Cottagecore: 5 adeptes expliquent pourquoi elles ont opté pour une vie plus lente

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© DR

Contrairement à d’autres tocades des réseaux sociaux, la tendance cottagecore semble bien partie pour rester. C’est qu’il ne s’agit pas seulement d’un choix esthétique mais aussi et surtout d’un mode de vie, plus lent et plus conscient. Cinq femmes qui en ont fait le choix témoignent.  

Mais d’abord, le cottage quoi? Apparue pour la première fois vers 2010 sur des plateformes telles que Tumblr, Instagram ou encore Pinterest, la tendance cottagecore est un parti pris esthétique mais aussi un véritable style de vie prônant un retour à la nature ainsi qu’à la simplicité d’antan. Nostalgique et romantique, le mouvement fait référence à un passé idyllique et quelque peu idéalisé, et invite à laisser libre cours à sa personnalité et sa créativité au travers de ses tenues et de sa décoration. Reconnaissables à leur parti pris assumé pour le vintage, les antiquités, les imprimés fleuris, les matériaux naturels mais aussi les couleurs douces, les adeptes du cottagecore en adoptent une myriade d’interprétations qui ne reprennent pas tous les codes de la tendance mais l’adaptent plutôt aux préférences de chacun et chacun.

En ville ou à la campagne, vêtu de lin ou d’un blazer ajusté, chauffé au feu de bois ou bien au bon vieux chauffage central: nul besoin de rassembler la panoplie complète pour s’identifier à ce courant. Cinq adeptes, qui en ont chacune leur propre interprétation, le démontrent, et expliquent ce qui les attire tant dans le concept de slow living.

Gisele Azad: « Déménager dans les bois a changé ma vie »

Gisele Azad vit depuis six mois dans une cabane en plein milieu des bois avec son fiancé. Installée dans la nature au nord des Pays-Bas, elle n’a pourtant pas coupé tout contact avec la civilisation puisqu’elle rédige également une rubrique régulière pour Vogue.

Foto: Gisele Azad

« J’ai quitté Téhéran pour les Pays-Bas avec mes parents quand j’avais quatre ans. Depuis, j’ai parcouru le monde et vécu dans plusieurs grandes villes, mais vers mes 29 ans, j’ai senti que je voulais changer de cap. Au lieu de vivre dans ma valise et de me déplacer de ville en ville, j’ai ressenti le besoin de créer mon propre monde. Je ne voulais pas simplement vivre à la campagne, mais bien m’immerger vraiment en pleine nature ».

Il y a six mois, mon fiancé et moi avons acheté une propriété forestière composée de deux chalets dans un parc national. Depuis, ma vision de la durabilité a changé. Nous nous occupons maintenant de 100 arbres et sommes donc exposés de plein fouet aux effets du réchauffement climatique. En conséquence, j’ai décidé d’adapter mon alimentation et j’essaie de générer moins de déchets. Lorsque nous achetons quelque chose, c’est toujours durable. Même mon style vestimentaire est aussi un peu différent maintenant. Depuis que j’habite dans les bois, je ne peux plus porter plus de la moitié de ma garde-robe! J’avais l’habitude de porter beaucoup de talons et de blazers et maintenant je suis plutôt sabots, bottes et gros pulls tricotés. (Elle éclate de rire)

 

 

 

 

Le slow living me convient à merveille. Le matin, je me réveille entourée d’arbres et d’oiseaux. Parfois, je vois des lièvres courir dans notre cour et des cerfs passer devant. Il y a quelque chose d’idyllique qui me rend très heureuse. Quand on prend un peu de recul, on réalise qu’il y a tant à découvrir sur soi et le monde. J’ai hâte de continuer à en apprendre chaque jour.

INSPIRATIONS

« Parce que je suis en plein dans des projets d’architecture et de jardinage, je me passionne pour les architectes-paysagistes. »

  • Donald Judd
  • Alvar Aalto
  • Luis Barragan
  • Piet Oudolf
  • Isamu Noguchi.

