Conseils de sexologues pour se remettre avec son ex… Et rester ensemble pour de bon

faut-il se remettre avec son ex
Se remettre avec son ex, bonne ou mauvaise idée? Getty Images
Kathleen Wuyard-Jadot
Kathleen Wuyard-Jadot Journaliste

Jamais deux… sans toi? La perspective de se remettre avec son ex n’a jamais autant fasciné qu’aujourd’hui, couples de stars à la Bennifer obligent. Mais accorder l’amour passé au présent et lui construire un futur stable demande patience et efforts.

Et pourtant, en voyant Ben Affleck et Jennifer Lopez, ça a l’air simple comme une comédie romantique. Dont leur retour de flamme surprise, plus de quinze ans après leur rupture initiale, semble d’ailleurs tout droit sorti. Mais loin du scénario hollywoodien où tout est forcément bien qui finit bien, se remettre avec son ex nécessite de naviguer certains obstacles, mais aussi d’accepter d’être vulnérable et de (beaucoup) dialoguer.

Pour en avoir le cœur net, Laurane Wattecamps, la sexologue montoise à l’origine du compte de vulgarisation Sexplique-Moi, et Sarah Denis, psychologue, sexologue et mentore en relations amoureuses via le compte Histoires Singulières, répondent à toutes les questions que posent ces retrouvailles parfois complexes à naviguer.

Mais d’abord… Comment expliquer la fascination pour les couples, célèbres ou non, qui se remettent ensemble ?

Laurane Wattecamps : De manière générale, l’intimité des autres fascine, car elle procure un sentiment de proximité et facilite la comparaison. Dans notre société judéo-chrétienne, il y a une glorification du pardon, donc si on pardonne à notre ex et qu’on se remet ensemble, cela peut être associé à une certaine valeur morale. En ce qui concerne les célébrités, on se dit que si malgré leurs vies à mille à l’heure, ils parviennent à se remettre ensemble, nous aussi on a droit à une seconde chance, cela peut susciter une forme d’optimisme. Sans oublier l’influence des comédies romantiques, qui diffusent l’idée que chaque personne a une âme sœur, or si malgré un échec, un couple se retrouve, ça veut dire que le bon ou la bonne existe vraiment, et qu’on a raison d’y croire.

Sarah Denis : Dans nos vies complexes et imprévisibles, on aime croire que l’univers conspire d’une manière ou d’une autre pour nous offrir ce qu’on désire. D’autant qu’on a été biberonnés aux contes de fées, où la seule issue heureuse possible est l’amour toujours avec mariage et bébés. En tant qu’humain, on adore se demander « et si », donc voir les autres se remettre ensemble nous invite à nous perdre dans des rêveries type « et si j’étais avec X, est-ce que je serais plus heureux », ce qui est moins confrontant que de mettre des choses en place pour être heureux là maintenant.

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Au-delà de tout ce à quoi ça nous renvoie, dans les faits, est-ce que donner une seconde chance à son ex est une bonne idée ?

SD : Ce n’est ni une bonne ni une mauvaise idée. Tout dépend de notre vision du monde, des relations et de notre histoire personnelle : certaines personnes diront que c’est une mauvaise idée parce qu’elles ont vécu une expérience décevante ou qu’elles sont convaincues que quelqu’un qui a menti un jour le fera toujours. D’autres sont convaincues que tout le monde mérite une seconde chance, et considèreront plus facilement la possibilité de se remettre avec leur ex. Si on hésite, l’essentiel est de se demander ce qu’on veut vivre comme relation maintenant, pas dans X mois « quand l’autre aura changé », et de déterminer si c’est possible avec cette personne. En sachant que si on tente le coup et que ça aboutit à nouveau à une rupture, ce n’est pas grave : la vie est faite d’essais-erreurs, et c’est okay de prendre une mauvaise décision, parce qu’on peut changer d’avis à tout moment.

