Être très attaché·e à son chien, le signe d’un trouble psy ?
Pendant longtemps, les animaux domestiques n’étaient considérés qu’en fonction de leur utilité. Ils sont désormais des membres de la famille à part entière. Des chercheurs allemands affirment toutefois que l’amour que nous leur portons n’est peut-être pas si pur que ça.
Johanna Lass-Hennemann et ses collègues de l’université de la Sarre affirment dans une étude, publiée dans la revue BMC Psychiatry, que les personnes très attachées à leur animal de compagnie sont plus susceptibles de souffrir de troubles de l’attachement. Pour arriver à cette conclusion, les chercheurs ont mené l’enquête auprès de 610 propriétaires de chiens. Ces derniers étaient majoritairement des femmes âgées de 18 à 73 ans.
Il leur a été demandé de fournir certaines données démographiques et des informations sur leurs compagnons à quatre pattes, ainsi que de remplir plusieurs questionnaires évaluant leur santé mentale et le type de liens interpersonnels qu’ils nouent. Cela a permis aux scientifiques de remarquer que les personnes les plus attachées à leur chien présentaient davantage de signes de troubles mentaux et de détresse émotionnelle que celles qui aimaient moins leur animal domestique.
L’étude souligne que l’amour que l’on porte à son toutou est corrélé à un manque de confiance en l’autre. « Un attachement plus fort à son chien est lié à une plus grande peur d’être rejeté et mal aimé », écrivent les chercheurs de l’université de la Sarre.
Cette relation privilégiée serait le reflet d’une « stratégie d’attachement compensatoire ». Les individus qui n’auraient pas été en mesure de nouer des relations interpersonnelles apaisées durant l’enfance auraient davantage tendance à se tourner vers nos amis à quatre pattes que vers leurs congénères. La raison ? Ils les trouvent moins menaçants et plus fiables.
De nombreux travaux scientifiques ont montré que les animaux de compagnie fonctionnent comme refuge et base de sécurité. Des chercheurs israéliens ont observé en 2012 que la simple présence d’un compagnon à poils ou à plumes favorise la confiance en soi, diminue le stress et augmente les performances.
Aujourd’hui, les recherches sur les bienfaits thérapeutiques des animaux, ou zoothérapie, s’étendent à des contextes variés comme les addictions, les traumatismes psychologiques, les troubles alimentaires et les démences.
Si nos amis les bêtes sont de plus en plus les bienvenus dans les établissements sanitaires et médico-sociaux, la littérature scientifique s’accorde sur un point : l’animal ne peut pas résoudre toutes les difficultés. Il peut être un médiateur pour apprendre à nouer des liens avec autrui, mais l’attachement qu’on lui porte, aussi profond soit-il, n’équivaut pas à celui que l’on noue avec un humain.
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