Podcasts:

  • BBC ‘Forest 404’

Gisele Azad sur sa nouvelle vie plus lente

Nadine Feller: « Le cottagecore n’est exempt ni du racisme ni de l’homophobie »

Nadine habite à Düsseldorf et chronique son quotidien cottagecore sur TikTok. Des capsules dans lesquelles elle parle de son style de vie mais aussi de mode et de beauté.

 »

Le style de vie cottagecore me plaît parce qu’il évoque des souvenirs nostalgiques et parce qu’il me donne l’opportunité de donner la parole à l’enfant en moi. Rien ne me rend plus heureuse que des intérieurs romantiques, des robes vintage et un jardin fleuri. Moi-même, je vis toujours en ville, mais aspire à vivre une vie plus calme dans la nature. Quand je pars en vacances, je choisis des endroits reculés au milieu de nulle part. Cela me donne l’impression d’être un personnage d’un livre ou d’un film.

Bien qu’elle soit associée à la beauté, l’esthétique cottagecore a aussi un côté plus laid que l’on ne voit pas sur les réseaux sociaux. Par exemple, le racisme et la vision stéréotypée des rôles de genre : on voit souvent des photos de filles minces et blanches adoptant la tendance, mais presque jamais des femmes noires. Cela donne l’impression que ce mode de vie n’est pas fait pour les personnes de couleur, ni pour la communauté LGBTQIA+, d’ailleurs, parce qu’il y a beaucoup d’homophobie au sein du mouvement. Heureusement, il existe toujours plus de comptes inclusifs qui adoptent l’esthétique et bousculent les clichés. À mon échelle, c’est aussi ce que j’essaie de faire ».

INSPIRATIONS

Films:

Musique:

  • Aurora
  • Kalandra

Livres:

  • Les soeurs Brontë
  • Jane Eyre

La vie slow de Nadine Feller

Annelies Deleu: “Il y a aussi de la beauté dans un jardin négligé”

Annelies Deleu est la propriétaire du studio créatif Nectar Studio. Par amour, elle a quitté l’énergie bouillonnante d’Anvers pour la nature verdoyante de Deurle, en Flandre-Orientale, où elle savoure un rythme de vie plus apaisé.

Après les confinements, les stimulations constantes de la ville n’étaient plus pour moi. L’air et l’espace de la campagne sont un soulagement après la cacophonie urbaine. Dans mon jardin, je cultive des herbes et des légumes que je prends plaisir à cuisiner. Nous avons deux animaux de compagnie, un bouvier bernois, Flore, et un chat, Floki, deux vieilles canailles qu’on a adoptées en refuge.

Notre maison est un bungalow des années 70. Nous avons peint le salon en vert foncé, ce qui, en combinaison avec le poêle, donne une ambiance de chalet cosy en hiver. En termes d’intérieur, j’aime le midcentruy brutaliste, le folk/tramp art et les antiquités françaises et anglaises. Depuis quelques mois, j’ajoute toujours plus de textiles imprimés et colorés à notre intérieur. 99% de nos meubles et décorations sont d’occasion, et nos œuvres d’art ainsi que des fleurs fraîches complètent le tableau.

En vacances, j’aime rester en communion avec la nature. Du camping à la randonnée ou au surf, j’en profite au maximum, avec une préférence pour la France : acheter au marché du pain et du fromage, me promener le long des champs de tournesols, visiter les brocantes, lire un livre dans un verger… Ô la belle vie !

Pour moi, le cottagecore est une ode à la lenteur, à la qualité et à la douceur. Il s’agit d’honorer les saisons et surtout, d’en profiter. Tout n’a pas besoin d’être parfait d’un coup, cela peut aussi être désordonné et prendre plus de temps.

