Berlin, plus cool que jamais, en 19 bonnes adresses

Le Berlin de Christian Wijnants

Le designer anversois Christian Wijnants est en joie. Vingt ans après avoir lancé son label, il a ouvert sa première boutique à l’étranger, à Berlin. Une ville qui lui va comme un gant. La preuve à travers cette balade en sa compagnie. «Ma boutique se trouve entre un sex shop et un kebab.»

Le climat berlinois, en hiver, n’est pas tendre. Surtout quand il faut attendre patiemment que le feu passe au vert à l’un des gigantesques carrefours de la ville. C’est là que le créateur de mode anversois Christian Wijnants, 45 ans, a choisi d’ouvrir sa première boutique hors Belgique. «Je ne voulais pas faire un choix prévisible comme Paris, explique-t-il. J’aime le côté brut de cette ville. Mais je dois avouer que je préfère la visiter à des moments plus chauds de l’année…»

Hamburger Bahnhof
Hamburger Bahnhof © MARZENA SKUBATZ

Balade berlinoise

Nous tournons à droite sur la Potsdamer Straße, entre les quartiers Tiergarten et Schöneberg. Christian Wijnants n’a pas jeté son dévolu sur l’un des quartiers commerçants populaires comme Mitte ou Kreuzberg. Il a opté pour un emplacement entre un sex-shop, un magasin d’épices libanaises, un kebab et KaDeWe, le deuxième plus grand magasin de luxe d’Europe, après Harrods à Londres. «J’aime ce mélange vibrant. Esthétiquement, ce quartier n’est pas beau. Mais la ville en elle-même, reconstruite après la guerre, ne peut pas non plus être qualifiée de jolie. Je trouve la Potsdamer Straße intéressante car de nombreux architectes, publicitaires et galeries d’art y ont leurs bureaux, et cela attire une foule intéressante.»

Christian Wijnants
Christian Wijnants © MARZENA SKUBATZ

« Il y a beaucoup de beaux quartiers, mais ils sont souvent séparés par des zones où il ne se passe pas grand-chose. Cela donne un côté complexe et mystérieux à la ville. »

Côté mode, la rue ne déçoit pas non plus. Isabel Marant ouvrira bientôt une boutique en face de celle de Christian Wijnants, dont le voisin est Acne Studios. «Et un peu plus loin, on retrouve la boutique d’Andreas Murkudis, l’une de mes enseignes de créateurs préférées en Europe», confie l’Anversois qui, en chemin, nous parle des environs comme s’il y avait habité toute sa vie. «Tout comme Sonja Noël a ouvert Stijl rue Dansaert il y a 40 ans, alors que c’était encore un quartier compliqué, Andreas Murkudis a installé son concept store dans la cour d’un ancien immeuble de presse. La boutique est à peine visible depuis la rue, mais on y retrouve les collections de Rick Owens, Dries Van Noten, Marni et Jil Sander, ainsi que beaucoup de produits de beauté, d’accessoires et de design, dans un bel espace surplombé par une galerie d’art.»

Pour l’aménagement de sa boutique, Christian Wijnants a fait appel aux architectes berlinois Gonzalez Haase AAS, comme Andreas Murkudis. «Les lieux ont accueilli un restaurant avec un bar au milieu, qui a été rénové et sert maintenant de comptoir. Les architectes ont joué avec des matériaux argentés et jaune-cuivre, beaucoup de lumière et de grandes fenêtres.» Un tapis vert pistache ajoute de la couleur. Les rideaux des cabines d’essayage ont été imaginés à partir d’un tissu couleur aluminium, un surplus d’une collection précédente. Lors de la soirée d’ouverture de la boutique, un DJ et un Christian Wijnants au sommet de son art ont également révélé le potentiel festif des lieux…

Kumpelnest 3000
Kumpelnest 3000 © MARZENA SKUBATZ

Un choix logique

Si Christian Wijnants compte aujourd’hui 150 points de vente à l’international, avec pour principaux marchés les Etats-Unis, l’Europe centrale et l’Asie, sa boutique anversoise, ouverte en 2015, reste un endroit particulier. «C’est un laboratoire. Un lieu où nous pouvons expérimenter et obtenir un retour instantané des clients. Un concept store à Düsseldorf, disons, qui vend mes vêtements, prendra rarement le temps, à la fin de la saison, de me donner son avis sur la coupe de nos pantalons ou sur ce que les clients ont pensé des imprimés floraux. Pourtant, ce sont des informations essentielles pour une maison de mode, elles orientent notre développement. Les chiffres de vente permettent de savoir quelles pièces ont bien marché, mais ils n’expliquent pas pourquoi telle veste ne s’est pas bien vendue. Avec une deuxième boutique à Berlin, nous obtiendrons davantage de feed-backs précieux.»

