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Le lac d’Orta, un lac secret (et sublime) en Italie - Getty Images © UNSPLASH

La dolce vita sans les touristes : 3 lacs italiens pas Côme les autres

Kathleen Wuyard-Jadot
Kathleen Wuyard-Jadot Journaliste & Coordinatrice web

Entérinée par George Clooney (who else?), la popularité du lac de Côme ne montre pas de signes de faiblesse, au risque de voir son charme fou noyé sous les flots de touristes. Pour savourer la dolce vita dans la région, on opte plutôt pour un de ces lacs tout aussi beaux, mais moins pris d’assaut.

Chaque année, plus d’un million et demi de touristes se pressent sur les rives du lac de Côme, ce qui, si l’on prend en compte ses 170 kilomètres de pourtour, représente tout de même une concentration de 8 823,53 personnes au kilomètre. Et si ce «0,53» d’humain laisse pensif, le succès de ce trésor de Lombardie aux rives adossées aux contreforts des Alpes est, lui, tout sauf un mystère: paysages spectaculaires, dolce vita et promesse (trompeuse) d’y apercevoir George Clooney, qui a acheté une maison sur place il y a quelques années, le Lago di Como a tout pour plaire.

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Tout ou presque, donc, car à moins de se lever très tôt ou de tomber par chance sur un village peu fréquenté, on le visite en compagnie de hordes de personnes ayant eu la même idée. La solution pour entretenir l’illusion, si pas d’être seul au monde, à tout le moins d’être un de ces voyageurs avisés qui dénichent des pépites peu fréquentées? Opter pour un autre lac du nord de l’Italie, qui n’en manque d’ailleurs pas: avec une vingtaine d’entre eux, dont trois seulement (Côme, Majeur et le lac de Garde) sont de vrais aimants à touristes, la région des lacs, qui s’étend du Piémont au Trentin en passant par la Lombardie et la Vénétie, a bien mérité son surnom. Nos coups de cœur pour profiter du meilleur de la région en évitant le pire? Suivez le guide!

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Le lac d’Iseo, comme dans un film de Fellini

Anita Ekberg sortirait du lac en robe de soirée pour s’attabler avec Marcello Mastroianni à la terrasse de l’hôtel Araba Fenice, où un petit-déjeuner palatial est servi au son du clapotis de l’eau, que personne ne serait surpris. C’est que cet établissement à la façade ouvragée, dont le ponton orné de chaises longues permet d’enchaîner longueurs et aperitivo, est l’incarnation même de la dolce vita, et symbolise à lui seul l’élégance surannée de ce lac où l’on pratique encore la pêche traditionnelle entre deux régates de voiliers.

Ceux qui rêvent d’un Côme de carte postale, entre stars hollywoodiennes, maisons de bouche où savourer le meilleur du terroir local vêtus de vêtements de lin immaculés et raffinement à tous les étages, trouveront leur bonheur à Iseo.

Lequel mérite une visite rien que pour Monte Isola, la plus grande île habitée des lacs européens, dont les quelque 2 000 habitants se partagent les hameaux pittoresques disséminés sur ce caillou posé sur l’eau. Membre émérite de chaque classement des plus beaux villages d’Italie, Monte Isola rassemble nature verdoyante, églises pittoresques et maisons aux façades pastel dont le charme a notamment séduit George Sand et Frédéric Chopin.

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Nul doute que ce dernier aurait pu composer une sonate à la gloire de Dina s’il avait eu la chance de s’y attabler: situé en bordure d’Iseo, à un peu plus de 10 heures de voiture de Bruxelles, le restaurant d’Alberto Gipponi vaut la peine qu’on y réserve une table un soir de long week-end, où l’on prend la route pour s’offrir une échappée belle entre l’eau du lac et le plaisir plus terre à terre d’un repas mémorable. Décrits par le Michelin comme «délicieux, imaginatifs et tout sauf ordinaires», les plats qui sortent de sa cuisine réinventent avec espièglerie les codes de la cuisine italienne et se jouent délicieusement des classiques de celle-ci. Le souvenir d’une déclinaison surprenante au possible des raviolis crus qu’on dévore à même le paquet en attendant que l’eau bouille n’est pas près de s’effacer de notre mémoire gustative, et par chance, ce dernier, tout comme la sublime interprétation du chef de la célèbre poularde G7 de Georges Blanc, sont des incontournables de la carte, qui change du reste au gré des saisons et de l’inspiration.

