La maison Hermès met ses mondes en mouvement, dans un spectacle signé Jaco Van Dormael

© Benjamin Schmuck
Isabelle Willot

Hermès invite le public à se plonger dans sept mini-mondes imaginaires créés pour la maison par le cinéaste Jaco Van Dormael et la chorégraphe Michèle Anne De Mey. Ce spectacle poétique intitulé La Fabrique de la Légèreté et entièrement gratuit se tiendra à la Villette à Paris, jusqu’au 28 octobre.  

Jusqu’au 28 octobre, la Grande Halle de La Villette à Paris sera transformée en studio de cinéma. A l’invitation d’Hermès, le cinéaste et la chorégraphe Michèle Anne De Mey y ont créé sept mini-mondes imaginaires auxquels ils donneront vie en direct avec la complicité d’une vingtaine de danseurs et de techniciens de l’image et de la lumière.

On retrouve ici la patte du duo belge qui depuis 2011 déjà, avec le spectacle Kiss & Cry, d’abord, Cold Blood, ensuite, a créé un tout nouveau genre de spectacle vivant: un film qui se tourne en direct et qui se projette simultanément au-dessus de décors miniatures. Ce qui se passe sur le « tournage » est aussi important que ce que nous dévoile la caméra. Et l’oeil du spectateur passe sans cesse d’un niveau de lecture à l’autre.
Dans ces « nano-mondes », les mains et les objets qu’elles manipulent deviennent des personnages dansants dans un jeu d’illusions permanentes. Le making-of de ces illusions nous est révélé est temps réel.

Un quatuor de sacs Kelly entonnant l’ouverture du Barbier de Séville de Rossini © Benjamin Schmuck

La plume poétique de Thomas Gunzig

Pour ce nouveau spectacle accessible gratuitement plusieurs fois par jour, Jaco Van Dormael et Michèle Anne De Mey avaient pour mission d’évoquer la légèreté sous toutes ses formes. Cette ode à l’envol fait écho au thème que la maison Hermès se choisit chaque année. « La légèreté est un sujet qui évoque tellement de sensations, détaille Jaco Van Dormael. De la gravitation au vent, en passant par les rêves et l’imagination ».
Pour mettre tout cela en sons et en images, le réalisateur s’est entouré de ses complices habituels. L’auteur belge Thomas Gunzig a ainsi pris la plume pour nous conter l’histoire des sept poulains de Pégase qui ne savaient pas voler (lire plus loin).

Les caméras filment en direct ce qui se passe sur les nano-scènes © Benjamin Schmuck

« La légèreté est partout, pouvait-on entendre en préambule de la première saynète. Il suffit pour la trouver de savoir la reconnaître : la légèreté, c’est quand le quotidien devient merveilleux, elle est dans la délicatesse d’un sourire, dans la douceur d’une caresse, dans la grâce d’un geste ou d’un mouvement ».
Et la grâce était bel et bien au rendez-vous des les sept étapes de cette fable initiatique contée en sept tableaux et autant de décors différents que l’on visite à tout de rôle dans la Grande Halle de la Villette. Tous ces paysages oniriques ont été pensés par la scénographe et décoratrice Sylvie Olivé.

Des sacs chanteurs d’opéra

« Lorsque j’ai commencé à travailler sur ce projet, j’ai visité la boutique du Faubourg Saint-Honoré, à Paris, pour la première fois et le musée qui se trouve à l’étage, confie-t-elle. C’était pour moi une véritable source d’inspiration. Lorsque j’ai vu les sacs Kelly, je me suis dit : « et si ces sacs ouvraient leurs bouches et se mettaient à chanter? » J’ai partagé mon idée avec Jaco, Michèle a chorégraphié le tout. »

Un décor champêtre imaginé par Sylvie Olivé, complice de tous les spectacles de Jaco Van Dormael © Benjamin Schmuck

Dans la pénombre de ce studio de cinéma en activité perpétuelle, une vaste équipe vêtue de vêtements noirs oeuvre à la création collective d’une épopée féérique à la suite des poulains de Pégase. On y perd ses repères dans une monde étrange où la gravité s’inverse une fois par an.

Plus loin, il s’agit de suivre le périple migratoire d’une meute de paire de gants fuyant l’été pour retrouver les frimats. Le troisième poulain choisira plutôt le cirque pour apprendre les valeurs de la persévérance en osant tomber pour mieux se relever. Couchés sur le sol, deux amants enlacés se laisseront emporter par le souffle du vent dans un ciel azuré.

En guise de final, un mandala furtif disparaîtra sous les doigts agiles des danseurs pour mieux renaître quelques instants plus tard par la magie toute simple du rewind.

https://www.youtube.com/watch?v=cFglz9-ATE0

Accepter l’illusion

La légende des poulains de Pégase

La légende raconte que Pégase eut sept poulains. Sept jeunes chevaux, aussi beaux que le soleil, aussi forts que le tonnerre et aussi vifs que la tempête. Durant les premières années de leur enfance, leur père leur apprit à courir dans les plaines les plus vastes, à escalader les montagnes les plus hautes et à nager dans les eaux les plus démontées.

Puis, quand il jugea le moment venu, Pégase les appela et leur expliqua que pour pouvoir voler chacun d’eux devrait trouver sa propre et unique forme de légèreté. Alors seulement, il leur pousserait des ailes et ils pourraient voler eux aussi.

Une envolée de gants migrateurs s’apprête à traverser les nuages © Benjamin Schmuck

« Nous n’avons pas voulu utiliser d’effets spéciaux, pointe Jaco Van Dormael. Je voulais que cela reste simple, en optant plutôt pour des illusions d’optiques. Car je voulais pouvoir faire vivre ce monde avec la main. Le public est bien conscient des illusions, il les voit, mais cela ne l’empêche pas de se laisser emporter dans la magie du moment. »

Une main qui devient cheval

Si Michèle Anne De Mey avait déjà fait voltiger des mains acrobates dans Kiss and Cry (voir l’extrait vidéo plus loin), il a fallu apprendre cette fois à faire danser un cheval. « Nous avons dû imaginer comment chorégraphier les quatre pattes d’un cheval avec les mains, explique-t-elle. Nous avons également transformé des sacs en marionnettes. Pour cela, des marionnettistes ont fait faire des Kelly sur mesure dans les ateliers Hermès et ont appris à nos danseurs comment les manipuler. C’était une expérience inestimable d’avoir l’occasion de partager tant de choses avec des artistes venus d’univers si différents. »

Aux effets spéciaux, Jaco Ven Dormael préfère les illusions d’optique © Benjamin Schmuck

L’exercice pouvait paraître périlleux : ne risquait-on pas de se retrouver face à une longue publicité pour des produits de luxe élégamment scénographiés? Etonnamment, même si les sacs, gants, tasses, parfums et rouges à lèvres présents dans les décors sont bien des créations d’Hermès, ils deviennent très vite des personnages à part entière au même titre que les autres objets que l’on voit à l’écran. Des chimères virevoltantes dont on oublie – presque – le prix et le fait que pour la plupart d’entre nous, elles resteront à jamais hors de portée.

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Le spectacle est à voir à la Grande Halle de La Villette, à Paris, tous les jours – sauf le 24 octobre – jusqu’au 28 octobre. Séances à 13h30, 15h, 18h, 19h30. Entrée libre sur réservation www.hermes.com/legerete.

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