L’Allemagne était un choix logique. Les magnifiques tricots de Christian Wijnants, les robes à fleurs joyeuses et les couleurs éclatantes de la collection – «chacune est née d’une longue étude des nuances» – sont populaires sur le marché allemand. «L’agent qui y vendait notre collection a suggéré Berlin comme lieu d’implantation de notre deuxième boutique. Une ville comme Munich abrite des marques nommées Gucci et Balenciaga, il y a beaucoup d’argent, mais Berlin est plus cool, plus créative, plus brute. C’est un endroit avec une histoire forte, et cette rugosité m’inspire. Des personnes intéressantes du monde entier vivent ici, chacune avec son propre style. Plus qu’à Anvers.»

Christian Wijnants nous emmène au Kumpelnest, un bar agréable non loin de sa boutique, qui diffuse de la musique des années 80. Certains Berlinois se retrouvent ici pour boire un verre après le travail, et d’autres y font la fête jusqu’à 5 heures du matin en semaine comme si c’était le week-end. «Les gens fument encore à l’intérieur. Au mur, certaines décorations et lumières de Noël ont au moins 30 ans. C’est un ancien bordel, qui existait déjà avant la chute du Mur.»

Le parc Hasenheide
Le parc Hasenheide © MARZENA SKUBATZ

Piano et vélo

L’été dernier, le designer a passé un long moment à Berlin. «C’est la saison idéale pour visiter la ville. Les Berlinois sont ouverts d’esprit et très chill. Les gens travaillent dur mais s’amusent beaucoup, ce n’est pas un endroit stressant. Et le monde de l’art y est fascinant. Le Neue Nationalgalerie est un bâtiment signé Mies van der Rohe, près de ma boutique. Le sous-sol abrite la collection permanente du musée, mais au rez-de-chaussée, se trouve une salle polyvalente où il ne faut pas espérer pouvoir admirer des œuvres murales comme dans un musée classique. L’autre jour, j’ai assisté ici à la performance d’un pianiste qui a parcouru tout le rez-de-chaussée avec son piano…»

Andreas Murkudis
Andreas Murkudis © MARZENA SKUBATZ

De ses études à l’Académie royale des beaux-arts d’Anvers, où il a obtenu son diplôme en 2000, Christian Wijnants a gardé quelques amis qui vivent aujourd’hui à Berlin. «C’est chouette d’avoir des connaissances ici, car ce n’est pas une ville facile à apprivoiser. Il y a beaucoup de beaux quartiers, mais ils sont souvent séparés par des zones où il ne se passe pas grand-chose. Cela donne un côté complexe et mystérieux à la ville. Cet été, quand mes parents sont venus, on a passé trois jours à explorer la ville en vélo, et nous sommes tombés sur beaucoup d’endroits sympas par hasard, comme Remi, un resto branché du centre historique. Ma mère étant suisse, nous sommes aussi allés manger chez Peter Schlemihl, un restaurant situé dans un joli quartier résidentiel de Kreuzberg, qui sert une cuisine typique: saucisse, fromage, oignons, pommes de terre, boulettes. Une carte peu raffinée, mais réconfortante. Puis nous avons traversé le Tempelhof, un ancien aéroport transformé en immense parc urbain où l’on fait aussi bien du roller que du cerf-volant.»

