Des clics (et des claques) – Par Florence Hainaut

© INGRID OTTO

 » … « , m’écrit un inconnu sur Facebook. Bon, j’avoue, personne ne m’écrit rien sur Facebook. D’ailleurs, je ne relève même pas mes mails. Parfois, quand j’ai du réseau, que je trouve principalement en montant sur un rocher, pour peu que la chèvre à poils longs qui y dore me laisse y accéder, je lis mes SMS. Je suis sur une île des Cyclades, une petite poussière sur la carte de mer Egee sur laquelle la puissance du (rare) wi-fi est inversement proportionnelle à la volonté des chats d’ici de s’emparer de votre souvlaki encore intact. Une espèce de paradis perdu au milieu de nulle part, difficilement accessible, un bloc de quelques kilomètres carrés où il était a priori improbable que des humains décident d’y élire domicile et d’autres d’y dépenser leur pécule de vacances.

Sur Internet, personne ne me dit rien et je ne dis rien à personne. Entre deux siestes à l’ombre sur l’une des plages, tellement jolies qu’on s’attend à ce que l’office du tourisme grec vienne réajuster le décor photoshopé, j’observe les quelques campeurs sauvages qui côtoient des vieux locaux qui marinent, au zénith, immergés jusqu’au cou dans l’eau cristalline. De solides Bikinis gainants croisent des enfants dûment crémés, des grands brûlés estivaux emballés dans leur paréo et du naturisme de tout âge qui ne se regarde pas évoluer nu et se fout comme de sa première feuille de vigne de l’anatomie de son voisin. Pas de hashtag, de faux profil, de like, de clash et de commentaire acide. Que des humains sans fard. Des laids, des beaux, des durs, des mous, des gros touffus, des petits joufflus. Quand le bateau-navette arrive, pour pallier le manque d’embarcadère, une chaîne humaine se forme naturellement pour débarquer sacs à dos, paquets de bières et enfants. C’est un endroit sans compétition, sans filtre et sans réseau. Oufti que c’est bon.

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