Le designer belge Maarten Van Severen raconté par ses proches

Le clan Van Severen de gauche à droite: Hannes, David, Flor, Marij et Boris.  © Damon De Backer

Maarten Van Severen est l’un des plus grands designers belges contemporains, connu notamment pour sa chaise .03 éditée par Vitra. Nous avons rencontré sa femme et ses enfants dans le studio de Gand où il est décédé il y a vingt ans. Objectif: mieux cerner l’homme derrière le créateur.

«Pourquoi pas dans l’ancien atelier?» C’est Flor, le fils cadet, qui a suggéré le lieu de l’interview. Il y a presque vingt ans jour pour jour, Maarten Van Severen est décédé ici, dans son studio du Galgenberg à Gand, entouré de sa famille et de ses créations. Même pour les non-initiés, son nom évoquera sans doute quelque chose. Il fut le premier designer belge contemporain à s’imposer au sommet de la scène internationale du design. Plusieurs de ses créations sont encore aujourd’hui saluées (voir pages 64 et 65) et il en va de même, désormais, pour ses quatre fils. David Van Severen est un architecte de renom. Son frère Hannes, lui, conçoit des objets de design que l’on retrouve dans de nombreux salons, en collaboration avec sa compagne Fien, sous le nom de Muller Van Severen. Avec Boris et Flor, la scène théâtrale flamande compte deux comédiens de talent supplémentaires.

Lorsque Boris arrive à vélo ce jour-là, accompagné de son fils aîné, il est immédiatement salué par les locataires actuels du studio, la marque de streetwear gantoise ZES: «Je voulais juste vous dire que c’est vraiment un honneur de pouvoir travailler dans l’atelier de votre père.»

Maarten Van Severen au tournant du siècle dans son atelier du Galgenberg à Gand. ©Bart Van Leuven – Avec l’aimable autorisation de la Fondation Maarten Van Severen – Design Museum Gand

Quand les frères Van Severen et l’épouse de Maarten, Marij De Brabandere, se présentent à leur tour, ils se lancent spontanément dans une visite empreinte de nostalgie. Dans l’ancien atelier devenu parking, seules les taches de plâtre et autres marques sur le sol rappellent les travaux intensifs de soudure, de ponçage et de création qui ont eu lieu ici. Marij se souvient encore du froid et du crissement des portes en acier lorsqu’elles se fermaient.

«Nos parents nous ont inculqué le sens de l’esthétique dès notre plus jeune âge, mais nous avons tous suivi notre propre voie.»

Boris

Les frères sont surpris par la petite pièce qui leur servait de chambre, enfants, et par la douche qu’ils ont utilisée autrefois. Un sentiment étrange plane. «Tout était improvisé à l’époque, se souvient David. Mais maintenant, tout est délabré. Comme un squat.» Les fenêtres, l’une des interventions architecturales de Maarten dans l’espace, sont quant à elles restées intactes. «Un trou et du verre. Rien d’autre. C’est très maladroit, pas du tout isolé. Mais pour moi, ce seront toujours les plus belles.»

Success-story

Dan Van Severen, leur grand-père, était une figure de proue de l’art abstrait belge, et Maarten a été propulsé au sommet du design international à la fin des années 1990 grâce à son iconique chaise .03 pour Vitra. Aujourd’hui, ses meubles se trouvent dans les plus grands musées de design et les intérieurs haut de gamme du monde entier. Il a été le premier designer belge contemporain à obtenir un tel succès. Cependant, son parcours n’a pas été des plus simples et sa famille a traversé des moments difficiles.

Maarten Van Severen à la fin des années 1990 dans l’atelier où le Blue Bench a été produit pour Edra. © Avec l’aimable autorisation de la Fondation Maarten Van Severen/Musée du Design de Gand

On pourrait croire que le succès vous a été servi sur un plateau. Cette réputation vous dérange-t-elle?

Boris: «J’espère que peu de gens ont cette image de nous. Bien sûr, nos parents nous ont inculqué le sens de l’esthétique dès notre plus jeune âge, mais nous avons tous suivi notre propre voie. C’est vrai que nous essayons de rechercher l’esthétique pure dans ce que nous faisons, tout comme lui.»

