Le restaurant de la semaine: la cuisine thaïe royale du Baan Chann

Sur ses terres, la gastronomie thaïlandaise ne craint pas de s’exposer. C’est particulièrement vrai de la street food qui est destinée à se mêler au grand nombre. Son destin est tactile, sensuel et vibrant.

Importée sous nos pluvieux tropiques, tout change, elle se mue souvent en une pratique désincarnée dominée par la froide lumière des néons. Les cuisiniers hantent les sous-sols déprimés, wokant à la chaîne et cherchant en vain le jour.

Il faut être naïf pour penser que cela n’affecte pas cet art de vivre dans son essence. Heureusement, du côté de Saint-Gilles, un restaurateur a eu la bonne idée de faire oeuvrer son chef au vu de tous. Comme on pouvait s’y attendre, le résultat est bouleversant.

Dans un décor d’une vingtaine de couverts, Tom – tel est le nom du virtuose au doux sourire déjà repéré dans les murs de l’excellent café Le Pavillon à Ixelles – s’agite derrière un comptoir en prise directe sur la salle. La transparence est totale.

Pour preuve, le kareng kari kai (14 euros), du filet de poulet au curry jaune, émeut par sa justesse et sa précision. De la fraîcheur, pas d’exhausteur de goût, un riz limpide : voilà une adresse qui jure fidélité à la lettre et à l’esprit de la cuisine thaïe.