BIG APPLE A LA PÊCHE
New York n’a jamais aussi bien porté son nom sur les catwalks. C’est avec les collections printemps-été 2011 que la Fashion Week a inauguré son nouveau décor au Lincoln Center. Et tout semblait inédit. Unique.
UN COUP DE CîUR DIESEL BLACK GOLD
Sophia Kokosalaki sort des sentiers battus. Pour sa deuxième collection aux commandes de Diesel Black Gold, la jeune créatrice d’origine grecque rompt avec les classiques. Le denim, emblème de la marque, est remisé au placard, ainsi que les drapés, qui ont fait la réputation de la belle Olympienne (elle a dessiné les uniformes des Jeux d’Athènes en 2002). Les cow-girls urbaines ne portent plus de jeans mais du cuir, seulement du cuir. Rien à voir cependant avec le style motarde cloutée. Les peaux sont souples, les robes moulantes travaillées en feuilles de cuir, les petites vestes décorées taillées près du buste, les tons naturels… Inspiration artisanat, road-movie et désert américain, la touche luxe et raffinement en plus. Un cocktail détonnant, particulièrement applaudi.
UNE ADDICTION LA KARLMANIA
Émeute à Soho. Les New-Yorkais sont dans la rue. Talons hauts à la place des galoches, smartphones et caméras de poche en guise de fourche. Direction : le flagship Chanel qui a rouvert ses portes juste le temps de faire entrer le Kaiser et sa cour, avant de les refermer sur lui. Le prince charmant himself ne ferait pas plus d’effet sur la gent féminine. » J’ai cru qu’elles allaient tomber dans les pommes d’excitation « , a confié l’homme au catogan. Retranché dans le temple de Spring Street relooké par Peter Marino, tout l’entourage du grand Karl était au rendez-vous, en uniforme maison : Blake Lively (nouvelle ambassadrice Chanel), Leighton Meester, Liv Tyler, Diane Kruger, Alexa Chung, Claire Danes, Sarah Jessica Parker, pour n’en citer que quelques-unes… La soirée s’est terminée comme il se doit, en beauté, au 82 Mercer Street, pour fêter l’anniversaire (77 ?, 73 ?) de l’éternellement jeune Lagerfeld.
UNE ALCHIMIE YVAN MISPELAERE ET DVF
Il a le job le plus convoité mais aussi le plus intimidant de toute la planète mode new-yorkaise : prendre le bras de la divine Diane von Furstenberg pour un tour d’honneur sous les flashs et les applaudissements du public à la fin de son défilé. Pas si facile pour une première fois… Mission accomplie pour Yvan Mispelaere qui signe ses débuts comme directeur artistique de DVF. À 42 ans, le Français remplace Nathan Jenden, qui a occupé le poste pendant neuf ans et qui se consacre désormais à son propre label. Le fruit de la nouvelle » love affair » entre la créatrice belgo-new-yorkaise et l’ex-DA de Gucci et de Chloé était très attendu. Une réussite : la nouvelle femme DVF est plus forte, plus énergique, plus simple aussi. En deux mots, plus moderne ! Oubliez les volants et froufrous, la soie glisse librement, parfois en sublimes décolletés bénitiers profonds. Les motifs XXL en forme de grandes pièces de puzzle sont omniprésents, les couleurs sont subtiles mais franches. Une vraie explosion visuelle en cannelle, citron vert, indigo, bleu dur… » J’adore les imprimés, clame Yvan Mispelaere. J’adore la couleur, une certaine façon d’être cool, d’être à l’aise. Et j’aime la manière dont elle [von Furstenberg] incarne une femme très curieuse et cultivée. «
UN ANNIVERSAIRE TOMMY HILFIGER FAIT ROCKER À L’OPÉRA
Tapis rouge au Metropolitan Opera, haie d’honneur d’éphèbes en costume noir et monumental néon lumineux à ses initiales… Tommy Hilfiger a fêté en grande pompe les 25 ans de son label en pleine Fashion Week new-yorkaise. Vétéran de la mode peut-être, mais à 59 ans, il ne pense pas à la retraite : » Je suis prêt pour vingt-cinq autres années, a-t-il assuré. Si Giorgio, Karl et Ralph peuvent continuer, alors je le peux aussi. » Les beautiful people sont montés au balcon, non pas pour écouter une symphonie mais pour un concert rock » revival » des Strokes dont on attend un nouvel album. Le monde a changé depuis 1969, quand le jeune gars d’Elmira, dans l’État de New York, a ouvert sa première boutique de fringues : des pantalons pattes d’ef, des chemises babas cool et des vestes en daim. En 1985, Tommy Hilfiger crée sa propre marque et incarne l’Americana depuis un quart de siècle ! La preuve dans sa collection très » country club » de cet été.