Hannes: «Je suis peut-être celui qui se rapproche le plus de ce qu’il a fait, mais le copier n’a jamais été mon objectif. Je me suis retrouvé dans le design par hasard (ndlr: La galeriste Veerle Wenes leur avait demandé à lui et à Fien, son épouse et sculptrice, de concevoir un meuble à l’époque). Fien et moi avons développé notre propre langage. Je ne me suis jamais servi de mon père pour progresser, en disant «je suis le fils de». Certainement pas à l’étranger. Il était important de laisser mon travail parler de lui-même, de le faire découvrir aux autres.»

David: «C’est une question tellement difficile, de savoir si ce succès est hérité. Je crois qu’après sa mort, une sorte de vide s’est créé, ce qui nous a permis de trouver plus facilement notre voie. S’il avait été encore en vie, nous n’aurions probablement pas pu le faire. Nous avons chacun fini là où nous sommes maintenant en suivant notre propre chemin.»

Boris: « Marij nous a toujours laissé la liberté de faire ce que nous voulions. » ©Damon De Backer

Flor: «Parfois, c’est énervant que les gens vous associent à votre père, vos frères ou même votre grand-père. Je suis incroyablement fier de ma famille et de ce que nous faisons tous, mais nous n’avons pas toujours besoin d’être comparés les uns aux autres. Je préfère aussi croire que ce n’est pas notre nom qui compte, mais plutôt qui nous sommes et comment nous évoluons.»

Hannes: «Je pense qu’au début, Maarten était souvent comparé à son père, qui était un artiste célèbre en Belgique. Il a également essayé de prendre ses distances par rapport à cela.»

Après avoir été contacté par Vitra en 1994, Maarten a connu un succès international avec sa chaise .03. Comment avez-vous vécu cela en famille ?

Marij: «Il était temps que quelque chose se passe, car Maarten n’avait rien vendu depuis très longtemps. Il y a eu une période où personne ne voulait de ses créations, même en don. Il était perfectionniste et son travail demandait beaucoup de précision, ce qui signifiait que les heures de travail à elles seules rendaient ses produits inabordables. Nous les vendions ensuite à des amis pour une bouchée de pain. (rires). Je me souviens encore d’être allée dans des boutiques avec son portfolio, même jusqu’à Paris. Et Maarten m’attendait quelque part non loin de là. C’était difficile de convaincre les gens, jusqu’à ce que quelqu’un montre de l’intérêt: Patrick Seguin.

Hannes: «Vraiment? C’est un galeriste renommé, il travaille notamment pour Jean Prouvé.»

Marij: «Une exposition a suivi avec des pièces de Maarten, qui a finalement donné lieu à une publication dans le magazine de design Domus. Le directeur de Vitra, Rolf Fehlbaum, est tombé sur cet article. Je me souviens encore quand il est venu déjeuner chez nous alors que j’étais enceinte de Flor et que j’avais par erreur préparé une quiche au bacon, alors que Rolf était végétarien (rires). Ce fut le début d’années de recherche sur l’ergonomie, la hauteur et la largeur d’assise correctes d’une chaise. J’ai toujours su que cela arriverait un jour, Maarten était si déterminé. Il n’a jamais fait de compromis ni suivi aveuglément les tendances. Cette détermination l’a mené au succès.»

David, aux côtés de Boris et Flor: «On voit encore les chaises de Maarten partout aujourd’hui. Je pense que cela est plus important que la postérité de son nom.» ©Damon De Backer

David: «On pourrait penser que le succès ou l’argent sont ensuite tombés du ciel, mais ce n’est pas le cas. Outre Vitra, il y a eu aussi les projets avec Rem Koolhaas. Un architecte incroyable, mais aussi quelqu’un qui a le flair pour les talents émergents. Maarten travaillait à l’époque – je parle de 1989 – comme une sorte d’homme à tout faire à la Villa Dall’Ava. Il devait assembler ou poncer un escalier, mais ils en avaient fait le design ensemble. L’étape suivante a été la Maison à Bordeaux, où il était plus explicitement présent en tant que designer.»

La pièce maîtresse de cette maison est un impressionnant ascenseur avec une bibliothèque, conçu pour le propriétaire qui était en fauteuil roulant après un accident de voiture.

