La « semaine sobre », alternative efficace à la Tournée minérale? Pas si vite…
Alors que la Tournée minérale continue sur la lancée de Dry January et appelle à une saine mise au sec, sur TikTok, un autre concept fait rage: la semaine sobre. Soit le fait d’arrêter de boire de l’alcool une semaine chaque mois plutôt que durant un mois d’affilée.
La promesse de cette semaine sobre, ou « one week method » ainsi qu’elle buzze sur le réseau social chinois? Un sommeil amélioré, une meilleure concentration, des niveaux de stress réduits, et une peau radieuse, tout ça avec une semaine au sec (suivie de trois semaines de consommation modérée tout de même) par mois plutôt qu’un mois entier à se priver de boire. Autrement dit, « tous les bénéfices de la Tournée minérale et de Dry January, mais avec moins de contraintes » assurent les adeptes, qui ne tarissent pas d’éloges sur les effets de leur nouveau rythme de consommation d’alcool.
À l’origine de la popularité du concept, Bridget Stangland, qui s’autodécrit comme la créatrice de la #oneweekmethod et a les 200.000 likes pour l’appuyer, explique avoir eu envie de démarrer sa première semaine sobre après avoir réalisé que plus elle vieillissait (et s’éloignait des guindailles étudiantes) plus les occasions de consommer de l’alcool semblaient se multiplier. « J’ai réalisé aussi que boire régulièrement ne me faisait aucun bien, contrairement aux périodes de pauses sans alcool, durant lesquelles je n’avais plus aucun brouillard mental, je dormais beaucoup mieux et ma peau était plus belle. Cela m’a poussée à me demander pourquoi ne pas créer une nouvelle bonne habitude, facile à mettre en place, et ultra payante » explique Bridget.
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Dont acte avec sa semaine sobre, et son « impact impressionnant », que sa créatrice caractérise comme étant « plus flexible », mais (r)assure-t-elle, tout aussi voire plus efficace que la Tournée minérale.
Un calcul pas si simple
Et en faisant un calcul simple, il est difficile de lui donner tort: là où s’abstenir en février revient à ne pas boire durant un mois de l’année, avec la one week method de l’américaine, les semaines se multiplient au gré des mois et équivalent, au total, à pas moins de 3 mois sans une goutte d’alcool sur l’année. Avec, donc, trois fois plus de bénéfices que la Tournée minérale? Dans les faits, le calcul est un peu plus complexe qu’il n’y paraît.
@sipsandsnacks My #oneweeknoboozemethod 🙌🏻✨🤍 #sobertok #alcoholfreelifestyle #alcoholfree #alcoholfreejourney #sobercirious #soberish #noboozebabes #sobercuriousjourney #fyp ♬ original sound – Bridget
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On le sait, contrairement à l’adage qui veut qu’un verre de vin quotidien éloigne le médecin, boire de l’alcool, même en petites quantités, est mauvais pour la santé. Et particulièrement pour le foie, l’organe le plus impacté par notre consommation de boissons alcoolisées, même si celle-ci reste ponctuelle et récréative. Mais d’une pause de quelle durée a-t-il besoin pour se régénérer?
C’est la durée qui compte
La mauvaise nouvelle, c’est que la réponse varie selon les personnes, pointe Christina Lindenmeyer, gastroentérologue à la Cleveland Clinic, qui explique que la période de sobriété nécessaire pour laisser à son foie le temps de souffler va dépendre de la fréquence et de la quantité d’alcool consommée par la personne, mais aussi de son âge, son poids ainsi que toute pathologie éventuelle dont elle peut souffrir.
Ce qui est certain, par contre, c’est que tous profils confondus, les études actuelles en la matière montrent des effets positifs dès deux à trois semaines continues d’abstinence, rappelle la doctoresse. En outre, « après un mois sans alcool (et non une semaine, NDLR) la pression artérielle s’améliore. Des composants de l’alcool provoquent une inflammation des tissus corporels, celle-ci diminue à travers tout le corps, réduisant les douleurs aux muscles, aux jointures et à la tête » épinglent nos confrères du Journal de Montréal.
Autrement dit: si on veut vraiment donner à son corps l’opportunité de souffler, on privilégiera un mois « au sec » à une semaine mensuelle sans boire d’alcool. Et Christina Lindenmeyer d’ajouter que « de manière générale, une petite pause dans la consommation d’alcool telle que Dry January ne va pas nécessairement « désintoxiquer » complètement votre foie, mais si vous avez tendance à abuser de l’alcool, vous pouvez déjà constater de petites améliorations de votre santé, entre diminution de l’inflammation du foie et augmentation de vos niveaux d’énergie ».
Une semaine sobre, et plus si affinités
Bon, mais la semaine sobre est inutile, alors? Pas si vite, car ici aussi la nuance s’impose. En effet, si elles sont moins bénéfiques pour le foie et les autres organes affectés que des pauses plus longues, de petites coupures d’une semaine voire même de quelques jours par semaine ne sont pas sans avantages pour autant.
Déjà, parce que dans une société où l’alcool est omniprésent, à tel point qu’il peut devenir difficile de définir le rapport (sain ou problématique?) qu’on entretient avec lui, ces pauses imposées permettent une remise en question: si on arrive facilement à se passer d’alcool durant la période déterminée, il est probable que notre consommation d’alcool ne soit pas problématique. Si la perspective d’arrêter ne fût-ce que quelques jours durant est impensable, c’est probablement qu’il est temps d’aller parler de la situation avec un·e professionnel·le de la santé, un·e alcoologue par exemple. En outre, ces mises au soft permettent justement de trouver des alternatives agréables aux boissons alcoolisées, mais aussi, de déconstruire le conditionnement qui se met en place dès le plus jeune âge, en voyant les grands trinquer, et qui associent moments de partage et de plaisir à la consommation de boissons alcoolisées.
L’autre bonne nouvelle? Une étude américaine publiée en 2018 dans la revue scientifique Nicotine & Tobacco Research a démontré qu’arrêter de boire de l’alcool contribuerait à la diminution de la consommation de tabac, voire même, faciliterait le fait d’arrêter de fumer. Une pierre, deux coups… mais sans alcool, donc, les coups en question. Et tant qu’à faire, en tir groupé: un mois entier d’arrêt, et puis le reste de l’année, la technique de la semaine sobre pour diminuer durablement sa consommation sans (trop) se priver. À votre bonne santé!
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