
Dancing Queen
Quand tulle, dentelle et soie viennent sublimer, en toute légèreté, les gestes d’une gracieuse étoile. La Britannique Nancy Osbaldeston se prête avec élégance au jeu du shooting. Elle est actuellement sur scène pour célébrer les 50 ans de la compagnie mythique du nord du pays, le Ballet Vlaanderen (*).
Anvers, un beau matin de septembre. Nancy Osbaldeston n’en verra tout de fois pas la couleur. Sa journée se déroulera entre notre studio photo sans fenêtres et les locaux du Ballet de Flandre où ont lieu les répétitions de Cantus Firmus, chorégraphié cinquante ans auparavant par Jeanne Brabants, la fondatrice de cette compagnie. » C’est la première fois que j’interprète une de ses oeuvres, et c’est un grand honneur pour moi « , explique la trentenaire, qui a intégré l’équipe en 2014 pour ensuite obtenir la place très convoitée de première danseuse. » Je ne l’ai jamais rencontrée. Elle est décédée il y a cinq ans, mais je sais que c’est à elle que la Flandre doit sa renommée internationale dans la discipline. Jeanne a travaillé sans relâche pour créer, à Anvers, son école de danse, qui était alors associée à l’opéra. En 1969, elle a réussi à séparer les deux entités pour fonder le Ballet Vlaanderen, afin que les étudiants ne soient plus obligés de partir à l’étranger après leurs études et puissent rester en Belgique, au sein d’une compagnie professionnelle. »
A 16 ans, Nancy Osbaldeston intégrait l’English National Ballet School, à Londres. Depuis, la danse classique rythme sa vie. Aujourd’hui, elle répète tous les jours, de 10 heures à 17 h 30. Ses soirées sont aussi régulièrement occupées par son métier, lorsqu’il y a des représentations ou quand elle rejoint le Bayerisches Staatsballett de Munich en tant qu’invitée. De plus, son compagnon, le Hongrois Gabor Kapin, évolue lui aussi dans ce monde, puisqu’il a été le danseur principal de l’institution anversoise, avant d’y devenir maître de ballet. » J’ai malgré tout une relation très saine avec mon travail, analyse Nancy Osbaldeston. J’arrive à me libérer du temps pour partir en vacances et j’aime me promener en vélo ou aller au marché pendant le week-end. Etre danseuse, c’est avant tout un style de vie où le corps occupe une place prépondérante. Une bonne alimentation ou un sommeil réparateurs sont essentiels, et, au fil des ans, j’ai appris à écouter les signaux internes. Au début de ma carrière, ce n’était pas le cas. A 18 ans, j’ai rejoint pour la première fois une compagnie professionnelle, l’English National Ballet, et je me suis blessée au tendon d’Achille. Comme je ne voulais décevoir personne, j’ai caché ma douleur et je ne me suis pas arrêtée. Je n’ai plus pu danser pendant six mois après cela. Depuis, je sais que l’on guérit plus rapidement si on se donne du repos. »
En tant que danseuse principale du Ballet de Flandre, Nancy Osbaldeston suit les traces d’Aki Saito et de Wim Vanlessen, qui ont tiré leur révérence l’an passé après une riche carrière de vingt-cinq ans. Elle reste toutefois modeste. » La compagnie a énormément évolué en termes de style. J’ai beaucoup apprécié voir Wim et Aki en duo toutes ses années, et pouvoir partager la scène avec eux. Mais je ne me considère pas comme leur successeur. Un des points positifs de notre groupe est que chaque membre peut avoir un style propre. Nous ne sommes pas une armée de personnalités identiques. Et chez nous, la danse classique et la contemporain peuvent se côtoyer, en partie grâce à l’actuel directeur artistique Sidi Larbi Cherkaoui, c’est formidable. Alors que certains ont une préférence pour l’un des deux univers. Pour moi, ils se complètent et s’équilibrent. »
A l’avenir, la jeune femme rêve de pouvoir une nouvelle fois interpréter Juliette, dans le plus incontournable des ballets, Roméo et Juliette. Elle espère aussi pouvoir un jour incarner le rôle plein de passion de Carmen et… partir aux Etats-Unis, ne serait-ce que pour un an : » L’énergie des Américains me fascine. Ils ont une autre approche, ils dansent beaucoup plus vite. J’aimerais pouvoir en faire l’expérience. »
(*) Cantus Firmus/Mea Culpa, chorégraphiés respectivement par Jeanne Brabants et Sidi Larbi Cherkaoui, Operaballet.be Jusqu’à ce 13 novembre.
Texte : Elke Lahousse
Production et stylisme : Christine Van Laer
Photographe : Violaine Chapallaz
Coiffure et maquillage : Sanne Schoofs
Assistante stylisme : Delphine Dumoulin
Assistante photo : Gwendolyn Keasberry
Mannequin : Nancy Osbaldeston
Voir aussi notre carnet d’adresses.
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