David: «Parfois, c’était un peu flou: Maarten avait-il fabriqué ou juste imaginé quelque chose? On en fait toujours tout un plat, tout comme pour le mot «designer». Lui-même n’aimait pas ça. Il était toujours occupé dans son studio à assembler des objets et à les tester. C’était bien plus brut que quelques croquis sur papier. Ce concept de véritable fabrication a été important pour moi: la façon dont on assemble les pièces et dont on réfléchit aux matériaux.

Le succès n’a pas été que positif. Marij, dans le documentaire de Moon Blaisse Addicted to Every Possibility sorti en 2014 (disponible à la location sur Apple TV), vous le décrivez comme l’une des premières victimes de l’industrie du design.

Marij: «Comme ce succès a tout accéléré, Maarten s’est dit qu’il devait aussi mener d’autres projets, tels que des conférences. Il parlait assez bien de ses meubles, comme Hannes le fait maintenant. Mais en fait, il était trop timide pour être sous les projecteurs, même s’il essayait quand même de répondre aux attentes. Combien d’invitations à des conférences a-t-il reçues auxquelles il ne voulait pas vraiment participer… Je devais alors appeler pour prévenir qu’il était malade. Toutes ces tracasseries ne lui convenaient pas.»

Boris tient un grand œuf sur le plat qu’Hannes a créé jadis. ©Damon De Backer

David, contrairement à votre père, vous donnez beaucoup de conférences.

David: «Je me débrouille pas mal, même si je pense que Kersten (NDLR: Geers, son associé chez OFFICE) est bien meilleur orateur que moi. Je vois les conférences davantage comme un moment de partage. En parlant de ses propres projets, on se force à réfléchir à ce que l’on fait. Parler de mobilier est également différent. Les meubles sont une multiplication de quelque chose, alors que l’architecture apporte toujours de la nouveauté. Je suis différent de Maarten, mais les temps ont également changé. Dans les années 1990, on pouvait compter les stars, comme Maarten l’était pour le design à l’époque, sur les doigts d’une main. Maintenant, tout le monde est une star sur Instagram. C’est peut-être pour cela que la pression est moindre…»

Hannes, avec Muller Van Severen, vous avez vous-même recherché cette production industrielle chez Hay. N’aviez-vous pas peur des conséquences?

Hannes: «Non, vraiment pas. Si quelque chose ne vous convient pas, vous pouvez toujours y mettre un terme.»

David: «Les processus de production ont également évolué. Avant, on démarrait de l’atelier pour aller vers Vitra, et maintenant c’est totalement l’inverse.»

Le clan Van Severen ©Damon De Backer

Hannes: «Recevoir des prototypes, c’est comme recevoir des cadeaux: c’est très amusant. Je n’y ai jamais associé de pression. C’est un pur plaisir, aussi de voir comment notre travail se répand. J’ai vu comment papa a dû se séparer de sa propre production et ça l’a rendu fou. Et puis vendre ces pièces pour trop peu d’argent. Il faisait tout lui-même, du soudage au ponçage. Je suis très heureux d’avoir pu transmettre cela à mes enfants et d’avoir rapidement trouvé une situation qui me permettait de faire fabriquer des objets sans tracas. J’ai toutefois appris les bases ici, dans cet atelier. Les objets que j’ai bricolés ici… Fabriquer quelque chose à partir de son imagination, c’est comme assister à la naissance d’un bébé.»

Maarten a dit un jour que le talent représentait 5% du succès et que le reste était le fruit d’un travail acharné. Le soutien est également déterminant. Dans quelle mesure Marij a-t-elle joué un rôle dans votre réussite à chacun?

Boris: «Elle nous a toujours laissé la liberté de faire ce que nous voulions. C’est l’une des choses les plus importantes qu’un parent puisse faire. Quand j’ai eu envie de faire du théâtre, maman a été la première à me soutenir.»

«Par mon métier, je suis celui qui se rapproche le plus de ce qu’il a fait, mais je ne me suis jamais servi de lui en disant «je suis le fils de».»

Hannes

David: «Hannes et moi n’avions plus de mère. Celle-ci était partie au Japon quand nous étions petits, et nous ne l’avons plus revue. Je me souviens encore très bien à quel point j’étais heureux quand Marij est entrée dans la vie de Maarten, quand j’avais 8 ans. Cela n’a rien à voir avec ma façon de travailler aujourd’hui, mais Marij a apporté une stabilité et une vie de famille que nous n’avions pas connues avec notre père jusqu’alors. Elle nous a élevés comme ses propres enfants. Quelle chance que les choses se soient déroulées ainsi! Elle a joué un rôle crucial dans nos vies.»

