Le mercato des restos, du bon et du mauvais

Michel Verlinden
Michel Verlinden Journaliste

Le mois de septembre est toujours un moment crucial de l’année gastronomique. On y parle beaucoup de fermeture – hélas – mais aussi d’ouvertures. Un petit point s’impose.

Je ne sais pas vous mais moi je préfère que l’on m’annonce d’abord les mauvaises nouvelles. Raison pour laquelle je commencerai par les petites catastrophes, celles qui font de moi le  » desdichado  » cher à Gérard de Nerval. Au-dessous de tout, l’annonce qui m’attriste le plus, inconsolable plutôt qu’inconsolé, vient du Neptune. Cette adresse qui pour moi figure parmi les meilleures de Bruxelles est en passe d’être vendue d’ici la fin du mois. Si vous n’avez pas eu la chance de goûter à la cuisine de l’excellent Nicolas Darnauguilhem, précipitez-vous car ce chef est au-dessus de la mêlée.

Seule lueur d’espoir : que le Savoyard trouve un autre espace à la hauteur de son talent. Il prospecte. Ce n’est qu’à ce prix-là qu’il continuera.

Autre fermeture peu réjouissante, celle de Chez Nous sur la place du Jeu de Balle. Initiée par Camille Maurin et Sophie Centenero, deux françaises qui avaient tout compris à la belgitude, entre décor rétro-nostalgique et cuisine décontractée.

Il n’y a pas qu’à Bruxelles que le vent mauvais emporte les bonnes adresses. Liège perd son El Pica Pica, super cambuse ibérisante emmenée par Ramon Rodriguez. C’est avec émotion que l’on a pu lire ces quelques lignes du restaurateur :  » El Pica Pica est un chapitre bourré d’émotions que j’ai eu le bonheur de partager avec des fournisseurs formidables, des clients devenus de nombreux amis. Ce sont des pages de vie si intenses qu’on n’a pas envie de les tourner … Je veux rester serein : ces pages sont dans un livre qui reste ouvert. Je sais, qu’elles sont précieuses. Je les relirai « .

Dernière mauvaise nouvelle, le pourtant très bon restaurant italien Biosteria à Nivelles se retire lui aussi sur la pointe des pieds. Pas de chance, pour une fois qu’une adresse du Brabant wallon sortait de l’habituel formatage cisalpin façon pizza-carbonara.

La rentrée compte également l’un ou l’autre transfert. Le plus significatif ? Benjamin Laborie ex- Bowery qui s’agite désormais dans les cuisines du Jaloa.

Heureusement, l’automne peut également compter sur un nombre conséquent d’ouvertures. A tout seigneur, tout honneur, on reviendra sur le nouvel espace Les Filles déjà annoncé dans ces colonnes. Cette fois, c’est chose faite : une impressionnante maison de maître sur quatre niveaux et répartie entre épicerie fine, cours de cuisine, atelier de production, tables d’hôtes, salle de conférence. Pas de doute, c’est du lourd.

On notera aussi l’ouverture du Garage-à-Manger. Le pitch ? Le délicieux Joël Geismar du food truck El Camion -que l’on a pu voir longtemps derrière le comptoir du Café des Spores – s’installe désormais dans le garage de la librairie Pêle-Mêle d’Ixelles. Au programme lunch à 18 euros, du lundi au vendredi ; apéro tapas le vendredi dès 17 heures ; ainsi que brunch, entre 10 et 15h, le week-end.

Dans la foulée, on pointera Pin Pon sur la place du Jeu de Balle qui, après un warm-up assuré par Charli et Philippe Emanuelli, devrait s’installer pour de bon dans l’ancienne caserne des pompiers.

Au rayon des bonnes nouvelles, on mentionnera également plusieurs adresses qui s’étendent. Ainsi du Caffè al Dente qui ouvrira une seconde enseigne rue de la Longue Haie. De Vini Divini qui lance une épicerie fine. Et de la poissonnerie-comptoir street-food Mer du Nord/Noordzee qui se dédoublera du côté du quartier européen. Last but not least, Thierry Naoum (Rouge Tomate) ouvrira début novembre Chez Montaigne, un nouveau traiteur-salon de thé sur la place Brugmann. Côté Wallonie, on mentionnera surtout Génération W, cette très belle initiative qui rassemble 10 chefs autour d’une défense et illustration du terroir plus que salutaire.

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