Le restaurant de la semaine: Anima Italiana, l’Italie mais sans son âme
On pourrait détourner Léo Ferré, époque Avec le temps, pour résumer cette chronique: «Le cœur, quand ça bat pas, c’est pas la peine d’aller chercher plus loin…» On pourrait aussi convoquer l’art contemporain en citant le No Ghost Just A Shell de Pierre Huyghe et Philippe Parreno, slogan percutant pour désigner une forme dépourvue d’âme. Dommage quand c’est justement Anima Italiana, «âme italienne» en V.F., qui donne son nom au projet.
Où?
382, chaussée de Bruxelles, à 1410 Waterloo. animaitaliana.be
Genre
Italien trop facile
Atmosphère
Sans supplément d’âme
Addition
Plats entre 10 et 28 euros
Située à Waterloo, cette enseigne pose un vrai problème au chroniqueur gastronomique: bien qu’il n’y ait rien à reprocher, on fouille en vain pour trouver un signe distinctif auquel se raccrocher, un sujet sur lequel s’enthousiasmer. Un électroencéphalogramme plat. Hélas, à l’heure où de nombreuses enseignes italiennes redoublent de créativité en retournant les terroirs ainsi que les appellations viticoles pour provoquer la surprise, Anima Italiana paraît bien lisse et déçoit.
Cette absence d’émotion trouve un écho dans le parti pris décoratif: des photos noir et blanc du pays rappelant certaines campagnes publicitaires de San Pellegrino. Certes, il nous revient par l’oreillette que le patron n’était pas présent lors de notre visite. Peut-être cet homme que l’on nous assure épicurien aurait-il pu amener cette générosité que l’on associe spontanément à la cuisine italienne… Un être vous manque et l’assiette semble dépeuplée.
Cela dit, pas question de noircir le tableau non plus. En entrée, le vitello tonnato (18 euros) n’a rien à se reprocher, à part peut-être que les tranches de veau sont roulées, ce qui les dessert en l’amenant du côté de la chiffonnade charcutière. Le carpaccio dello chef (18 euros) est lui plus gourmand: une belle viande rouge ponctuée d’une sauce au basilic et d’une vinaigrette de fruits rouges. Mais on en a dégusté des centaines comme celui-ci.
Le plat, des tortelli al pecorino romano (20 euros) est sans doute ce que l’on retient de la visite, il offre ce début de vibration que l’on guettait depuis le début, notamment en raison d’une texture réconfortante qu’une juste dose de thym réveille. Une esquisse de pulsation étouffée par une carte des vins qui tourne le dos aux vignerons avant-gardistes… alors que la Botte n’en manque pas.
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