Hannes: «Elle a cette ouverture d’esprit qui manquait à Maarten. Et elle le comprenait, lui et son travail.»

Flor: «Papa était constamment absent. A mes yeux, maman a toujours assumé le rôle de père et de mère.»

Lien du sang

C’est toujours une fête quand la famille Van Severen se retrouve. Comme leur père, les quatre frères sont joviaux et charmants. Maarten a toutefois longtemps lutté contre une addiction à l’alcool et aux drogues. En tant que père, il était critique et distant. De même en tant que frère. Il a collaboré pendant un certain temps avec son frère Fabiaan, qui travaille toujours dans l’ameublement aujourd’hui. Mais ils ont fini par se séparer. David et Hannes, en revanche, planchent sur des projets communs, qui seront annoncés plus tard cette année.

Retrouvez-vous des caractéristiques de votre père dans votre propre paternité?

Hannes: «Je suis toujours très surpris quand je vois une vidéo de moi ou de lui, quand je remarque que je bouge de la même façon, et à quel point je lui ressemble physiquement aujourd’hui.»

David: «Je comprends ce que tu ressens. Je reconnais parfois des choses de lui en moi. Mais pas en tant que père, plutôt dans ma personnalité.»

Hannes (à droite) aux côtés de Flor: «Je suis toujours surpris de voir à quel point je lui ressemble physiquement aujourd’hui.» ©Damon De Backer

Hannes: «Papa était distant. En tant que fils, je savais en fait peu de choses sur lui. Je pense que mes filles me connaissent mieux. Je suis plus ouvert que papa ne l’a jamais été avec moi.»

Boris: «C’est justement parce qu’il était si distant que j’essaie d’être très proche de mes fils. Non pas que je ne connaissais pas du tout mon père, mais j’avais 15 ans quand il est mort et avant cela, il était déjà parti de la maison depuis cinq ans. Il n’était tout simplement pas accessible. Lorsque mon ex-compagne et moi nous sommes séparés, je ne voulais pas répéter l’histoire avec mes fils. C’est peut-être précisément parce que j’ai perdu mon père si jeune que je fais attention à gérer les choses différemment de lui.»

Analysez-vous les choix de vie de Maarten autrement, avec plus d’indulgence, depuis qu’il est décédé?

Boris: «Parfois, mais je suis par moments encore très en colère contre lui. A cause de certaines choses qu’il a faites, qu’il a dites.»

David: «Je ne partage pas vraiment ce sentiment. Je pense que je l’ai assimilé et que j’ai trouvé la paix quelque part. C’est comme ça, et c’est tout. C’était aussi la seule vie que je connaissais.»
Hannes: «La période avant qu’il ne tombe malade a été de loin la plus misérable. Son diagnostic de cancer l’a changé. Il était redevenu humain, moins paranoïaque, on pouvait à nouveau discuter avec lui. Il agissait enfin à nouveau normalement.»

Flor: «Sa maladie a été en fait une sorte de salut pour la famille.»

Marij: «C’est ce qu’il disait: ma maladie est mon remède. Puis il a voulu se rattraper, autant avec moi qu’avec vous. L’année et demie avant son décès était belle et précieuse. On s’est dit des choses qu’on n’avait pas pu se dire avant. Hannes et Fien ont pu lui dire qu’il allait être grand-père. C’était réparateur pour tout le monde.»

(Im)mortel

Quand Maarten est décédé des suites d’un cancer le 21 février 2005, le journaliste et ancien directeur d’Interieur Courtrai Max Borka écrivait: «Van Severen était un homme de passions: l’histoire et la tension entre le bidimensionnel et le tridimensionnel, mais aussi la famille, la fête, le corps et son extase. Son œuvre – des chaises, des tables et des armoires – il la ramenait à son essence la plus pure. Il en résultait qu’il fut décrit à plusieurs reprises comme un minimaliste: élégant, austère, mystique et éthéré. Ce malentendu colle encore aujourd’hui à son travail, malgré les efforts qu’il a déployés pour le dissiper. Après tout, Van Severen était principalement préoccupé par le chaos et la façon dont il pouvait redonner un sens au monde en général et à sa vie en particulier, qu’il décrivait comme une grande décharge.»

