Rencontre avec Nathanaël, gérant du premier bar inclusif queer de Bruxelles
En mai, Bruxelles se pare des couleurs de l’arc-en-ciel et célèbre le mois des fiertés. L’occasion de mettre en lumière la lutte pour les droits LGBTQIA+ et célébrer la communauté. En plein centre-ville, existe un endroit qui fête la pride toute l’année. Nathanaël, son gérant, nous raconte comment est né The Agenda, le premier bar inclusif queer de la capitale.
Pendant ses études à l’IHECS, Nathanaël découvre le Cabaret Mademoiselle. Lieu phare du burlesque Bruxellois, il s’y rendait tous les jeudis après les cours avec ses camarades de classe. C’est suite à un visa refusé pour le Canada que l’étudiant intègre l’équipe pour y faire un stage dans leur boite de production et mettre sur pied des évènements avec le Cabaret.
Ce stage marquera le début d’une longue collaboration avec l’équipe du Mademoiselle, qui mènera plus tard à la création de The Agenda. « Renaud, le patron du cabaret est venu vers moi en me disant qu’ils voulaient ouvrir un bar inclusif. Moi, le projet m’a vite emballé parce que ça mélange le monde artistique et drag que j’adore et le monde queer. » Sans beaucoup d’expérience, Nathanaël se lance dans ce qui deviendra le premier bar inclusif queer de Bruxelles.
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Vivre la nuit différemment
The Agenda ouvre en janvier 2022, quelques mois après le mouvement Balance ton bar qui dénonçait les agressions dans le monde de la nuit. La jeunesse bruxelloise revendiquait alors plus d’inclusion et de bienveillance dans les bars de la ville. « Je pense qu’il y avait un vrai besoin d’ouvrir ce type de bar dans Bruxelles, le jour de l’ouverture, la rue était pleine de monde, les bus ne savaient plus passer, en plus il y avait encore des restrictions covid, on ne pouvait pas encore danser, donc tous ces gens venaient uniquement pour boire des verres. »
L’objectif était aussi de permettre à plus de personnes de la communauté de se sentir incluses dans un quartier avec une forte représentation gay masculine. « Avec le Crazy Circle qui est un bar lesbien inclusif, on est un des seuls de Bruxelles, donc c’est compliqué aussi de répondre aux attentes de tout le monde. »
« C’est difficile de d’ouvrir un bar où on se dit inclusif, parce qu’il y a toujours un rapport à l’autre qui est différent. » À l’heure actuelle, il n’existe pas vraiment de « formation » pour rendre un lieu inclusif. Les débuts ont été marqués par beaucoup de discussions pour faire en sorte que le bar soit le plus accueillant possible pour tous les gens de la communauté. « Au départ il y avait un côté très militant dans l’équipe, on pouvait avoir un discours fort direct quand des personnes se trompaient de terme ou de pronom, mais maintenant, quand il y a des erreurs, on explique. C’est normal que tout le monde n’ait pas les codes. Donc parfois cela nous prend beaucoup d’énergie de faire de la médiation et de s’assurer que tout le monde s’entende bien, mais c’est nécessaire. »
La bienveillance avant tout
Votre premier verre à The Agenda sera toujours accompagné d’un petit speech sur les règles du lieu et d’une charte à lire à l’entrée. Ici c’est tolérance zéro pour la discrimination. « On a pas envie de filtrer les personnes qui rentrent dans le bar parce qu’on accepte tout le monde, mais on essaye de conscientiser. » Victime de son succès The Agenda est bien souvent pris d’assaut par des personnes curieuses de découvrir le concept. C’est pourquoi l’équipe essaye de faire comprendre à sa clientèle que les personnes issues de la communauté LGBTQIA+ ont moins d’options pour sortir que les personnes hétéro, et qu’il ne faut pas monopoliser l’espace, au risque de priver les personnes LGBTQIA+ de s’assoir dans le bar.
En plus d’un concept bienveillant, le lieu propose à sa clientèle une programmation variée de shows, spectacles de drag, DJ-set et scènes de slam. The Agenda se veut une vraie bulle d’air pour les personnes queer en quête d’un « safe-space » pour passer leurs soirées. Nathanaël et son équipe mettent tout en œuvre pour rendre l’endroit aussi inclusif qu’iconique !
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