Chique alors!

Une version ultralimitée de l'Air Max. © COURTESY SWEET SABA

Inspirée d’un savoir-faire japonais ancestral, une nouvelle vague de créateurs rend ses lettres de noblesse au bonbon, plus « chique » que jamais en version sculpture comestible ou cristaux sucrés.

Au commencement était l’Amezaiku, l’artisanat nippon consistant à sculpter une pâte de riz dont la texture rappelle le caramel, les maîtres de la discipline parvenant à donner vie en quelques minutes à une ménagerie d’animaux plus vrais que nature. Une discipline devenue plus confidentielle au gré des années tandis que sous nos latitudes, la démocratisation du sucre et la déferlante de gélatine bariolée sur le marché ont quelque peu terni le blason de ces mignoneries. C’était sans compter sur une nouvelle vague de concepteurs, qui transforment l’humble bonbon en oeuvres d’art comestibles.

Star de la discipline, l’Israélienne Maayan Zilberman, fondatrice de Sweet Saba, régale depuis son atelier new-yorkais ses 78 500 abonnés sur Instagram ainsi que le gratin de la mode et de l’art, qui lui commande des confiseries sur mesure. Sucettes inspirées du travail d’Alice Neel pour le Whitney Museum, bouteille commémorative pour les 100 ans de Chanel N°5 ou géodes rutilantes: des réalisations si belles qu’on aurait peur de les croquer! « Les confiseries sont magiques et évoquent en chacun la douceur et la nostalgie, sourit celle qui fut directrice artistique et créa sa propre marque de lingerie, The Lake & Stars, par le passé. J’adore le fait que mes créations soient éphémères et ne prennent pas de la place quelque part pour toujours. C’est comme la musique, ou des souvenirs, il y a un élément poétique. » Et incroyablement chic. Son projet préféré? « De gigantesques chapelets imaginés avec Versace pour le MET Ball. Tous les VIP en ont reçu un recouvert d’une feuille d’or comestible. »

Balbosté réinvente une tradition japonaise.
Balbosté réinvente une tradition japonaise.© STUDIO BALBOSTÉ / INSTAGRAM

Plus proche de chez nous (et plus accessible), le studio Balbosté s’est inspiré d’une autre tradition japonaise: le kohakutou, des pâtes de fruit ouvragées servies lors de la cérémonie du thé. Revisitées par la Parisienne Charlotte Sitbon et son associée Sayaka, elles se déclinent sous forme de cristaux sculptés, « pensés comme des bijoux ». « On a adapté nos arômes au palais occidental, qui préfère les goûts prononcés plutôt que la subtilité nippone. On travaille des huiles essentielles, des purées de fruits, du chocolat fumé… » Un délicieux hybride qui a déjà séduit Chanel Haute Joaillerie, La Mer, Kenzo ou Gucci.

C’est beau la vie, mais plutôt pour les grands que les petits? Une évidence pour Maayan Zilberman, dont les oeuvres sont destinées aux adultes. « D’ailleurs, j’aimerais que les gens comprennent à quel point le sucre est dangereux pour les enfants », clame-t-elle. Quand un bonbon se transforme en art, il s’agit de regarder mais pas de toucher.

Maayan Zilberman parée des chapelets réalisés pour le MET Gala.
Maayan Zilberman parée des chapelets réalisés pour le MET Gala.© JASON LEWIS

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