» 50 balais, du balai « 

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Ce 22 janvier, Jean Paul Gaultier (Bagneux, 1952) faisait ses adieux à la haute couture. Le créateur avait convié son univers foisonnant au Théâtre du Châtelet plein à craquer, Rossy de Palma, Amanda Lear, Béatrice Dalle, Boy George, Miss France et les soeurs Hadid y ont mis le feu, dans un dernier défilé haute couture et 250 silhouettes qui recyclaient ses cinquante ans de mode. L’homme a eu le chic de se retirer avant d’être devenu totalement poussiéreux, le dernier de sa génération enterre ainsi une ère où la mode permettait tout et n’était pas prise d’assaut par les grands groupes de luxe. Entré dans le giron du Catalan Puig en 2011, il sait qu’il devait sa survie économique à ses parfums devenus iconiques. En porte-drapeau d’un vestiaire qui partait joyeusement à la reconquête du corps, il a magnifié les seins obus, les robes corset, le jeans remanié, les basques rondes, les jupes pour les hommes et la marinière pour lui. En avant-gardiste fougueux, il a toujours parié sur l’hybridation et le mélanges de genres, c’est inné chez lui. Dans le flamboiement des années 80, il réussit à ranger au placard les défilés policés des maisons de couture qui sentaient la naphtaline : il avait fait voeu de fantaisie, sur une chorégraphie de Régine Chopinot de préférence, faisant virevolter sur le catwalk des grosses, des blacks, des after punks, des beurettes, des beautés toujours singulières, hors normes car  » quand on sait regarder, il y a de la beauté partout « . Il n’a jamais oublié que c’est sur son ours en peluche baptisé Nana qu’enfant, il inventait ses premiers essais stylistiques, avec prothèse et poitrine pointue désormais chère à Madonna. Au fond, Jean Paul Gaultier a toujours été fidèle à lui-même. C’est pourquoi dans ce dernier show haute couture, en se  » lâchant plus que jamais « , il a inhumé une certaine idée de la mode, avec son panache légendaire et sa légèreté non feinte. Avant de se lancer dans d’autres aventures qui pourraient avoir la même essence que son Fashion Freak Show bien gaulé, sa revue décalée créée aux Folies Bergère et aujourd’hui en tournée en Russie.  » Amusez-vous, a-t-il intimé à la toute fin de son pied de nez titré Du balai, le meilleur est devant.  »

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