Icon of the Seas : le plus grand paquebot du monde est-il une aberration ?

Icon of the Seas
Icon of the Seas
Nicolas Balmet
Nicolas Balmet Journaliste

Les photos parlent d’elles-mêmes : avec l’Icon of the Seas, tout est démesuré. De quoi exciter les touristes avides d’expériences… titanesques, mais aussi inquiéter tous ceux qui ont un minimum de conscience écologique.

C’est tout simplement le plus grand paquebot de croisière qui ait jamais été construit. Une mastodonte que l’on doit à l’entreprise Royal Caribbean et qui s’élancera d’ici janvier 2024 sur les eaux du globe en s’offrant un voyage inaugural dans les Caraïbes. D’ici là, les images de ce monstre baptisé Icon of the Seas font le tour du monde, et pour cause : avec ses couleurs flashy tout droit sorties de l’univers Barbie, le navire fait forcément pétiller les mirettes des férus de croisière… tout en effrayant les voyageurs qui tentent de surveiller leur empreinte carbone.

Loisirs en cascade

Les chiffres donnent le tournis : sur 365 mètres de longueur et 20 étages, se déploient pas moins de 7 piscines, 20 restaurants et bars, mais aussi 6 toboggans aquatiques. Le bateau abrite également plusieurs salles de sport, une patinoire, un mur d’escalade, un mini-golf, un cinéma, un parcours d’accrobranche, une escape room, une salle de spectacle, un casino et des montagnes russes. Côté décoration ? Une gigantesque verrière, ou encore une impressionnante cascade d’eau qui, elle aussi, a le droit de frimer : c’est la plus grande du genre jamais installée sur un navire de croisière.

« Une obésité du surtourisme »

Le revers de la médaille ? L’impact environnemental de cette créature marine affichant un poids record de 250 800 tonnes. A titre comparatif, elle pèse l’équivalent moyen de 3,17 millions de personnes – un peu comme si un quart de la population belge s’était donnée rendez-vous au même endroit au même moment. « Un non-sens écologique », prévenait récemment François Gemenne (auteur d’études pour le GIEC et chercheur à la ville de Liège) sur la chaîne française BFMTV. « Son empreinte par passager est la plus élevée au monde. Il s’agit d’une obésité de surtourisme. »

Le prix du bonheur

D’après certaines études, l’empreinte carbone du paquebot serait démentielle, avec 108 kilos de CO2 par jour et par personne, soit l’équivalent de 450 kilomètres parcourues en voiture à essence… multiplié par le nombre total de clients pouvant monter à bord de l’Icon of the Seas, c’est-à-dire 7600 passagers. On vous laisse faire le calcul : nous, on va se recoucher. Dans notre tente Quechua. Surtout qu’on n’a pas le moindre doute sur le fait que les tickets se vendront comme des petits pains. Pour une croisière de huit jours, en fonction du standing de la cabine souhaitée, il faudra débourser entre 2000 euros et 40 000 euros. Un budget anecdotique comparé au bonheur de pouvoir dire « Moi, mes vacances ont été merveilleusement plus polluantes que les tiennes, nananère. »

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