Neue Nationalgalerie
Neue Nationalgalerie © JENS ZIEHE

L’appel du schnitzel

Parmi d’autres (bonnes) surprises, Christian Wijnants est un jour tombé par hasard sur la foire qui se déroule chaque printemps dans le parc Hasenheide. «C’était une fête foraine qui semble très traditionnelle, mais j’y ai aussi croisé des naturistes qui faisaient du yoga et des personnes en plein «gay cruising». Cette atmosphère décalée est spécifique à la ville. Pendant la crise sanitaire, Berlin a été le théâtre de nombreuses soirées underground», raconte notre interlocuteur avant de nous faire une annonce importante: «Et maintenant, j’ai envie d’un sandwich au schnitzel! Je connais une adresse sympa à proximité, Rocket and Basil, l’un des nombreux endroits à Berlin où l’on peut encore manger des plats délicieux à moins de 10 euros. J’y vais parfois le matin pour déguster des crêpes au sirop, l’après-midi pour un sandwich ou une salade, et un bon morceau de gâteau à la pistache et à l’eau de rose.»

Les bonnes adresses de Christian Wijnants à Berlin

Si Christian Wijnants n’était pas déjà un grand créateur de mode, il pourrait être un excellent guide touristique. La preuve en 19 lieux.

—Andreas Murkudis

«L’une de mes boutiques de mode favorites en Europe. L’intérieur est digne d’une galerie.» Potsdamer Straße 81. andreasmurkudis.com

—Remi

«Un super endroit dans le centre-ville pour dîner ou souper. La sélection de vins est exceptionnelle.»

Torstraße 48. remi-berlin.de

—Marché aux puces de l’Arkonaplatz

«Berlin regorge de petits marchés aux puces sympathiques, comme celui-ci qui a lieu le dimanche. Arkonaplatz.

—Dittrich und Schlechtriem Galerie.

«Une galerie d’art moderne très réputée.»

Linienstraße 23. dittrich-schlechtriem.com

—Victoria bar

«Un bar à cocktails à l’atmosphère très David Lynch.»

Potsdamer Straße 102. victoriabar.de

—Christian Wijnants

«J’aime vraiment la personnalité hétéroclite de la Potsdamer Straße. Je n’aurais pas pu mieux choisir!»

Potsdamer Straße 91. christianwijnants.com

—Conciërge

«Un petit café non loin de ma boutique, qui sert de délicieux thés matcha.»

Lützowstraße 92. conciergecoffee.de

—Kino International

«Un ancien cinéma des années 60, unique en son genre.»

Karl-Marx-Allee 33. yorck.de

—Tempelhof

«Un parc urbain très agréable implanté dans un ancien aéroport.»

Tempelhofer Damm. thf-berlin.de

—Hamburger Bahnhof – Nationalgalerie der Gegenwart.

«Des expositions agréables dans une ancienne gare aux espaces impressionnants.»

Invalidenstraße 50-51. smb.museum/home

—Neue Nationalgalerie

«Le musée dédié à l’art du XXe siècle, dans un bâtiment signé Mies van der Rohe.»

Potsdamer Straße 50. smb.museum/home

—Kumpelnest 3000

«L’endroit parfait pour une fête, dans un intérieur accueillant et kitsch.»

Lützowstraße 23. kumpelnest3000.com

—25 hours hotel Bikini

«Les chambres ont vue sur les singes du zoo voisin.»

Budapester Straße 40. 25hours-hotels.com

—Rocket and Basil

«Pour un petit déjeuner ou un lunch sympa, près de ma boutique.»

Lützowstraße 22. rocketandbasil.com

Rocket and Basil
Rocket and Basil © MARZENA SKUBATZ

—Peter Schlemihl

«Une adresse typiquement allemande, pour déguster une salade de pommes de terre et une bonne bière.»

Willibald-Alexis-Straße 25. peter-schlemihl.com

—Le parc Hasenheide

«L’un des nombreux parcs berlinois, à l’atmosphère parfois wild.»

Columbiadamm 160.

—Urbanhafen – Van Loon

«Poisson fumé, aperol spritz, le tout servi sur le pont d’un bateau, avec vue sur le canal.»

Carl-Herz-Ufer 5. vanloon.de

—Daluma

«Pour un en-cas sain dans l’une de mes rues favorites de la ville.»Weinbergsweg 3. daluma.de

—Spoonful Berlin

«La glace gagne en popularité, et cela se remarque au succès de cette boutique.»

spoonfulberlin.de

Spoonful
Spoonful © MARZENA SKUBATZ

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