Recettes et conseils détox d’une cuisinothérapeute

© FRÉDÉRIC RAEVENS
Michel Verlinden
Michel Verlinden Journaliste

Le début d’année s’avère un moment propice pour repenser le rapport à la nourriture. Amandine Poli, cuisinothérapeute, nous explique comment dépasser le cliché des bonnes résolutions, avec trois recettes détox en bonus.

Grâce à ses consultations, son épicerie fine située à Bruxelles et sa gamme de produits à indice glycémique bas (notamment une remarquable pâte à tartiner signée Eugène Chocolatier), Amandine Poli (42 ans) s’est fait un nom en matière d’alimentation saine et savoureuse. Avec cette approche « healthy tasty », qui est sa marque de fabrique, elle est une interlocutrice de choix pour qui souhaite revoir sa manière de manger après les excès des fêtes. Un régime? Certainement pas, cette jeune Française installée en Belgique propose plutôt de se reconnecter à son corps et à sa faim. Elle en sait quelque chose, elle qui a dû revoir de fond en comble sa façon de s’alimenter en raison de la maladie coeliaque. Amandine de préciser: « Nous sommes tous différents, il faut tenir compte des organismes de chacun. En revanche, ce qui est certain, c’est qu’il est inutile d’alterner excès et régimes car c’est être en déséquilibre permanent. Je défends une vision d’équilibre à long terme, une compréhension profonde de ce qui est bon pour soi. Pour ce faire, il est nécessaire que le plaisir soit au programme afin que ne s’opposent plus en chacun de nous la satisfaction immédiate et les objectifs durables de santé. »

Il est inutile d’alterner excès et régimes car c’est être en déséquilibre permanent.

Il reste que la cuisinothérapeute plaide pour la nécessité d’une prise de conscience. « La plupart d’entre nous sortent éreintés des fêtes et de leurs cortèges interminables de plats. Cela déclenche l’envie de rompre avec ce cycle infernal, on se sent mal, lourd, déprimé, on manque d’initiative. On est comme dépendant à la nourriture, souvent au sucre, ce qui peut s’apparenter à une restriction de la liberté. De nombreuses études scientifiques prouvent le lien entre santé mentale et bien-être intestinal. »

Amandine Poli
Amandine Poli© FRÉDÉRIC RAEVENS

Éviter la surchauffe

Comment faire pour quitter cette spirale? Cette question, la petite-fille du chef étoilé Jean Mouge y répond en vantant les vertus de la détox, une pratique qui peut faire peur. « Il n’est pas question de ne plus rien manger, explique l’intéressée. Ce que je préconise, c’est d’initier un début de rupture, faire en sorte que l’organisme se détache de ce rythme d’usine en surchauffe. L’idée est d’opter pour un jeûne hydrique, c’est-à-dire de pouvoir ingérer des liquides, comme des jus ou de la soupe, de courte durée. Cela va immédiatement soulager le corps. Quiconque tente l’aventure va directement en sentir les bienfaits, qu’il s’agisse d’une sensation de légèreté ou d’un sommeil plus réparateur. Outre apaiser les organes émonctoires tels que les reins, le foie et même la peau, une telle détox permet aussi de s’interroger et de sortir de l’injonction permanente à manger pour se consoler, que nous fait la société à travers la pub. On a fait de nous des singes fainéants, avec notre consentement, qui ne s’intéressent plus à ce qui entre dans leurs corps. Cette dépossession est un problème, nous attendons que la nourriture nous tombe toute cuite dans l’assiette. Il faut créer un court-circuit qui permette de se réapproprier son destin alimentaire et son intelligence. Trois jours d’un jeûne liquide permettent d’appréhender les bienfaits d’une vie où l’on prend soin de son corps. Cela peut être un déclencheur. Je conseille de répéter l’opération à chaque changement de saison. » Le jeu en vaut la chandelle car Amandine Poli promet un sentiment de bien-être au bout de cette rupture: « Il s’agit de renouer avec la joie, l’énergie, la puissance d’agir. »

On a fait de nous des singes fainéants, avec notre consentement, qui ne s’intéressent plus à ce qui entre dans leurs corps.

Se recentrer sur soi

La quadra insiste sur le fait que pour être complète, cette cure ne doit pas seulement être alimentaire. Il convient d’accompagner la mise au repos du système digestif par une détox plus large, notamment digitale. En clair, éviter la consultation frénétique des smartphones et autres objets techniques connectés pour décrocher du flux ininterrompu d’infos. « L’idée, c’est de se centrer sur soi plutôt que sur l’extérieur, qui est plus anxiogène que jamais, la vie est devenue une compétition de haut niveau, il faut l’énergie d’un athlète pour l’affronter. Bien sûr, on ne peut pas se couper du monde, ce qu’il faut faire c’est prendre du recul pour savoir où l’on en est. Je recommande également de beaucoup s’aérer, de faire du sport, ne serait-ce que marcher en forêt. Très bénéfique également est le fait de s’intéresser à la respiration. Cesser d’enchaîner les respirations courtes pour retrouver un inspire et un expire profonds. A cette fin, il existe des applis très bien faites de cohérence cardiaque. »

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Et après ces trois jours de diète? Premier commandement: respecter une période de transition en mangeant de façon légère. « Après la détox, le bon plan consiste à alléger le travail du corps ainsi qu’à le nourrir en fibres et en minéraux. Pour cela, il faut manger le plus vert possible, des légumes vapeur, du bouillon, des décoctions d’herbes (thym, basilic, cressonnette). Idéalement, si on le tolère bien, il est bienvenu d’ajouter des légumes crus à son assiette. Je conseille également, si c’est possible, d’aller au sauna. »

Pour mettre le pied à l’étrier, Amandine Poli propose en exclusivité pour nous trois recettes (deux « liquides » et une propice à l’ingestion de crudités): « J’ai choisi la soupe aux shiitakés pour ses propriétés anti-oxydantes ainsi que pour le boost qu’elle offre au système immunitaire. Le jus détox, quant à lui, réchauffe le corps grâce au gingembre, apporte des nutriments avec les épinards, apaise avec l’aloe vera et fournit des protéines non animales par le biais du chou kale. Enfin, la salade avec les carottes est un formidable apport de crudités sublimé par une vinaigrette qui, à l’inverse de toutes les autres, n’est pas acide. »

Trois recettes détox

Recettes et conseils détox d'une cuisinothérapeute
© Romain Odintsov/Xavier Frenoy

Jus détox Good Mood

Salade crue « couleur passion »

Soupe de shiitakés

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