Bargème, délicatesse des pierres

© CAMILLE MOIRENC

Intéressant paradoxe : bien que reculé, le petit village, assis sur sa colline et barré par les contreforts des Alpes, inspire présence, grandeur… et talent.

Bargème, délicatesse des pierres
© CAMILLE MOIRENC

L’âge ancien de ses pierres nous ancre, étonnamment, dans l’instant présent. Le village de Bargème exprime de l’élégance, de la sagesse, un sentiment d’éternité qui apaise et ramène à soi-même. On s’y sent bien. On contemple sa vieille robe délicate qui habille simplement les chapelles rurales alentour, ses demeures, son église romane, sa fontaine et son four communal. Elle se fait dentelle au niveau de ses vestiges d’enceinte, de portes fortifiées, et s’épanouit sur les ruines de son château, résidence des Pontevès au XIIIe siècle. À côté, la petite chapelle expiatoire Notre-Dame-des-Sept-Douleurs rappelle également le massacre de la famille seigneuriale par les habitants du village, vers la fin du XVIe siècle, pour mettre fin à la tyrannie.

Bargème, délicatesse des pierres
© CAMILLE MOIRENC

On contemple la sculpture qui marque l’entrée de Bargème: un Shaman monumental réalisé par Elsa Magrey. Installée dans le village, l’artiste voue une passion mystique au minéral et plus précisément aux ardoises : noires, grises, violettes, jaunes, oxydées, plus ou moins dures… des millefeuilles de complexité qu’elle charge d’émotions, toujours guidée par une énergie incroyablement féminine.  » Humblement « , explique-t-elle,  » j’inscris en elles des fragments d’éphémère, fleurs et feuilles dont la beauté n’a d’égale que la fugacité.  » Un langage du coeur, dans ces coeurs de pierres qu’elle sait lire, respecter et animer, avec poigne tout autant que délicatesse, de ses coups de ciseau.

Bargème, délicatesse des pierres
© CAMILLE MOIRENC

VOYAGES INTÉRIEURS

Elsa invite dans sa galerie-atelier, de mai à septembre, pour partager avec le visiteur ses In’errances,  » des voyages intérieurs, pleins de doutes et de failles… de secousses telluriques et de bulles d’espoir remontant en surface « . Ses travaux sur l’empreinte et l’identité,  » labyrinthe de nos vies passées et futures, indéchiffrables au présent « .

Tout en haut, depuis les vestiges du château, on profite encore de la vue sur tout le plateau et du beau cheminement intime que ce village  » oublié  » génère.

TEXTE : SANDRINE MOIRENC – PHOTOS : CAMILLE MOIRENC

Extrait du Hors Série Weekend Spécial Provence

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