Des clics (et des claques)

© INGRID OTTO

 » Perso, je démonterais un mémoire qui avoue aussi ingénument prendre toutes ses données dans des organismes engagés « ,  » Visiblement vous êtes trop idiote, laissez-moi vous éclairer sur la question « ,  » Ce n’est peut-être pas le sujet mais vous feriez bien de vous éduquer un peu !  » Alors pourquoi, mais pourquoi ai-je parlé, sur Internet, du fait que j’ai passé l’été à écrire mon travail de fin d’études ? Peut-être parce que j’en avais marre de nettoyer mes carreaux et de changer les joints de la salle de bains, opérations urgentissimes quand on croule sous le boulot. Mais je n’ai pas attendu ces formidables outils de communication bienveillants que sont les réseaux sociaux pour expérimenter cette chose insupportable : les gens qui t’expliquent la vie. Et, pardon d’avance pour les âmes sensibles, dans un bon 95 % des cas : les hommes qui t’instruisent toi, femme. Un phénomène à ce point connu qu’il porte un nom, le mansplaining, soit la propension des hommes à expliquer aux femmes, de manière souvent condescendante, ce qu’elles savent déjà. Croyez-le ou non, aucune des personnes qui ont épilogué sur la manière de faire mon mémoire n’avait le moindre début d’idée intelligente sur le thème que je traitais. Mais néanmoins, tous se sont sentis autorisés à me dire que mon angle n’était pas pertinent, que je ne savais pas choisir mes sources et que de toute façon je racontais n’importe quoi. Quelques jours plus tard, je participais à un débat féministe. Ils ont été des dizaines à m’exposer comment organiser un tel événement et qui avait le droit de s’y exprimer. Et même à demander si les autres intervenantes avaient des enfants,  » question de représentativité « , comme si le fait que je n’en aie pas me disqualifiait d’office en tant qu’interlocutrice. Finalement, je n’ai suivi aucun des conseils qui m’avaient été prodigués par des inconnus. J’ai fait ce que je pensais devoir faire, parce que ce sont des domaines dans lesquels j’ai une expertise. J’ai obtenu la note de 17 pour mon TFE, le débat était super. Je suis sûre qu’il y a une leçon à en tirer, mais laquelle ?

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