Selon la philosophie wabi sabi, tout est permis. J’aime beaucoup cela, et dans le jardin, j’essaie également d’embrasser les cycles de la nature, par exemple en laissant les fleurs pousser pour semer et en les gardant en hiver afin que les oiseaux et les souris puissent les utiliser comme nid et source de nourriture. Il y a aussi de la beauté dans un jardin désordonné. Et cela vous évite beaucoup de travail. Pendant des années, les jardiniers ont cru qu’ils étaient des dieux. Ils pensaient pouvoir tout contrôler, mais la nature sait très bien ce qu’elle fait. J’ai dû apprendre qu’une graine ne germera pas plus vite si vous la regardez 10 fois par jour, que les oiseaux vont vous chiper des fraises quoi que vous fassiez et que les mauvaises herbes portent aussi de belles fleurs ».

INSPIRATIONS

Comptes Instagram déco

Livres & Magazines: 

  • Piet Oudolf at work
  • Why Women Grow d’Alice Vincent
  • The Avant Gardens de John Tebbs 
  • House & Garden Magazine

Video:

Le quotidien cottagecore d’Annelies Deleu

Bie Willems: “On habite une maison pleine de souvenirs”

Bie est institutrice maternelle et vit avec sa famille dans le village rural de Zemst-Laar. Dans leur jardin de 2000m2, ils cultivent des légumes et des herbes mais offrent aussi un havre à de nombreux animaux adoptés. Et les abeilles ne sont pas en reste: elles peuvent se régaler d’une mer de fleurs sauvages.

Grâce à Pinterest, j’ai appris qu’il y avait un nom pour mon style de vie : le cottagecore. Et la découverte de cette esthétique m’a encore plus inspirée. Tout ce qui est chaleureux, authentique et naturel me plaît énormément. Je ne me préoccupe pas des marques ou des étiquettes, mais bien de l’authenticité. Des pièces chipées dans le placard de votre maman à celles chinées dans une friperie, une maison pleine de souvenirs est on ne peut plus chaleureuse. Mon mari est menuisier, et ma mère, céramiste, et nombre des objets qu’on retrouve chez nous ont été faits de leurs mains.

Notre intérieur est assez éclectique, influencé par les différentes phases et lieux de ma vie. J’ai grandi en Amérique, d’abord au Texas, où mon amour pour le style rustique a pris forme. Ensuite, nous avons déménagé dans le sud de la Californie, où on retrouve plus d’influences indigènes et mexicaines. Ado, j’étais une vrai hippie, et à l’âge adulte, je suis tombée sous le charme des vieux meubles belges, allemands et hollandais. Autant d’influences qui se rencontrent dans notre maison.

On vit de manière très rurale. Avant, nous habitions une maison mitoyenne, mais c’était étouffant pour moi. Je suis tout sauf une citadine ! Dans notre village, on trouve une boulangerie, une église et un café, c’est tout, et notre maison est située en plein champs, à quelques pas d’une forêt. Dans notre grand jardin, nos animaux, soit quatre chats, cinq canards, quatre poules, deux lapins et deux cochons peuvent batifoler à leur guise. Nous les avons tous recueillis, la plupart en situation d’urgence, parce que je suis incapable de dire non.

J’attache une grande importance à la durabilité, mais j’ai l’impression d’être toujours à la traîne. En raison de mon travail prenant, de l’éducation de mes enfants, de l’entretien de notre jardin et de nos animaux, il ne reste plus beaucoup de temps : c’est pourquoi nous choisissons parfois la solution facile plutôt que durable. On essaie de trouver une forme d’équilibre : au final, il vaut mieux faire un effort, même modeste, plutôt que rien.

INSPIRATIONS 

“Je suis avec attention le travail d’artistes tels Florence Welch, Gustav Klimt, Cicely Mary Barker, Nathalie Lete et Phoebe Wahl.” 