LW : C’est impossible de répondre de manière binaire à cette question, qui nécessite beaucoup de nuance. Ce qui est certain, c’est que les retrouvailles sont à déconseiller si les raisons de la rupture n’ont pas été bien comprises des deux côtés. Tout ce qu’on risque, alors, c’est de retrouver le statu quo pré-séparation, et de recréer un cycle qui fait qu’on va à nouveau se déchirer. Il faut faire attention aussi à l’attente du miracle : espérer que l’autre aura eu un énorme déclic ou changé du tout au tout ne peut que susciter des frustrations des deux côtés, ce qui empêche de repartir sur des bases solides.

Quels sont les autres pièges à déjouer ?

LW : Il ne faut surtout pas se lancer les yeux fermés en mode « advienne que pourra ». C’est important de cadrer la relation, et de décider des pistes à explorer ensemble pour que cette nouvelle forme relationnelle soit adaptée aux besoins respectifs de chacun. Il faut aussi laisser le temps au temps : si on se remet ensemble en attendant que l’autre soit différent d’entrée de jeu, on ne peut qu’être déçu. De manière générale, avoir trop d’attentes conduit souvent à une prédiction autoréalisatrice : on se dit que si ça ne change pas, ça va capoter, et on met tellement de pression sur l’autre que de fait, ça ne tient pas.

SD : Le piège principal est de recommencer sans rien mettre en place de différent dans la relation, en espérant que par la simple magie de se retrouver, tout s’arrange. Cela peut être brièvement le cas, mais bien vite, on va retomber dans la dynamique relationnelle d’avant la rupture. Il s’agit donc de bien identifier les causes de celle-ci, et de se demander quel compromis on peut mettre en place dans le respect de chacun pour résoudre les problèmes qui ont mené à la séparation. C’est important aussi de prendre du temps pour soi-même et de cultiver son épanouissement personnel, afin de se remettre ensemble par envie, et non par peur de la solitude.

LW : Il faut aussi se demander comment on vit la rupture au sein de cette nouvelle relation. Est-ce qu’on décortique tout une bonne fois puis qu’on décide que cette période appartient au passé et qu’on n’en parle plus ? Si on ne cadre pas la manière d’appréhender ce sujet, il risque de revenir à chaque dispute.

Pour pouvoir passer à autre chose, il faut savoir faire confiance à l’autre, ce qui n’est pas toujours évident, surtout quand on se remet ensemble…

LW : La confiance se gagne en gouttes et se perd en litres, donc c’est certain que le temps est un facteur déterminant avant de pouvoir refaire confiance à l’autre. Cela demande énormément de communication, il faut accepter d’être vulnérable et d’aborder des sujets pas toujours faciles à verbaliser, mais c’est un processus nécessaire pour reconstruire la confiance. Qu’il s’agisse d’un couple qui se remet ensemble ou de tous ceux qui veulent construire une relation pérenne, il faut être à l’écoute des besoins, poser ses limites et prendre ses responsabilités. Dans le cas d’un couple qui se remettrait ensemble après une infidélité, il peut arriver que la personne trompée doute en permanence, mais ce n’est pas pour autant que l’autre doit la rassurer en permanence. Chacun doit déterminer la responsabilité qui lui appartient ou pas.

SD : Pour moi, la confiance est une décision. Si on prend le cas d’une tromperie, rien ne prouvera jamais que l’autre n’est plus infidèle. C’est à la personne trompée de décider, ou non, de croire en la sincérité de son ou sa partenaire, et pour prendre cette décision en pleine conscience, c’est important de ne pas s’en vouloir. Si une part de vous se juge ou a l’impression de se trahir, alors vous ne pardonnerez jamais. Le temps a aussi un rôle à jouer : on ne peut pas exiger de l’autre de nous prouver en une semaine qu’il a entièrement changé. Bien sûr, le risque que les beaux efforts des retrouvailles s’affaissent un jour comme un soufflé existe, mais si on n’est pas prêt à prendre ce risque, il ne faut pas retourner dans les bras de son ex.

