Andrew Tate: qui est le leader des influenceurs masculinistes, devenu multimillionnaire
Muscles saillants, cigares et voitures de luxe: Andrew Tate, désormais dans les mailles de la justice en Roumanie, est l’un des plus célèbres influenceurs au monde, surtout connu de millions d’adolescents qu’il abreuve de théories masculinistes.
Avec ses recettes de réussite mais aussi ses discours misogynes parfois violents, cet ancien champion de kickboxing britannique de 36 ans, qui a aussi la nationalité américaine, a été arrêté fin décembre et mis en examen à Bucarest pour trafic d’êtres humains en bande organisée.
Assigné à résidence après trois mois de détention provisoire, il est accusé avec son frère Tristan d’avoir dupé plusieurs victimes à des fins « d’exploitation sexuelle », notamment pour la production de films pornographiques.
Il clame son innocence et continue de dispenser ses leçons de vie sur Twitter, où il est suivi par 6,9 millions de personnes.
« Nous allons tous disparaître un jour. La différence entre moi et la plupart des gens est que lorsque je disparais, le monde ressent toujours ma présence », lançait-il fin janvier.
Dans un message diffusé mardi, il écrivait encore: « La vie doit être vécue jeune. L’âge d’or, c’est se rappeler à quel point on était un dur à cuire ».
En 2022, Andrew Tate a été l’un des noms les plus recherchés sur Google. Mais c’est seulement fin décembre que de nombreux adultes ont découvert son nom et son aura auprès des jeunes hommes, dans le monde anglophone et au-delà.
Collection de voitures
Il s’était auparavant illustré dans un échange viral sur Twitter avec Greta Thunberg. « Donne ton adresse mail pour que je t’envoie la liste complète de ma collection de voitures et de leurs énormes émissions », a-t-il écrit à la militante écologiste, avec une photo de lui faisant le plein d’une Bugatti dans une station service. La réplique cinglante de la Suédoise a été retweetée des centaines de milliers de fois.
Cet échange signait la rencontre de deux mondes irréconciliables.
Andrew Tate est né aux Etats-Unis en 1986 selon son site internet. Mais il a grandi, avec sa mère et son frère, en Angleterre, à Luton, au nord de Londres, après la séparation de ses parents et vit depuis plusieurs années en Roumanie.
Il s’est d’abord fait connaître en participant à l’émission de télé-réalité Big Brother, au Royaume-Uni, en 2016. Mais il a rapidement été éliminé après la diffusion d’une vidéo le montrant en train de frapper une femme.
Puis il s’est tourné vers les réseaux sociaux.
En août, il a été banni de plateformes, dont Instagram et TikTok, pour ses messages misogynes. Son compte a par contre été rétabli sur Twitter, une fois qu’Elon Musk a pris les commandes de l’entreprise.
Multimillionnaire
Il a créé la « Hustler’s university » où il promet, contre un abonnement payant, d’enseigner « les secrets que SEULEMENT les gens les plus riches connaissent ».
« J’ai grandi fauché et maintenant, je suis multimillionnaire », écrit-il sur son site. Il y est question de sa « war room », sa salle de combat, dont « la mission » est de donner « à TOUS les hommes les moyens de devenir la meilleure version d’eux-mêmes ». « TOUS les hommes doivent être forts », répète-t-il comme un leitmotiv.
Mais ce sont ses discours sur les femmes qui sont le plus controversés. « Il n’y a pas de femme indépendante », a-t-il proclamé dans un podcast. « Si une femme n’a pas un homme qui la dirige, elle va tout foutre en l’air ». Ou encore: « Je suis un réaliste. Et quand vous êtes un réaliste, vous êtes sexiste ».
Il décrit comment il frapperait une femme qui l’accuserait de le tromper, juge que les femmes qui sont agressées ou violées en sont responsables. Des propos passibles de poursuites judiciaires selon les pays et largement effacés ces derniers mois.
Mais sans surprise, rien de tel sur Twitter depuis son arrestation.
Il cite désormais Nelson Mandela et le Coran. Car Andrew Tate, qui se proclamait athée, a dit en octobre s’être converti à l’islam. Il est apparu début janvier à Bucarest à l’extérieur de la Cour d’appel menottes au poignet, avec un livre ressemblant au Coran.
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