Des clics (et des claques)

© INGRID OTTO

 » Je pense que ça va se faire naturellement (…) Petit à petit, une participation plus large des femmes à la direction des universités va apparaître « , raconte, sans sourciller, un dirigeant d’université francophone dans une interview apparue sur mon fil Facebook. Hahahahahahaha ! Pardon, c’est nerveux. Non mais attendez, dans quel monde exactement celles-ci ont obtenu quelque chose qui ressemble vaguement à l’égalité en attendant patiemment que ça se fasse ? Citez-moi une seule avancée qui est venue comme ça, toute seule, un matin, la bouche en coeur, avec de la myrrhe de l’or et de l’encens, en cadeau. C’est fascinant, quand même, ces types dont la légitimité n’est pas questionnée parce qu’ils sont des hommes et qui expliquent à la gent féminine que pour la sienne, tout doux, Roussette, ça va arriver, une chose à la fois, va pas te fouler une patte en allant trop vite. Ils pensent quoi, que la très flegmatique Olympe de Gouges s’est fait guillotiner parce qu’elle avait émis le souhait d’attendre que la Déclaration des droits de l’homme se féminise toute seule ? Que les premières filles de la classe ouvrière qui ont eu accès à une éducation de qualité, c’est grâce aux capacités de contemplation de Zoé de Gamond ? Que les suffragettes brodaient  » Le droit de vote, ça serait chouette, hihihi !  » sur des coussins ? Que les premières étudiantes de l’ULB ont gentiment fait la file ? Que si les dames ont obtenu, en 1922, le droit de s’inscrire au barreau, c’est parce que Marie Popelin s’est dit qu’il valait mieux un bon accord qu’un mauvais procès ? Non, elle l’a fait, en 1888. Et elle l’a perdu, deux fois même, le procureur général ayant estimé que la faiblesse naturelle de la femme et les exigences de la maternité n’étaient pas conciliables avec la profession d’avocat. Et le droit à l’avortement, on l’a chopé comment ? Grâce à notre légendaire placidité, peut-être ? Toutes les femmes le savent, et particulièrement celles qui ont dû s’imposer là où elles n’étaient pas a priori les bienvenues : la seule chose qu’on obtient en attendant patiemment, ce sont des escarres. Et ça sera sans moi, merci.

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