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Y a-t-il d’autres raisons qui feraient qu’il est fortement déconseillé de raviver la flamme ?

LW : Si on le fait pour ne pas blesser l’autre, ou parce qu’on se dit que la personne ne va pas s’en sortir sans nous. On bascule alors dans le triangle du sauveur, en sachant que celui qui sauve l’autre sera aussi forcément bourreau et victime à un autre moment. Quand on réfléchit aux situations à éviter, on pense évidemment immédiatement aux relations abusives, mais dans les faits, ce n’est pas si simple, parce que cela implique souvent emprise, contrainte voire violence, et dans certains cas, céder peut sauver la vie donc je ne veux surtout pas culpabiliser les victimes de violences qui retourneraient avec leur ex.

SD : Ces personnes doivent être conscientes qu’il n’y a rien de honteux dans leur comportement, qu’elles ne sont pas coupables et que ce n’est pas de leur faute. Les couples marqués par la violence ont leur propre dynamique relationnelle, qui empêche les victimes de réagir rationnellement, raison pour laquelle c’est important qu’elles puissent en parle à un·e psychologue spécialisé·e qui ne les fera pas se sentir jugées. Pour ce qui est des autres raisons éventuelles : à chaque personne de les déterminer. Il n’y a pas de seuil à respecter avant de rompre ou de se remettre ensemble : le « non » est strictement personnel.

Malgré tous ces écueils potentiels, comment expliquer que la perspective de se remettre avec son ex soit si tentante, voire même, qu’on pense encore parfois à une personne des années après une rupture ?

SD : Ces personnes ont compté à un moment de notre vie, on les a aimées, c’est donc inévitable qu’on y pense parfois. Même quand on est heureux en amour, le couple amène toujours de petites frustrations qui nous amènent à référencer plus ou moins inconsciemment nos relations passées.

LW : Certaines relations laissent une empreinte très douce dans le cœur parce qu’à un moment donné, elles ont répondu pleinement à nos besoins de l’époque, et on aimait beaucoup la personne qu’on était quand on était avec l’autre. Et puis parfois, on a l’impression qu’on a rompu avant d’être arrivés au bout de la relation, ce qui peut amener une forme de nostalgie. Souvent, celle-ci survient parce que nos besoins ne sont pas comblés, donc c’est intéressant de se demander ce qui nous manque et pourquoi on repense à notre ex.

La sagesse populaire assure que la deuxième fois est la bonne, tandis que la plupart des couples pour qui ce nouveau départ semble avoir été le bon affirment que l’éloignement et les retrouvailles n’ont fait que les rendre plus forts… Se séparer permet-il parfois de mieux se retrouver ?

LW : Quand on est en couple depuis longtemps, on a parfois un peu la tête dans le guidon, et prendre du recul, même s’il ne s’agit que d’une coupure de quelques jours, peut permettre de réaliser que certaines choses doivent changer. Si on a tendance à envisager son couple comme une équipe, on peut avoir la sensation qu’on a été plus forts que l’épreuve qu’on a dû traverser, et ça va solidifier le lien. La rupture peut être une source de mouvement, de nouvelles perspectives, elle va rappeler que rien n’est figé, et permettre de se sentir plus forts ensemble, parce que le champ des possibles est décuplé.

SD : Ceux qui vont vraiment en sortir plus forts sont ceux qui ont mis toutes les chances de leur côté pour ne pas tomber dans les mêmes écueils qu’avant, et qui ont acquis des compétences utiles pour renforcer leur lien, comme la gestion intelligente des conflits ou l’acceptation des fluctuations du désir.

LW : Pour que les retrouvailles fonctionnent, il faut faire preuve de résilience et se montrer vulnérable, ce qui va solidifier un lien très authentique, parce qu’on a l’impression d’avoir le cœur encore plus connecté à l’autre.

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