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Pour allier effort et réconfort, on planifie également un tour des 65 kilomètres de circonférence du lac à vélo, l’occasion de se dégourdir les jambes mais aussi d’en prendre plein les yeux au passage. Enfin, impensable de visiter les abords du Lago d’Iseo sans passer par Lovere, considéré comme un des «villages les plus romantiques» d’un pays qui l’est déjà à outrance, et exemple parfait de l’attrait irrésistible d’une ville où tous les bâtiments ont été pensés pour s’intégrer harmonieusement ensemble mais aussi dans le paysage qui les entoure. Sur place, un détour pour une glace artisanale au Bar Centrale est aussi incontournable qu’une visite de la basilique Santa Maria in Valvendra, relique parfaitement conservée du XVe siècle.

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Monte Isola, sur le lac d’Iseo.
Monte Isola, sur le lac d’Iseo. © UNSPLASH

Plonger dans l’Histoire au lac de Varese

Autre lac, autre hôtel: à Varese, on pose nos valises au Palace Grand Hotel et d’emblée, le ton est donné. Elle a beau se situer en Italie, c’est Pagnol que cette bâtisse imposante au charme suranné évoque, entre gloire et château avec service aux petits soins en prime. Les grandes fenêtres des chambres ne demandent qu’à s’ouvrir sur le parc qui entoure l’hôtel, lequel est parfaitement situé non seulement pour découvrir villages et lac avoisinants, mais aussi pour en faire une étape lors d’un voyage vers une destination plus loin dans la Botte.

Une fois pris possession de la chambre – et pourquoi pas, d’une coupette de Franciacorta sirotée en découvrant le domaine verdoyant de l’établissement –, on enfile des chaussures confortables et on part à la découverte des environs. Palazzi préservés avec soin, domaines patriciens garnis de statues de marbre, édifices religieux en veux-tu en voilà: Varese a beau être nettement plus confidentielle que d’autres destinations de la région, elle n’a pourtant rien à leur envier. Et a d’ailleurs eu l’honneur de voir son Sacro Monte, un des neufs monts sacrés du Piémont, et les quatorze chapelles du XVIIe siècle disséminées sur ses deux kilomètres de dénivelé, classés au patrimoine mondial de l’Unesco.

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Nul besoin d’être croyant pour apprécier le charme de ce chemin de croix à l’architecture aussi variée que le paysage, qui se découvre aussi en funiculaire. Avec sa façade rose tendre aux détails imposants, le Palazzo Estensi, connu sous le nom de petit Versailles, n’est pas sans rappeler le Schloss Sanssouci de Frédéric II, à Potsdam, d’autant qu’ici aussi, les jardins ouvragés invitent à la flânerie. Les amateurs de sculpture ne manqueront pas la Casa Museo Lodovico Pogliaghi, tandis que l’Ilot Virginia, colonisé dès le néolithique et lui aussi classé par l’Unesco en tant que site préhistorique protégé, mérite également une visite, entre nature, histoire et culture.

Le Palazzo Estensi, au lac de Varese.
Le Palazzo Estensi, au lac de Varese. © GETTY IMAGES

Situé en pleine Lombardie, région gourmande par excellence, Varese se découvre aussi avec les papilles, et une balade dans le charmant centre historique est une invitation à goûter mille délices. Parmi les incontournables, on notera le Buosino, une boisson réconfortante à base de café et de chocolat, ainsi que d’autres spécialités régionales plus célèbres (mais jamais meilleures qu’ici), du gorgonzola au taleggio en passant par la mostarda, exquise en complément d’un peu de fromage à pâte dure. Plus que les pâtes, c’est la semoule qui est la star, ou bien les grains ronds du risotto au safran, à savourer en préambule d’un des poissons phares du lac, entre brochet et perche. Avec sa terrasse au panorama à couper le souffle, qui n’a d’ailleurs d’égal que la maîtrise du chef de la gastronomie régionale, le restaurant de l’hôtel Al Borducan, perché sur la colline du Sacro Monte, mérite qu’on s’y attable – et qu’on prenne le temps d’y étirer le repas de l’antipasto au dolce, de préférence une généreuse part de Tortino al Borducan, pensé comme une ode au chocolat et aux noisettes.

