’art… L’important est de montrer qu’on y était et de garder une trace. Certes, on photographie peut-être plus sa nourriture qu’avant et les selfies sont plus nombreux qu’autrefois, pour des raisons pratiques évidentes. Le fait de passer au numérique a évidemment changé énormément notre rapport à l’image, pouvoir voir directement la photographie permet de la recommencer immédiatement. Il y a donc moins de « raté » au sens « photographie ratée » (floue, mal cadrée…) mais aussi d’occasions manquées. On peut, la plupart du temps, recommencer autant de fois que l’on veut l’image. »

En résumé, la grande différence résiderait davantage dans la matérialité et la diffusion de ces images, que dans le sujet poseur lui-même.

Témoin du passé

La photographie, qu’elle soit numérique et contemporaine, ou argentique et plus ancienne, est de toute façon vouée à échapper tôt ou tard à la sphère privée aussi parce qu’elle dit un bout d’histoire. C’est sans doute pour cette raison que la photographie vernaculaire passionne.

Jean-Marie Donnat est artiste « iconophage », curateur et éditeur, Lukas Birk, artiste, archiviste et éditeur. Tous deux appartiennent au Vernacular Social Club, qui rassemble des collectionneurs de ces photos d’amateurs. Photographies vernaculaires donc, qui finissent par quitter un foyer pour se retrouver dans des ventes aux enchères, des marchés aux puces, chez des antiquaires ou dans les collections de diverses structures culturelles.

« Nous souhaitons encourager la préservation et l’interprétation des photographies de famille ainsi que d’autres images de ce type. Nous réfléchissons à la manière dont nous pouvons les utiliser pour comprendre le passé et le présent » explique Lukas Birk avant de raconter qu’il a vu de vieilles photos vendues aux enchères pour des sommes considérables simplement parce que quelqu’un leur avait donné un sens à travers une histoire. « Aujourd’hui, si un cliché a une signification, ce n’est que pour un temps très court. Alors que le présent dans l’image devient si éphémère, comment cela affectera-t-il notre compréhension du passé? Je pense qu’il est encore trop tôt pour dire comment nous classerons ou structurerons ces images à l’avenir. »

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On se souvient des photos dans nos livres d’histoire. En noir et blanc, en couleurs, sujets anonymes ou pas, certaines marquant l’histoire avec un grand H à tout jamais. Comment écrira-t-on cette histoire dans quelques décennies, avec comme documentation iconographique des clichés éphémères, potentiellement générés par une IA ou tout simplement disparus dans les limbes d’internet? « La photo vernaculaire est un très bon marqueur historique, la déchiffrer nous en apprend sur notre société », plussoie Jean-Marie Donnat qui définit cette photographie vernaculaire comme un « autoportrait du XXe siècle pris par l’homme de la rue ».

Et pour l’artiste et collectionneur, la photo contemporaine, dématérialisée et instagrammable, n’est pas en reste. Il a d’ailleurs publié une série d’ouvrages, What The Fuck, consacrés à celle-ci et rassemblant des photos glanées sur la toile, entre cabinet de curiosités en forme de Museum of Internet et corpus documentaire. « La photo de famille n’est qu’une des typologies de la photographie vernaculaire. Dans nos sociétés occidentales la photo de famille est à l’image de la famille elle même – éclatée, recomposée, décomposée, inexistante ou ultra-conservatrice. »

Ce n’est donc pas parce que la photo ne ressemble plus à celle d’autrefois, dans son rendu et ses qualités esthétiques mais aussi dans sa matérialité, qu’elle ne documente plus notre société. Peut-être, faut-il seulement considérer qu’elle évolue comme le monde. « Les photos de couples homosexuels sont désormais banales alors qu’elles étaient taboues il y a vingt ans. » affirmait encore André Gunthert dans son entretien à Libération.

Enfin, la photographie argentique n’est pas morte. N’en témoigne le succès des appareils Polaroid et même, plus récemment, le grand retour du jetable.

L’influenceuse superstar aux 4,7 millions de followers, Léna Situations, a même lancé un… compte insta, lena’s disposable, dans lequel elle poste ses photos prises avec un bon vieux petit appareil compact. « This is the photos diary I will show to my futur grandkids to prove them that grandma was fucking cool » annonce-t-elle fièrement dans sa bio Insta. Un besoin de mémoire autre que les plus de 3000 photos et vidéos qu’elle a postées sur le compte qui l’a fait connaître? Sans nul doute. Il n’empêche qu’avec, à ce jour, 24 clichés en deux années, le « photos diary » a encore bien besoin d’être rempli. Pas si simple, de montrer des photos de mamie quand elle était jeune à ses petits-enfants, en 2068…

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