Pride week | Ariane Herman, de la librairie Tulitu: « Ici, c’est le mois des fiertés toute l’année »
C’est dans sa librairie colorée et accueillante située en plein cœur de Bruxelles qu’Ariane Herman, 57 ans, nous reçoit. La libraire, cofondatrice de Tulitu met en avant les cultures queer, féministe et québécoise.
« Des intérêts qui n’ont pas l’air d’aller ensemble à priori, mais ce sont les miens, ce sont des choix purement subjectifs et personnels. »
Un engagement que la libraire justifie. « La communauté queer, je l’ai toujours bien connue et fréquentée depuis l’université, de par mes amis. De plus, j’ai toujours fait un métier où j’étais engagée, dans un domaine particulier, donc pour moi c’était clair que si j’ouvrais une librairie, ce serait un lieu engagé ». Un choix, pas anodin, motivé par une famille qui baigne dans les livres. « Mon frère est éditeur au Québec depuis 25 ans, quand je lui rends visite, je repars avec une valise remplie de livres ».
Une légitimité qui lui a donné envie de faire découvrir la culture et la littérature engagée. Pourtant pas libraire de formation, Ariane ajoute que l’ouverture de Tulitu, en 2015,était une évidence. La librairie Darakan, engagée également, a fermé un an avant « donc pour moi, on ne pouvait pas se passer d’une librairie qui propose des bouquins queer à Bruxelles. Ça tombait sous le sens ».
Chez Tulitu, c’est le mois des fiertés toute l’année
« Le mois de la fierté, je le soutiens. C’est un gros enjeu dans notre société, paradoxalement on a des avancées et en même temps, on fait de gros pas en arrière. Plus j’avance, plus je me documente et moins je comprends. Je ne comprends pas où est le problème ! C’est un peu comme le racisme, je ne comprends pas. Qu’est-ce que cela peut faire ? Que ce soit un homme, une femme, gay ou lesbienne, on s’en fout ! Chacun vit sa propre vie et c’est peut-être ça aussi que j’essaie de faire passer comme message ici à la librairie. L’idée c’est de prêcher la bonne parole ».
Le queer, une culture à banaliser
Dans cette librairie généraliste, les sections queer et féministes sont très clairement identifiées. « Ce qui est amusant c’est que parfois j’ai des gens, plus âgés qui rentrent dans la librairie et qui me demandent ce que « queer » veut dire. Certains s’en vont comme si c’était contagieux, comme s’ils étaient rentrés dans un sexshop et qu’il ne fallait surtout pas qu’on les voit ici ».
Elle insiste sur l’importance de banaliser cette culture, de lire et de s’informer. La libraire remarque cependant une avancée. « Je trouve cela beau, car j’ai parfois des parents qui viennent me dire que leur enfant a fait son coming out ou leur a parlé de sa trans-identité et ils me demandent si j’ai des lectures à leur conseiller pour qu’ils se renseignent. Et ils viennent me remercier par la suite».
J’ai l’impression de faire partie d’une famille
Ariane confie en souriant « c’est une petite librairie, nous ne sommes que quatre et je ne suis qu’en arrière-plan. Mais c’est une chaine de gens et d’associations qui font qu’ensemble, avec des petites pierres, on essaie de construire un édifice, au combien fragile, mais j’ai l’impression de faire partie d’une famille ».
Et Ariane de prouver, une fois de plus, qu’il ne faut pas nécessairement être grand pour avoir de grandes ambitions.
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