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Lac d’Orta, la véritable dolce vita

Ne vous laissez surtout pas berner par la petite superficie du lac d’Orta: du haut de ses 18,2 kilomètres carrés seulement, il a tout d’un grand. Il ne se contente pas d’abriter une île des plus pittoresques: il est aussi considéré comme un des lacs les plus romantiques du pays. Pas étonnant: entre maisons aux façades délavées éparpillées dans les forêts qui entourent l’eau, paysages aux versants escarpés qui contrastent avec la douceur du climat et rythme de vie paisible où les touristes, peu nombreux, ne font pas de vagues, Orta a tout de la destination de vacances idéale pour qui est en quête de la mythique dolce vita. A 400 mètres de la rive, suffisamment proche pour qu’on se pique de tenter de la gagner à la nage, l’île de San Giulio abrite l’abbaye Mater Ecclesiae, qui occupe quasi toute la superficie de cet îlot photogénique à souhait. Assez petite, elle n’est traversée que par une seule et unique ruelle, invitant à une déconnexion totale au gré de cette «via del silenzio e della meditazione» qu’on arpente en silence, perdu dans la contemplation des jolis édifices qui l’entourent et qui servent aujourd’hui non plus d’hébergement aux chanoines mais bien de résidences privées aux chanceux qui peuvent se les payer – bientôt George Clooney, qui sait?

L’île de San Giulio.
L’île de San Giulio. © GETTY IMAGES

De retour sur les rives du lac, les plus sportifs opteront pour une randonnée dans le massif du Monte Rosa tout proche, tandis que les fans de design mettront le cap sur Omegna, berceau de la fabrique Alessi. Enfin, on ne quitte pas la région sans s’abandonner avec délice au chauvinisme, en s’attablant au Ristorante Mottarone, à Briga Novarese. Fondé en 1937, l’établissement a en effet été repris il y a quelques années par Filippo Crevola et sa compagne, la Liégeoise Céline Gathy, fille de l’architecte de renom Jean-Michel Gathy et désormais heureuse copropriétaire d’un établissement où les spécialités locales revisitées côtoient brunchs californiens et une paella qui n’a pas à rougir de la comparaison avec celles servies de l’autre côté de la frontière.

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Comme Iseo et Varese, le lac d’Orta ne jouit peut-être pas du cachet international de certains concurrents de la région, mais au niveau des raisons de le visiter… c’est tout Côme. Andiamo!

Y aller

En voiture, compter entre 9 et 11 heures depuis Bruxelles. Relativement proches les uns des autres, les lacs peuvent se découvrir individuellement en quelques jours chacun, ou se parcourir le temps d’un road trip plus long, passé à voguer de l’un à l’autre.

En train, Iseo, Varese et Orta sont à un jour de voyage (et plusieurs correspondances) de la Belgique.

En avion, on privilégiera un atterrissage à l’aéroport de Milan, situé à environ une heure des trois lacs.

Se loger

Araba Fenice. Situé à Iseo, cet élégant édifice «pieds dans l’eau» est un coup de cœur garanti. Son petit-déjeuner, qui mêle gastronomie allemande et italienne, est d’une générosité légendaire. Dès 124 euros la nuit. arabafenicehotel.it

Palace Grand Hotel. A Varese, ce lieu au raffinement d’un autre temps garantit un dépaysement complet et l’illusion d’avoir voyagé dans l’espace mais aussi l’histoire. Dès 112 euros la nuit. varese.ipalazzihotels.com

La Bussola. Ambiance conviviale, vue imprenable sur le lac et piscine qui inviterait presque à faire des infidélités à l’eau cristalline en contrebas: cet hôtel d’Orta a tout compris. Dès 133 euros la nuit. hotelbussolaorta.it

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