Non, les autoroutes pour vélos ne vont pas fleurir dans toute l’Allemagne

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L’Allemagne bientôt recouverte d’autoroutes uniquement destinées aux deux-roues? Le projet fait rêver mais il est encore loin de se concrêtiser, du moins, à grande échelle.

La dépêche AFP publiée il y a quelques jours a fait le tour du monde et a réussi à faire fantasmer de nombreux cyclistes et parmi eux, nombre de Bruxellois, frustrés par les infrastructures peu développées de la capitale pour se déplacer à vélo. L’information présentait un tableau idyllique d’une Allemagne sillonnée d’autoroutes uniquement dédiées aux vélos, l’eldorado des cyclistes en quelque sorte. Malheureusement, dans la pratique, les choses sont un peu moins réjouissantes, analyse Le Monde.

La description de cette « radschnellwege », « voie rapide » pour vélos destinée aux déplacements entre le domicile et le travail fait en effet rêver dans notre Royaume tristement célèbre pour ses embouteillages et ses grèves de train: « une piste large et éclairée, sans feux rouges, carrefours ni circulation automobile ». L’infrastructure est présentée comme une solution à la congestion routière et à l’encombrement des trains.

Dix kilomètres sur les 100 prévus

Dans la pratique, 10 kilomètres seulement de ce projet porté depuis quelques années déjà par l’urbaniste Martin Tönnes, ont été inaugurés à ce jour alors que le projet en promet une centaine à l’horizon 2020. L’autoroute cyclable doit relier Hamm à Duisburg, sorte de métropole rassemblant les communes et collectivités de la Ruhr et réunissant 5 millions d’habitants. Prolème: le financement de l’ensemble des 100 kilomètres – soit environ 180 millions d’euros – n’est pas encore trouvé, reconnaît Martin Tönne. « Si l’État fédéral est responsable de la construction et l’entretien des autoroutes, des principales voies ferrées et voies d’eau, la plupart des infrastructures cyclables relèvent de la compétence des autorités locales », précisait d’ailleurs l’AFP dans sa dépêche. « Les communes sont dépassées. Sans soutien, le projet n’aurait aucune chance« , souligne Tönnes, d’autant qu’outre les coûts de construction, les frais d’entretien, d’éclairage ou de déblaiement de la neige viennent alourdir la facture.

Autre pierre d’achoppement relevé par Le Monde, il faudra encore convaincre les riverains de l’emprunter au jour le jour. Et pour cela, il est nécessaire de relier la voie express aux voies existantes, apaiser la circulation dans les villes, multiplier le stationnement sécurisé, verbaliser les automobilistes qui ne respectent pas ces aménagements…

Force est donc de constater que même en Allemagne, où l’utilisation du vélo dans la vie quotidienne est prônée, les difficultés sont là. Et le journal français de citer les réactions d’Andreas Geisel, membre du Sénat en charge du développement urbain et de l’environnement, qui témoignait en juillet de ces difficultés à Berlin même. La piste cyclable qui longe la Schönhauserallee, une avenue qui traverse un quartier bobo de la capitale allemande, «  ne permet plus d’absorber la circulation cyclable. Il faudrait l’élargir, mais cela provoque des débats sans fin », regrette-t-il.

L’Allemagne sillonnée d’autoroutes pour vélo, ce n’est donc pas pour demain.

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