UN STYLE LES SEVENTIES
70. C’est le chiffre magique de la saison ( voir aussi en pages 88 à 97 ). Naturellement, Marc Jacobs s’en empare à merveille avec une collection rétro à souhait (photo). Souvenir, souvenir : l’enfant prostituée incarnée par Jodie Foster dans Taxi Driver est la référence de cette collection, avec ses mini-shorts à taille haute, son large chapeau à bord retourné, d’amples capelines… Paris Rive Gauche dans l’air, hommage appuyé à Yves Saint Laurent (dont la rétrospective l’année dernière au Petit Palais a marqué les esprits). Les imprimés separent de couleurs extradouces et chaudes, parfois vibrantes, à la manière d’un feu de bois… On l’aura compris, les années disco sont de retour. Les pantalons larges à taille haute, les longues robes fluides qui lèchent le sol et les combis fluides nouées au-dessus de la poitrine auront la cote.
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UN ACCESSOIRE L’iPAD SUPERSTAR
L’accessoire indispensable des fashionistas de Big Apple ? Sans aucun doute l’iPad. Impossible de s’en passer : pour visionner les premières images des défilés, saisir les scoops sur Twitter, acheter en ligne avant tout le monde les dernières créations des designers. La tablette Apple s’habille de housses monogrammées chez Louis Vuitton, en cuir rouge chez Oscar de la Renta, façon python chez Michael Kors. Moins d’un an après sa naissance, l’iPad a fait sa place dans la panoplie de la it girl.
UN AU REVOIR TRÈS PEPS CHEZ LACOSTE
New York a dit good bye à Christophe Lemaire, l’homme qui a rendu son sourire au crocodile. Le Français a tiré sa révérence avec un vestiaire estival peps, architectural, dans la veine du sportswear chic et urbain qu’il a insufflé depuis dix ans chez Lacoste. Une collection rehaussée par des bijoux dessinés, dans le même esprit, par Christophe Pillet, le designer français qui signe aussi la scénographie des boutiques de la marque. Parti rejoindre le navire Hermès, Lemaire cède la place au Portugais Felipe Oliveira Baptista, un nouveau visage qui a fait ses preuves chez Nike, MaxMara et Cerruti. Rendez-vous à New York en septembre prochain pour son premier tour de piste chez Lacoste
UNE COULEUR LE PÊCHE EN TOTAL LOOK
Natalie Portman, Emma Stone, Lea Michele, les actrices les mieux vêtues des derniers Golden Globes ? Ne cherchez plus. Les belles étaient en pêche… La couleur fruitée est l’atout bonne mine de la saison. Les créateurs en parsèment un peu partout dans leurs collections. Du plus tendre chez Christian Cota au plus acidulé chez Prabal Gurung, en ton sur ton chez Marc Jacobs. Même Alexander Wang, l’adepte des palettes smokées en pare quelques wangettes (photo). Mais c’est aussi et surtout la teinte qu’il faudra porter, aux lèvres, aux joues et aux ongles (chez M.A.C, Chanel…). Mieux qu’une cure vitaminée !
UN SUCCÈS LES CRÉATIONS DE VICTORIA BECKHAM
On aime ou non le personnage, mais les créations de l’ancienne Posh Spice remportent un franc succès à New York. Saison après saison (4 au total), la Britannique touche-à-tout a su affiner son style et s’éloigner des coupes ultramoulantes et des corsets un brin vulgaires des débuts. Les lignes sont plus fluides, plus mûres. On oserait même dire » class « , au vu des longs fourreaux sirènes. Cameron Diaz et Gwyneth Paltrow sont déjà fans. Raison de plus de l’applaudir : VB vient de sortir en décembre une collection de sacs à l’allure boxy qui fait un tabac.
PAR ÉLODIE PERRODIL
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