Malgré le prix élevé des matériaux, la pénurie de main-d’oeuvre et un marché de l’immobilier en ébullition, il est possible de transformer un bien en maîtrisant les coûts. Architectes (d’intérieur) et bricoleurs pros nous donnent leurs bons plans.
1. Observer avant de se lancer
Lors de l’achat d’un logement, il est vivement conseillé de se faire guider par un architecte ou architecte d’intérieur pour voir si l’état du bien est en adéquation avec le budget de rénovation disponible. Attention également à ne pas voir trop grand car cela fera aussi monter la note de la transformation.
Sophie De Somere du studio gantois Onbetaalbaar, spécialisé dans la réutilisation de matériaux, ajoute un point : « Ce n’est qu’en vivant dans une maison telle qu’elle est que l’on peut voir ce qu‘elle a à offrir et ce qui nous manque. L’idéal est de préserver autant que possible ce qui se trouve déjà sur place et de combiner les matériaux d’origine avec de nouveaux matériaux.»
2. S’en tenir au plan
Un joli post Instagram, une vidéo suggérée par l’algorithme de TikTok, une moodboard signé Pinterest ou les conseils d’un ami autoproclamé expert… Les sollicitations sont nombreuses pour changer de cap en cours de route… Ce qui n’est pas toujours une bonne idée.
« En réalité, un projet, surtout en termes de finitions, évolue toujours au fil du temps, notamment pour des raisons budgétaires car le client se rend compte qu’il ne pourra pas tout payer, concède Liesl Ketele, architecte d’intérieur chez Open Architectes, à Ronquières. Mais ce qui est important, c’est de garder en tête le concept originel et d’essayer que le résultat final lui ressemble. Sinon, on y perd en termes d’esthétique, mais aussi parfois d’argent si on fait des va-et-vient.»
3. Ne pas tout cacher
Planchers, structures en béton et poutres en acier ne doivent pas nécessairement disparaître derrière du plâtre et autres revêtements, tout comme les câbles et tuyaux ne doivent pas obligatoirement être dissimulés.
« S’ils sont mis en œuvre avec soin, ces matériaux de construction peuvent très bien être laissés apparents, mais ce n’est pas évident de convaincre les habitants car ils ont peur du résultat, remarque Liesl Ketele. Pourtant, les éléments techniques peuvent donner un vrai cachet à la maison. »
4. Choisir peu de matériaux
« Plus vous avez de surfaces réalisées avec le même matériau, plus elles sont relativement bon marché», souligne Anne Moerman, du bureau d’architecture Magma à Hasselt. Cela se justifie par le fait que « des matériaux variés exigent des techniques différentes et donc divers entrepreneurs qui doivent se déplacer pour chacun réaliser leur partie.»
Il est également moins coûteux de choisir un seul matériau pour les sols, les murs et le plafond. D’où la popularité des « salles d’eau», ces salles de bains recouvertes d’un revêtement en polyester, un matériau de construction réputé économique, mais peu écologique.
Des enduits de Mortex, d’argile ou à la chaux sont beaucoup plus naturels et même plus abordables, voire réalisables soi-même. On retrouve par exemple des formations sur ecobati.com
Autre option envisagée par Liesl Ketele : utiliser partout un même carrelage mais le peindre côté cuisine par exemple, pour un effet différent.
5. Opter pour des alternatives
L’architecte d’intérieur anversoise Enya Pannecoucke a expérimenté diverses solutions alternatives innovantes pour les finitions de son propre habitat. Ainsi, elle a utilisé du Betoncontact, un primer d’adhérence à grains visibles, pour créer un mur texturé dans sa cuisine. Elle l’a ensuite fini avec un vernis pour bateau. Utilisé aux Pays-Bas pour l’entretien des embarcations et les portes d’entrée, il convient également parfaitement pour créer un mur lavable.
Dans sa salle de bains, le conceptrice voulait créer une atmosphère de tadelakt, mais cette technique est coûteuse et délicate.
Elle a donc poncé le grossièrement l’enduit des murs et du plafond, puis utilisé une peinture-émail colorée comme couche de finition. La baignoire a été traitée avec une base epoxy pour assurer l’étanchéité. Et pour les sols ? « On peut donner un aspect de chape lissée au sous-planché en utilisant la bonne couleur et le bon vernis. La peinture époxy ne demande que très peu d’entretien !»
6. Récupérer
Ce conseil s’illustre parfaitement avec la maison des années 60 de l’architecte d’intérieur Soo Heyvaert. « Presque tout ce que j’ai pu récupérer l’a été ou a été astucieusement assemblé avec des éléments nouveaux ou existants que j’ai pu trouver ailleurs», dit-il. Ainsi, les carreaux de sa salle de bains originelle forment désormais la crédences de la cuisine.
Dans cette pièce, des modules Metod d’Ikea ont été recouvert d’un placage en teck patiné, récupéré sur des armoires des sixties mises au rebut. Pour réaliser tout cela, le créateur a pris des cours du soir en menuiserie.
Outre secondemain.be, d’autres enseignes privilégient la circularité des matériaux, telles que Rotordc.com (Bruxelles), lamateriautheque.be (Tournai), laressourcerie.be (Namur) et ressourcerieliege.be (Liège). Et pour une première initiation à la menuiserie, on retrouve divers ateliers sur wecandoo.be
7. Personnaliser sans se ruiner
Anne Moerman conçoit régulièrement des cuisines basées sur des meubles Ikea, que les constructeurs installent ou finissent eux-mêmes. Les meubles sont abordables et possèdent une certaine qualité. Ils constituent une bonne base pour travailler ensuite soi-même la tôle sans avoir besoin de machines complexes.
Ce qui est intéressant, c’est que même si l’armoire achetée se termine 30 cm sous le plafond, vous pouvez donner l’impression d’une personnalisation complète avec des façades allant du sol au plafond. De plus, l’espace entre le haut de l’armoire et le plafond constitue un compartiment de rangement très pratique.
De son côté, Open Architectes a aussi eu une idée intéressante : une armoire dissimulée non pas par des portes mais pas un rideau, ce qui donne une esthétique toute autre.
8. Oser le Do-it-yourself maîtrisé
Si les grandes lignes doivent de préférence être supervisées par un professionnel ou quelqu’un d’averti, il est ensuite faisable de se lancer dans des expériences do-it-yourself. Parmi les bons livres récents, on peut citer Le guide de la rénovation (éditions Marabout) qui propose 50 DIY pour donner une nouvelle vie aux meubles et objets.
On y apprend par exemple comment restaurer un miroir entouré d’osier, customiser une commode ou changer l’assise d’une chaise. Autre piste intéressante pour les bricoleurs : la start-up hitchconcept.be proposent des connecteurs modulaires permettant d’assembler seul des planches à l’aide d’une clé à douille (comme celle d’Ikea) pour en faire du mobilier.
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