Ramener une plante de son voyage, une idée pas très verte
Une plante en souvenir d’un voyage, quelle belle idée! Et pourtant… Ramener des végétaux dans sa valise peut avoir des conséquences qu’on ne soupçonne pas (ou peu). Giuseppe Stancanelli, chef de l’équipe d’évaluation des. risques phytosanitaires de l’EFSA (Autorité européenne de sécurité des aliments), nous aide à comprendre pourquoi
Pour les fans de végétaux, voyager en dehors de l’Europe et découvrir toute sortes de nouvelles espèces peut-être réellement excitant. La tentation de ramener plantes, cactus, boutures ou semences dans ses bagages est grande. Mais pour le bien-être de la nature et de notre santé, mieux vaut vous abstenir.
« Toute la vie vient des plantes »
« Quand on ramène un produit végétal exotique en Europe, on va complètement bouleverser l’écosystème, nous explique Giuseppe Stancanelli. Tout y est lié, des liens vont se briser, et le système ne pourra plus fonctionner comme avant. »
« Il ne suffit pas de regarder qu’il n’y ait pas de petits insectes, la plante peut aussi transporter des êtres vivants invisibles pour nous », précise l’agronome. Ce vivant ça peut être des bactéries, des maladies, ou même des œufs d’insectes qu’on ne voit pas forcément au premier coup d’œil. Une fois ramenés sous nos latitudes, ces bactéries ou insectes vont se développer et attaquer les plantes européennes. On peut prendre l’exemple de la chenille légionnaire, originaire d’Amérique du Sud, qui a envahi l’Afrique depuis 2016. Une étude montre que le rendement du maïs, dans les régions concernées, a chuté de 58% à cause de cette chenille de moins de 4 cm de long.
Ramener des petites boutures peut sembler rien du tout, en tant que simple voyageur qui a envie d’ajouter des spécimens à sa collection de plantes vertes, et pourtant, ce petit geste peut faire beaucoup. Car en négligeant la santé de nos plantes, ce sont tous les êtres vivants, donc nous, qui sommes menacés. « Des plantes en bonne santé signifie un environnement sain, suffisamment d’oxygène, une nourriture qualitative. Les plantes préviennent même la dégradation des sols », ajoute le Guiseppe Stancanelli.
L’histoire nous a donné un triste exemple de l’impact de la santé des plantes sur les humains: la grande famine irlandaise, provoquée par un champignon introduit de l’Amérique en Irlande le « mildiou ». Malgré un nom qui parait inoffensif le mildiou a anéanti les cultures de pomme de terre. La pomme de terre étant l’aliment principal en Irlande à cette période, ce champignon a causé la mort de près d’un million de personnes.
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Concrètement, comment ramener des plantes dans ses bagages (en avion) en dehors de l’Europe?
Depuis fin 2019, il est légalement interdit de ramener des produits végétaux provenant d’un pays en dehors de l’Europe sur le territoire européen… A quelques exceptions près.
Les seuls produits végétaux autorisés sans restrictions sont certains fruits comme les ananas, bananes, dattes, durians, et noix de coco. Les produits transformés comme les fruits secs, épices, huiles végétales, statues en bois etc, sont aussi autorisés.
Pour tout autre type de produits végétaux, il est nécessaire de présenter un certificat phytosanitaire à la douane. Ce certificat est délivré par le pays d’origine, et il signifie que la plante a été examinée par des professionnels. Il permet aux plantes, fleurs, graines, tubercules, herbes fraîches, ou encore aux fruits et légumes de voyager jusqu’au territoire européen sans aucun risque. Il est donc nécessaire que la plante ait été vérifiée, pour éviter la destruction de cette dernière à l’aéroport, et pour éviter tout danger une fois arrivé à bon port.
En cas de doute, vous pouvez toujours consulter le site du SPF de la santé publique.
Enfin, sachez que si vous avez envie de compléter votre collection de plantes avec des spécimens ramenés au sein de l’UE, il n’y a, dans ce cas, aucune restriction, même en avion, si ce n’est la taille de vos bagages…
#PlantHealth4Life
Les scientifiques ont donc largement démontré que ramener des fleurs et autres produits végétaux dans l’Union européenne pouvait être néfaste. Les réglementations sont bien mises en place aujourd’hui. Ce qui manque désormais à la cause, c’est la sensibilisation auprès des citoyens. L’Union européenne a d’ailleurs lancé sa campagne #PlantHealth4Life pour sensibiliser sur cette problématique via, entre autres, son compte instagram @one_healthenv_eu et au moyen de partenariats avec différents influenceurs européens. Pour la Belgique, c’est notamment l’influenceuse Silent Jill qui s’est prêtée au jeu.
L’idée est donc de partager sur les réseaux sociaux le hashtag #HealthPlant4Life afin de sensibiliser notre entourage à cette cause. Et laissez-donc chez lui ce petit cactus que vous avez, de toute façon, grande chance de trouver en jardinerie près de chez vous.
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