Des clics (et des claques)

© INGRID OTTO

 » Ma contribution au véganisme « , annonce sur Twitter un rigolo du dimanche, en postant la photo d’un énorme steak saignant. Bon, même si j’adore me rouler par terre en hurlant que personne au monde n’est plus insulté que les féministes, je dois admettre que les végans prennent autrement plus cher, et pour une raison qui m’échappe un peu. Si les combats en faveur des droits des femmes peuvent gratter le croupion de ceux qui sont confortablement assis sur leurs privilèges, le fait que des gens refusent catégoriquement de se mettre dans le ventre et sur le dos les produits issus d’êtres vivants, la plupart du temps exploités dans des conditions infâmes, je vois pas très bien ce que ça peut faire, à part aux bouchers-charcutiers et aux créateurs de sacs en cuir.  » Le noeud problème, commente un autre, c’est le côté prosélyte de la chose.  » C’est pas faux. Et c’est pas spécialement agréable de se prendre une leçon de morale quand on mange une Knacki. Arrêtons de râler et écoutons-les. Ils estiment que les animaux n’ont pas à être utilisés pour notre bon plaisir, que ce sont des êtres sensibles, et qu’il est inacceptable de les élever, les exploiter, les tuer, les dépecer pour nous nourrir, nous habiller, tester nos cosmétiques. Pour eux, il n’y a pas de différence entre Kiki le petit agneau qui va finir badigeonné de graisse d’oie sur notre table pascale et mon chat Tromboline, qui dort sur mon ventre en roucoulant. Ils vivent notre mode de consommation comme quelque chose d’insupportablement violent. Logiquement, ils le font savoir haut et fort. Vous vous tairiez, vous ? Perso, je mange Kiki le petit agneau. Mais si j’avais un peu de courage, je serais a minima végétarienne. Comme beaucoup d’entre vous, je ne veux pas savoir que des êtres doués de sensibilité sont élevés dans des conditions qui feraient que je casserais tout si on infligeait le dixième de ça à Tromboline. C’est plus confortable de se foutre des végans en postant une image de steak que de passer une heure dans un abattoir à voir comment il est produit. Après, chacun fait ce qu’il veut. Mais le prochain qui insulte un végan, je bouffe son chat et je mets la photo sur Twitter.

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