Mais aussi ces comptes Instagram:

Bie Willems au sujet de sa vie plus lente

Elise Meulemans: “Je savoure ma vie en pleine nature”

Elise Meulemans est artiste et vit dans une maison forestière isolée dans les Alpes italiennes avec son petit ami Paolo, et leurs deux chats, Viola et Giulietta. Ils cuisinent avec des plantes et des herbes locales et apprécient les traditions italiennes.

Elise Meulemans

Je suis hypersensible, donc je suis facilement submergée par la foule et les bruits de la ville. Je suis donc très reconnaissante d’avoir l’opportunité de vivre en pleine nature. Quand j’en suis éloignée, je me sens beaucoup moins bien physiquement et mentalement.

 

Les hivers sont rudes ici dans les montagnes. Nous ne nous chauffons qu’à l’aide de la cheminée, il peut donc faire très froid. En même temps, c’est aussi agréable, car c’est ainsi que nous vivons vraiment pleinement les hivers et que nous nous sentons plus connectés à Mère Nature. Ce mode de vie nous rend immensément appréciatifs des petites choses, comme la chaleur du feu par exemple.

Nous avons un potager et un petit verger remplis de fruits, de fleurs, de plantes comestibles et d’herbes médicinales. Ce qui est bien avec la vie dans les Alpes, c’est que notre chaîne alimentaire est très courte. Ce que nous ne pouvons pas cultiver nous-mêmes, nous l’achetons directement aux agriculteurs de la région.

Mon petit ami et moi étions végétaliens, mais nous avons décidé de privilégier plutôt les produits locaux plutôt que des aliments tels que le tofu ou l’avocat qui ont dû voyager loin avant d’arriver chez nous. J’aurais aimé élever mes propres poules pour les œufs, mais comme loups, renards, blaireaux et ours vivent dans le nord de l’Italie, ce n’est pas facile. Notre vallée est connue pour ses nombreux champignons, que nous allons régulièrement cueillir. Quand on se prépare un plat de pommes de terre de notre jardin aux cèpes, on appelle ça notre repas de roi. J’adore cuisiner les plantes sauvages, surtout l’ortie, et je suis en train de m’initier aux techniques de conservation des aliments pour manger autant que faire ce peut les produits qu’on cultive.

Tout frais du verger!

Je fabrique aussi mes propres produits d’entretien naturels et j’achète presque tous mes vêtements d’occasion ou dans des commerces indépendants de la région. Je n’aime rien tant que porter des robes en matières naturelles, mes bijoux faits maison et un cardigan en laine. Bien sûr, je porte parfois aussi des pyjamas ou des pantalons de survêtement, mais je préfère les vêtements féminins aux tons naturels.

Ici, les gens attachent plus d’importance aux traditions, à la communauté et aux célébrations. Nous vivons assez éloignés de la civilisation, ce que nous apprécions, mais c’est aussi très agréable de tisser un lien profond avec les autres montagnards. Une des femmes les plus âgées de notre quartier m’apprend à préparer les plats traditionnels des Alpes. Je lui cuisine aussi régulièrement un petit quelque chose : ce genre d’échanges est extrêmement précieux.

Je ne veux pas prétendre que nos vies sont l’exemple à suivre, mais il n’est pas nécessaire d’habiter à la montagne pour s’immobiliser, ralentir et vivre davantage en lien avec la nature. Cette simplification de mon quotidien m’a rendu tellement plus riche.

INSPIRATIONS 

“Ma plus grande source d’inspiration est la nature!” 

Livres: 

  • Walden d’Henry David Thoreau
  • Le garçon sauvage de Paolo Cognetti 
  • Tous les livres de Stephen Harrod Buhner 
  • Tao Te Ching de Lao Tzu 
  • Seasons of the Sacred Earth: Following the Old Ways on an Enchanted Homestead de Cliff Seruntine 
  • La Sorcière de Limbricht de Susan Smit 

Instagram: 

Podcasts: 

La slow life d’Elise Meulemans

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