72 heures à Turin

Non, Torino n’est pas que la ville des tifosi de la Juventus et des ouvriers de Fiat. Fief de la maison de Savoie, première capitale de l’Italie unifiée, la perle du Piémont possède des charmes capables de séduire les fans d’architecture baroque, d’art égyptien, de cinéma et, bien sûr, de gastronomie.
JOUR 1 10 heures
Avec ses 168 mètres de longueur sur 76 mètres de largeur, la Piazza San Carlo est l’une des plus belles de Turin. En son centre, trône une imposante statue en bronze : c’est Emmanuel-Philibert de Savoie, neveu de l’empereur Charles Quint et lointain aïeul de l’actuel chef de la maison royale d’Italie dont la vie est régulièrement épluchée dans les magazines people. Le duc est présenté en train de rengainer son épée, après sa victoire à la bataille de Saint-Quentin, en 1557, qui lui permit de regagner ses terres sur les Français. Turin lui doit beaucoup, puisqu’il décida d’en faire sa capitale en 1563. Le début de l’incroyable expansion de ce qui n’était pendant des siècles qu’un gros bourg villageois. On en profite pour prendre un café dans un établissement historique, le Caffè San Carlo, qui fut le premier d’Europe à être éclairé au gaz.
10 h 30
Non loin, se trouve un des fleurons culturels de la cité, le Museo Egizio (6, via Accademia delle Scienze). Fondé en 1824, il est le plus important musée d’égyptologie après celui du Caire. Les collections sont incroyables, contenant quelque 6 500 pièces exposées sur 2 km de parcours et quatre étages. L’audio-guide révèle les moindres détails de la vie quotidienne et des croyances dans l’Egypte antique. Ne pas rater la section sur les animaux momifiés (chats, taureaux, crocodiles et même poissons), les énormes sarcophages mêlant noir et dorures, et la salle où s’alignent les statues de Sekhmet, la déesse à tête de lionne.
13 heures
Pause lunch au Consorzio (23, via Monte di Pietà) qui propose une cuisine locale et de saison, ainsi qu’un assortiment alléchant de fromages et de vins – dont quelques classiques du Piémont nommés Barbera d’Asti, Barolo ou Barbaresco. On garde une place pour le dessert et on marche jusqu’au glacier Grom (11, via Giuseppe Garibaldi), histoire d’hésiter longuement entre les parfums classiques ou plus inattendus – » torta sacher » et réglisse -, voire la fraîcheur des sorbets figue, kaki ou pamplemousse rose. On déguste son cornet en traînant dans les ruelles du vieux Turin : via Barbaroux, via dei Mercanti, via Botero…
15 heures
Au bout de la via Garibaldi, s’ouvre l’incontournable piazza Castello, construite en 1584. Au fond, on aperçoit la façade baroque du Palazzo Madama, qui doit son nom à Christine de France, la » Madame » qui choisit d’établir sa résidence personnelle dans ce château au xiie siècle. On poursuit avec une promenade dans les jardins du Palazzo Reale, où résidèrent les princes de Savoie jusqu’en 1865. De là, le passage est obligatoire par le Duomo di San Giovanni Battista, dont la chapelle abrite le fameux suaire de Turin. Soit un drap de lin de plus de quatre mètres de longueur où se serait imprimée l’image du corps du Christ après la crucifixion. Selon des analyses menées à la fin des années 80, l’étoffe daterait en réalité du xiiie ou du xive siècle.
16 h 30
Entre la Porta Nuova et la piazza San Carlo, la via Roma est une des principales artères commerçantes de la ville, où l’on retrouve la plupart des grandes enseignes internationales. On n’hésite pas à s’en éloigner quelque peu pour pousser la balade en direction du fleuve Po, jusqu’à des boutiques de vêtements et d’accessoires moins courues, comme Bagni Paloma (30, via dei Mille) ou La Belle Histoire (15, via Montebello).
20 heures
Le quadrilatero romano s’étend entre le Corso Regina Margherita et la Porta Palazzo au nord, la via XX Settembre à l’est, le monument Al Bersagliere et la piazza Solferino au sud, et le Corso Inghilterra à l’ouest. Cette partie du centre historique regorge de locali où prendre un apericena : un apéro à rallonge où la boisson payée donne accès à tout un assortiment de petits plats. Les bons plans : KM 5 Torino (14, via San Domenico), Arancia di Mezzanotte (11, piazza Emanuele Filiberto) ou encore Casa Manitù (19, via Virle).
JOUR 2 9 h 30
Impossible de visiter Turin sans goûter un de ses fameux chocolats chauds. On prend donc le petit-déjeuner au mythique Caffè Al Bicerin (5, piazza della Consolata), qui tire son nom d’une autre spécialité locale : le bicerin, mélange savant de café, de chocolat et de crème.