La Fondation Maarten Van Severen est actuellement gérée par le Design Museum Gent. Pourquoi avez-vous choisi d’en externaliser la gestion?

David: «Je me souviens très bien qu’il m’a demandé de diriger sa fondation. Je n’avais vraiment pas envie de le faire. C’était difficile de le lui dire parce qu’il était mourant, mais je voulais avancer de mon côté.»

Flor, à propos de la chaise .03: «Ce que je trouve fou, c’est à quel point elle reste populaire. On me demande souvent si je peux arranger une ristourne.» ©Damon De Backer

Marij: « Je comprends qu’il vous ait demandé de le faire, mais il ne l’aurait jamais fait lui-même. Regardez Eames Demetrios. Il ne fait que conserver l’œuvre de ses grands-parents. Impossible d’avoir un autre emploi. Après la mort de Maarten, j’ai pris la direction de la Fondation avec quelques amis. Il voulait que tout reste à Gand. Au bout d’un certain temps, en tant que veuve, j’ai eu du mal à organiser les transports et à prendre des rendez-vous avec les musées qui voulaient prêter des objets. Il y a quelques années, ses archives, y compris tous les prototypes, ont été cédées au Design Museum Gent. Elles sont encore souvent consultées par de jeunes designers et architectes.»

N’avez-vous jamais envisagé de réaliser des œuvres inédites à titre posthume à partir de ces archives, comme le font de nombreux autres héritiers de designers ?

Marij: «Non, parce qu’il nous a expressément demandé de ne pas le faire. Cette question revient souvent.»

Boris: «Il y a une raison pour laquelle ces prototypes ont fini dans des archives et qu’il n’en a jamais rien fait lui-même. Cela signifie qu’il n’en était pas satisfait ou qu’il avait encore des doutes à leur sujet. Nous ne pouvons pas prendre de décision à sa place.»

Marij: «Après la mort de Maarten, David, Hannes et moi sommes allés à Bâle pour choisir les couleurs d’une armoire pour Vitra. C’était déjà une tâche assez difficile.»

N’avez-vous pas peur que son nom s’éteigne progressivement avec le temps ?

Marij: «Non, car c’est à cela que sert la fondation. Il a également accompli beaucoup de choses en si peu de temps. Aujourd’hui, ses meubles en aluminium sont toujours fabriqués par Lensvelt et ses chaises par Vitra.»

David: «La chaise Thonet existe depuis le XIXe siècle et on la trouve encore dans les cafés du monde entier. Je ne veux pas faire de comparaison, mais n’est-ce pas là l’essentiel? Ce sont des objets qui résistent à l’épreuve du temps. On voit encore les chaises de Maarten partout aujourd’hui. Je pense que cela est plus important que la postérité de son nom.»

Flor: «Ce que je trouve fou, c’est à quel point il reste populaire. Combien de personnes, même de mon âge, ne m’ont pas déjà demandé si je pouvais leur obtenir une réduction de trente pour cent…»

Etait-il lui-même préoccupé par son héritage ?

Marij: «Il était encore trop jeune pour ça. On ne se préoccupe pas de son héritage quand on a 45 ans.»

David: «Après son diagnostic, il a organisé une rétrospective de son travail et a écrit un livre. C’était ça son héritage. Et puis il y a la fondation. Que faire de plus?»

Quel héritage votre père laisse-t-il selon vous ?

David: «En deux mots? Ses meubles et ses enfants. Le jour de sa mort, je me suis littéralement demandé: que restera-t-il de lui après sa vie et sa maladie? Nous étions assis autour de lui et ses meubles étaient là aussi, c’était donc si logique, si clair.»

Flor: «Chacun porte en lui quelque chose de papa, à la fois les aspects positifs et les aspects plus négatifs. Par exemple, j’ai aussi hérité de son insécurité, de ses doutes et de sa soif de recherche. Je ne peux m’arrêter de chercher.»

Boris (en protestant): « Mais n’est-ce pas aussi une chose positive? Le jour où tu cesseras de chercher, tu te seras perdu.»

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