10 h 30
Direction la Venaria Reale, à une dizaine de kilomètres au nord-ouest du centre, pour visiter le magnifique palais -classé par l’Unesco – ayant servi de résidence de chasse à la famille de Savoie, ses jardins et le parc naturel de La Mandria. Pour y accéder, on emprunte soit un bus spécial (Venaria Express), soit la ligne de train Torino Dora-Ceres. Mais le plus agréable par beau temps est de s’y rendre à vélo, via le parcours cyclable reliant les résidences royales du Piémont. Point d’orgue de la visite : la grande galerie reliant deux tours, pavée en damier de marbre, presque aussi splendide que sa cousine du palais royal de Versailles…
13 h 30
On reste du côté de la Venaria Reale pour le lunch. Direction le potager royal et le Grand Bassin pour profiter du restaurant Patio dei Giardini et de sa terrasse. Au menu : délicieux vitello tonnato (tranches de veau à la sauce au thon), maccheroncini al ragù di cinghiale (pâtes à la sauce au sanglier), arrosto di vitello (rôti de veau) et tiramisù.
15 h 30
Deux suggestions pour approfondir la découverte des lieux : une petite promenade en calèche à travers les secrets bien gardés du parc, ou une balade dans le joli décor du Grand Bassin, sur une » gondola de la Reggia » – ces barques de plaisance vénitiennes très à la mode dans les demeures fluviales entre le XVIIe et le XVIIIe siècle. Ensuite, pour le goûter, rendez-vous à la Gelateria delle Rose, sous la pergola de la roseraie des jardins.
20 heures
Pourquoi ne pas goûter aux joies de l’opéra dans le pays où il a été inventé ? Le Teatro Regio Torino (205, piazza Castello) propose toute une saison d’opéra et de ballet, où se côtoient Verdi, Donizetti, Rossini et Puccini. Pour consulter le programme : www.teatroregio.torino.it
JOUR 3 10 h 30
Symbole de Turin gravé sur tous les objets-souvenirs, la Mole Antonelliana (du nom de son architecte, Alessandro Antonelli) abrite aujourd’hui le Musée national du Cinéma (20a, via Montebello), inauguré en l’an 2000. Avec son dôme pointant à 167,50 mètres, la Mole est l’un des plus hauts édifices en maçonnerie d’Europe. Commencée en 1863 pour devenir le lieu de culte de la communauté juive, elle propose depuis les années 60 un ascenseur grimpant jusqu’à un belvédère qui offre une magnifique vue sur la ville et, par temps clair, sur les Alpes. Déconseillé aux personnes souffrant de vertige : la cage s’élève littéralement au milieu du vide. Le billet pour l’ascenseur s’achète en combinaison ou non avec l’entrée du tout aussi impressionnant musée consacré au septième art. Où, après plusieurs salles didactiques sur les précurseurs et les débuts du cinématographe, on débouche dans le coeur du bâtiment, immense salle le long de laquelle grimpe une rampe distillant des dizaines d’extraits de films. Une histoire en sons et en images unique en son genre !
13 h 30
Sur l’autre rive de la Doire Ripaire, l’enseigne Pai Bikery (18, via Cagliari) propose, à côté de ses ustensiles de réparation pour vélos, une carte alléchante de petits plats slow food : panini, salades, quiches, soupe du jour, salades et desserts maison.
15 heures
On continue en direction du Po pour profiter des espaces verts du Parco Colletta. Puis on va flâner sur les rives du fleuve pour redescendre jusqu’au niveau du Corso San Maurizio. A l’angle de la via Giulia di Barolo, on s’arrête devant une curiosité architecturale : la Casa Scaccabarozzi, plus couramment appelée la » Feta di Polenta « , soit » tranche de polenta « , du nom de cette purée de farine de maïs très appréciée dans le nord de l’Italie. L’architecte, le même que celui de la Mole, a poussé l’audace jusqu’à donner à son plan trapézoïdal une largeur de 55 cm à peine à l’une des extrémités. On revient le long du Po pour admirer un peu plus bas l’église néoclassique Gran Madre di Dio, son fronton et ses colonnes dignes d’un temple grec. Enfin, vers le sud, le bol d’air est offert par le Parco Valentino, qui abrite le Jardin botanique de Turin (25, viale Mattioli). Le crochet parfait ? Corso Vittorio Emmanuele II, au numéro 24 bis, pour goûter les glaces de la Casa Marchetti.
19 heures
Pour finir en beauté, on s’offre un étoilé sur l’une des plus élégantes places de la ville, la très tranquille piazza Carignano. Depuis 1757, le restaurant Del Cambio régale le beau monde turinois. A sa barre, Matteo Baronetto allie le savoir-faire traditionnel et une audace contemporaine. Parmi les desserts, le chef revisite le bonèt, le flan typique du Piémont à base d’oeufs, de sucre, de lait, d’alcool et d’amaretti. Un régal…
En pratique
Se renseigner
www.turismotorino.org
Y aller
Brussels Airlines propose des vols quotidiens vers Turin, à partir de 80 euros A/R.
Se loger
Turin Palace Hotel. Situé à côté de la gare, cet hôtel offre un confort incomparable, un petit-déjeuner sensationnel, un spa avec piscine et une terrasse sur le toit. www.turinpalacehotel.com
B&B Casa di Flora. Trois chambres charmantes, dans un quartier marqué par le style Liberty, au nord-ouest du centre-ville.
www.lacasadiflora.it
Se déplacer
On se déplace facilement à pied partout dans le centre. Mais l’option vélo est tout aussi plaisante, notamment pour gagner des endroits un peu plus éloignés. Pour la location :
www.granbike.com www.myebike.eu
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